Avant toute chose, je tiens à préciser que, comme « tout le monde », je suis à la fois scandalisé, en colère et profondément triste de ce qui s’est passé à la rédaction de Charlie Hebdo ce funeste jour du 7 janvier 2015. Ceci est un fait indiscutable.
Abstraction faite de mon désarroi personnel, je dois admettre que je suis quelque peu irrité par cette perpétuelle dénonciation des atteintes à la liberté de la presse ou de la liberté d’opinion, voire aux valeurs de la République.

fou

Au risque de paraître provocateur, je dirais que cela situe le débat au même niveau (ou en tout cas, à un niveau proche) que celui auquel veulent nous placer ces soi disant fous de dieu. Certes sur la tribune opposée, mais au même niveau. Je m’explique.

Les médias invoquent perpétuellement l’assassinat de douze personnes. Et de préciser que se trouvent parmi ces malheureux individus les personnalités tout à fait éminentes que sont Cabu, Wolinski, Charb, Tignous et l’économiste Bernard Maris. On dénombre également parmi les morts les deux policiers. Et c’est tout. Il me semble pourtant que le compte n’y est pas : douze morts mais sept (5 + 2 en réalité) dont il est effectivement fait état dans la grande majorité des articles sur la question. Il faut chercher un peu pour trouver les noms manquants : Elsa Cayat (psychiatre), Mustapha Ourrad (correcteur), Michel Renaud (« invité »), Frédéric Boisseau (agent de maintenance) et Honoré (dessinateur, peut-être moins connu ?).

Il y a là un premier indice : plutôt que d’en appeler au scandale d’un lâche assassinat de plusieurs personnes, on préfère en appeler à celui de la liberté de la presse, sur la base des noms des morts ayant la plus grande notoriété (notoriété justifiée, je le répète). Dit autrement, plutôt que de pleurer des individus (ce que l’on fait aussi, mais dans un deuxième temps), on pleure une atteinte à la liberté de la presse.

Or, la liberté de la presse, comme tout concept collectif, n’existe pas sans les individus. Les sociologues savent bien qu’un fait social (qui est une institution) comme peut l’être la liberté de la presse n’est que le produit des actions des individus : c’est parce qu’il existe plusieurs individus au talent certain et à la plume acerbe, qui décident de produire des caricatures, et que ces caricatures ne sont pas sanctionnées, que l’on peut parler de liberté de la presse.

Les médias et politiques (ou encore les enseignants avec leurs classes) invoquent donc des institutions (dont la fameuse « unité nationale ») pour légitimer notre peine. Mais ce faisant, on se positionne sur le terrain des terroristes. Car pourquoi ces deux (?) hommes ont-ils commis cet acte abominable ? Invoquer la folie est une réponse un peu courte. Il serait plus judicieux de dire qu’ils placent au-dessus de l’individu (y-compris sa capacité à penser et à vivre) l’idée d’un dieu supérieur. Si folie il y a, alors elle tient dans l’inversion des valeurs par rapport aux nôtres. Dans leur esprit formaté, ce n’est pas « mal » de tuer ceux qui manquent de respect à leur idée de ce qu’ils estiment être supérieur à la vie humaine, à savoir Allah et son prophète. Il s’agit d’un acte divin. Notre société laïque ne peut évidemment et heureusement pas tolérer ce raisonnement.

Pourtant, et là est notre contradiction occidentale, il n’y a pas de différence de nature entre la Religion (au nom de laquelle ils tuent) et la Liberté de la presse (au nom de laquelle nous pleurons). Chacune est le produit de croyances et convictions personnelles.

C’est pourquoi ce n’est pas l’atteinte à l’Institution qui devrait dicter notre peine, mais bien l’atteinte à l’individu (indépendamment de sa notoriété). C’est pourquoi également il convient de se battre pour la protection de l’individu, entité observable et « réelle », plutôt que pour d’hypothétiques institutions à l’existence incertaine (comme la Religion) ou fragile (comme la liberté de la presse) qui ne peuvent émerger et se perpétuer que par l’individu, son action, sa raison. Cela aurait le principal avantage d’éviter les dérives liées aux récupérations politiques et autres grandes idées affichées par ceux dont l’intérêt est de les défendre (ou de le faire croire).

Stéphane, Prof de SES.

15 réponses

  1. Je trouve que ces 2 analyses sont intéressantes car elles montrent qu’on est pas obligé de tous penser la même chose mais qu’il est possible de s’exprimer et d’échanger avec l’autre sans s’étriper… qui sait parfois cela peut enrichir et créer une nouvelle pensée !
    Pour compléter, j’entendais une analyse politique intéressante (un certain Monsieur Guénolé me semble-t-il) tout à l’heure à la radio (France Info) qui en substance disait qu’il était plutôt sain de ne pas tous être d’accord sur les grands choix politiques et de ne surtout pas compter naïvement sur un hypothétique idéal que serait l’unité nationale (qui est, ceci dit généralement associé à des régimes totalitaires). C’est un avis personnel mais je crois que certaines valeurs communes sont absolument nécessaires pour vivre en société mais reste à savoir quelle direction on prend pour les atteindre.

  2. Cela est rassurant, d’entendre parler un esprit raisonné, un individu. Car ces derniers jours, l’individu semble avoir disparu au profit de la masse, de l’unité nationale justement (et pas seulement). Et cela fait peur, car les mouvements de masse peuvent devenir dangereux. Je crois partager votre opinion concernant ce mode de fonctionnement qui n’est finalement pas très différent chez ces deux « parties », si l’en est vraiment…

  3. Je suis d’accord avec vous, les deux concepts ont en commun d’être des abstractions, mais la différence essentielle tient au renversement des valeurs qu’ils opèrent, ce qui est fondamental.
    En soulignant la filiation, je voulais seulement faire apparaître le risque de récupération politique, voire politicienne. Par exemple, je ne serais pas surpris que dans les semaines à venir, la popularité de notre chef de l’Etat remonte un peu. Ou encore : que penser de Nicolas Sarkozy tentant désespérément de « se faire une place sur la photo » ? Et de tous ces gens qui se disent solidaires d’une forme de presse qu’ils ont toujours détestée ?
    Du reste, si c’était le journal d’extrême droite « Minute » qui avait été attaqué, aurions-nous assisté à ce défilé au nom de la liberté de la presse avec pour slogan « Je suis Minute » ?
    C’est pourquoi j’aurais préféré que l’on parle de « rassemblement humain » plutôt que de « rassemblement républicain », la première expression étant à mon avis beaucoup moins équivoque que la deuxième.

  4. Cette analyse n’est vraiment pas au niveau de la situation et demeure assez floue.
    Dire qu’il n’y a pas de différence de nature entre la Religion et la Liberté de la presse est pour le moins curieux : non les deux ne procèdent pas de la même logique (celle, je cite, de la « conviction personnelle »). Et ce pour au moins deux raisons à mon avis.
    1 : La religion, de fait, comme phénomène observable, n’est pas réductible à une affaire de choix personnel. En tant qu’elle constitue une réalité structurant une communauté donnée, elle pèse aussi sur l’individu. Seule une vulgate libérale (au sens politique) pourrait faire croire que la croyance religieuse ne relève que d’un libre choix personnel éclairé. Et l’on pourrait d’ailleurs à ce sujet évoquer, à rebours de votre analyse, le concept sociologique de fait social total, dépassant les choix individuels. Donc (pour rejoindre le commentaire précédent), le lien que vous faites entre les deux concepts de religion et de liberté de la presse est vraiment très léger.
    2. Il s’agit bien de voir qu’à travers des individus (en effet), il s’agissait bien d’atteindre des symboles, contrairement à ce que vous laissez entendre. Ils sont faciles à nommer : la liberté (exécution de journalistes), la paix civile (exécution de policiers), la société politique, comme supérieure à la somme des communautés qui la composent (exécution de Juifs). Or il faut dire ici : non, ces symboles ne sont pas seulement des « convictions » individuelles. Ce sont des principes universels. Ils nous garantissent justement contre la tentation totalitaire procédant de la conviction identitaire. Ils nous permettent justement de pouvoir mettre nos convictions à distance pour en discuter ou les représenter. Dans une démocratie éclairée, on ne se contente pas d’exprimer ses convictions, on les mesure et on les discute afin de devenir un individu émancipé.
    Dire cela, et le dire à nos élèves, ce n’est pas se placer sur le terrain des terroristes, c’est tout le contraire. Car on peut supposer que, justement, les terroristes intégristes souhaiteraient bien tout ramener à un affrontement de convictions identitaires aveugles à l’altérité, dans l’abolition nihiliste de toute possibilité de représentation intellectuelle.
    La seule conclusion qui s’impose est que le travail des Lumières doit être repris et continué.
    Bonne journée.

    1. Je n’ai pas tellement envie d’entrer dans des débats stériles. Mon petit article visait seulement à exposer mon opinion, en essayant d’être le moins idéologue possible.

      Je vous rejoins sur l’idée que seule une « vulgate libérale » tout à fait primaire pourrait laisser supposer que les individus sont totalement libres et éclairés. Le vrai libéralisme, pour faire court, celui des Lumières, souligne au contraire que la raison de chacun doit être mobilisée au service d’une plus grande liberté, ce qui suppose (condition de la liberté) de s’affranchir de ses déterminations sociales et notamment religieuses.

      L’utilisation que vous faites du concept d’institution totale emprunté à Goffman pour qualifier la Religion me semble en revanche tout à fait critiquable. Si la religion était une institution totale, alors aucun changement d’itinéraire autre que celui donné par nos parents ne serait possible (un catholique par ses parents ne pourrait pas devenir athée ou se convertir à l’islam par exemple). Pour comprendre la notion d’institution totale, il aurait été très utile de regarder « Vol au-dessus d’un nid de coucou » diffusé hier soir (11 janvier) sur Arte. Dans le cas de la religion telle qu’elle se pratique en France par exemple, on en est loin.
      Par ailleurs, il est curieux que vous décriviez la religion comme phénomène observable. La seule chose observable, ce sont les comportements individuels dont on peut éventuellement déduire des façons de penser et de croire.
      Enfin, les débats sont d’abord l’expression de convictions individuelles, influencées par un stock sociocognitif et culturel préalable (ce que vous appelez des principes universels, comme si ceux-ci ne pouvaient pas évoluer), et qui effectivement, diminuent notre liberté.
      Je terminerai en disant que oui, religion et liberté de la presse sont des institutions, donc « naturellement » équivalentes : les terroristes ont voulu attaquer des symboles abstraits, mais ils ont d’abord attaqué des individus concrets.
      Cela ne me semble pas particulièrement flou ou pas au niveau.
      Bonne journée à vous.

    2. Bonjour,
      Merci de votre réponse, je comprends mieux votre propos. Il n’y a nul besoin de polémiquer pour rien effet. C’était une discussion, et de fait nous en avons aussi besoin. Vous avez raison de rappeler qu’il s’agit bien aussi de l’assassinat de personnes, je ne met pas en cause ce point et il est sans doute salutaire de le rappeler aussi.
      Je précise juste que je ne faisais pas allusion à l’institution totale de Goffman, mais au fait social total dans le sens de Mauss, c’est-à-dire une donnée indécomposable en choix rationnels individuels en faveur d’une conviction, et dans lequel une totalité de différentes dimensions sociales sont enchevêtrées. Cela dit, je ne nie pas que le rapport de l’individu à la religion puisse évoluer. De fait l’individu peut s’émanciper et doit pouvoir mettre à distance ses convictions, et accepter de les voir diversement représentées. C’est le travail des Lumières que j’évoquais, et visiblement nous nous rejoignons sur ce point.
      Quant à la religion comme phénomène observable, il s’agissait bien des comportements religieux et de leur dimension rituelle, etc. La « foi » ne s’observe pas, mais ce qui fait « plier la machine », pour paraphraser Pascal, le peut. Mais c’est un détail.
      Cela dit, je ne pense pas que des principes universels soient nécessairement figés ; précisément parce qu’ils s’adressent à tous. On peut supposer qu’ils sont et doivent être repris diversement selon le temps, et les événements de l’histoire. La liberté de la pensée est un de ces principes.
      Et pour rebondir sur le commentaire de Laila, je dirais qu’il semble que nous soyons sur la crête. Ou bien le 11 janvier nous conduit à terme vers l’idée d’une unité nationale identitaire, ce qui serait désastreux.
      Ou bien nous y voyons l’occasion historique de reprendre certains principes d’émancipation, en comprenant qu’il ne s’agit pas de célébrer une identité (« française » ou autre) mais bien l’émancipation des individus, notion qui dépasse l’identité nationale, et qui est aussi la tâche d’une société éclairée et de ses institutions.
      Ce qui suppose bien sûr que les individus qui les incarnent en prennent pleinement conscience.
      Bonne journée.

    3. Petit rappel pour dépasser les clivages religieux, en entrant dans la DIMENSION SPIRITUELLE qui peut réconcilier toutes les idéologies constructives. Dans le contexte des trois monothéismes que je connais assez, Judaïsme, Christianisme, Islam, le choix d’une religion est un choix libre dans son expérience de vie ou devant l’offre des livres de référence (Torah, Bible, Coran) : le citoyen peut dire <> (nuance importante, le citoyen, ne peut pas dire << je VEUX croire, je ne veux pas croire) cela n’est pas une volonté humaine mais un don de l’esprit et cela s'appelle LA FOI [toujours très personnelle, même quand elle est politique : <> = PROMESSE, belle expression d’ ENGAGEMENT citoyen qui malheureusement se révèle souvent ensuite comme un simple mensonge électoral]. Mais la foi religieuse du croyant – sentiment intime – doit être distinguée de l’endoctrinement et des diverses théologies qui se heurtent pour tenter de définir DIEU, de le représenter ou de ne pas les représenter (souvenons-nous des ravages culturels des iconoclastes, aujourd’hui nous respectons l’art religieux qui est patrimonial, et nous déplorons la destruction des statues de Bouddha) : là est donc la première liberté d’expression illustrant LA TOLERANCE. Par ailleurs, dans la foi religieuse, il n’est pas question d’adhésion rationnelle, il est question de sentir et de voir qu’en l’homme tout n’est pas rationnel, c’est à dire que tout n’est pas explicable par la seule raison, par l’intellect, par le savoir savant accumulé par l’humanité. Il est question de comprendre les causes et les objectifs des croyants. Cause : expérience spirituelle d’un juste, d’un vrai, d’un bon, d’un beau. Conséquence ou Objectif : participer à la souhaitable orientation du monde, contribuer par des moyens pacifiques spirituels à la stabilité du monde : écoute, méditation, contemplation, prière, réciprocité, partage… ; autant d’actions de retrait et d’implication pour laisser dans le temps SE MANIFESTER la faculté de DISCERNER, dans l’espérance qui ouvre sur d’autres possibles, et dans la certitude que l’homme ne maîtrise pas l’avenir; tout juste peut-il en repérer les orientations, en définir des priorités, en assumer des responsabilités. Mais la foi religieuse – et aussi la foi scientifique ! – restent modestes et prudentes quant à la prétention humaine de vouloir tout faire seul et seulement par soi-même. Que la foi médiatique, la foi éducative, la foi politique imitent ces VERTUS !

    4. La science se passe très bien de la foi.
      S’agit-il d’un prêche ?
      Vous semblez faire de la religion le seul modèle de spiritualité possible.

  5. C’est un peu facile à mon avis de renvoyer dos à dos ces deux concepts parce qu’ils reposent sur des convictions différentes : elles ne sont pas équivalentes. Si le fanatisme religieux peut aller jusqu’à légitimer le meurtre puisqu’il se place au-dessus du respect de l’individu, ce n’est pas le cas de la liberté de la presse et des principes de liberté qui fondent les démocraties. Différence essentielle, ne trouvez-vous pas ?

    1. Mais… il existe différentes manières de tuer, de détruire une (des) personne(s) : physiquement (explosifs ou fusillade contre des journalistes, des caricaturistes, des policiers, des otages.. des villages entiers en Afrique subsaharienne – Est-ce que nous nous en soucions autant ? – ), psychiquement par harcèlements de toutes sortes (discours d’endoctrinement intégristes, fondamentalistes, menaces sexuelles ou/et terroristes…), moralement par jugements qui excluent, marginalisent ou mettent en quarantaine… etc… dans toutes les MANOEUVRES des dominateurs et autres volontés de puissance sur l’opinion publique. Dimanche 11/01/2015, nous avons vu une pancarte de marcheur qui justifie encore la si juste analyse de Stéphane, prof de SES, elle affichait ce slogan faux pour le nombre de morts car très idéologiquement orienté sur les noms des caricaturistes ainsi désignés et pleurés : « Soldes : 4 vies pour 1euro ! ». Alors toute entreprise polémique est-elle louable (selon les moments, les parties concernées, les diplomaties en cours…) ? Ce qui repose la question de la RESPONSABILITE CONJOINTE des medias et de la formation du peuple à l’analyse des images. Par ailleurs, reste à savoir si LA LIBERTE d’expression est absolue ou sans limite, si la polémique s’appuyant sur la satire (donc sur ses outils que sont la déformation et le détournement des images par les arts de l’image, exemple la caricature) ou sur le cynisme, peut/doit être régulé dans une démocratie , ou bien si la conviction du droit à l’expression autorise n’importe quel débordement ou dérèglement par rapport à la FRATERNITE DE LA DEVISE REPUBLICAINE FRANCAISE, par exemple le RESPECT mutuel entre Français d’abord, notamment envers ceux qui adhèrent à des croyances religieuses qui relancent et cultivent des VALEURS UNIVERSELLES, comme les trois monothéismes méditerranéens, au premier rang desquelles figure le SENS DE LA VIE HUMAINE, le SENS DE L’ALTERITE contre l’excès d’individualisme qui annule le lien social et leurs multiples prises en compte dans les débats citoyens pour contribuer aux décisions politiques. Il était à prévoir que LA UNE de Charlie Hebdo, du 14-01-2015, après cet attentat, ne soit pas comprise par un large public, aussi bien en France qu’à l’étranger, et cela en raison de l’ignorance du fonctionnement du RIRE. Dans le contexte de l’après attentat, une LECTURE NON – IDEOLOGIQUE de cette Une peut ne pas se faire. Pourtant, cette Une manifeste la volonté de faire distinguer aux lecteurs d’un côté une REPRESENTATION HUMAINE du prophète (il pleure les journalistes morts) et une déclaration fraternelle des Musulmans, avec un clin d’œil au Judéo – Christianisme qui prêchent le pardon pour les coupables de meurtre, de l’autre côté des REPRESENTATIONS PERVERTIES antérieurement publiées pour montrer comment les islamistes déforment le prophète (sans ironie ni humour, avec mauvaise intention) en faisant de lui un masque ou un bouclier guerrier dangereux, en prêtant au prophète leurs propres sentiments de haine – (schizophrénie qui projette sur l’autre ce que l’on est soi-même) . Concrètement, pourrions- nous nous interroger sur la manière dont nous sommes perçus par l’ensemble des Français, afin de reconstruire le lien social abîmé ou négligé ? D’ailleurs les terroristes islamistes sont-ils les seuls à MANIPULER par les émotions ? Et comment s’armer pour RESISTER à ces manipulations ? Permettez donc que je conseille, en autres, ces deux livres complémentaires, par rapport à l’emprise des médias et leurs emplois par les politiques : Pierre le Coz, Le gouvernement des émotions… et l’art de déjouer les manipulations, chez Albin Michel, sep 2014 ; Normand Baillargeon, Petit cours d’autodéfense intellectuelle, chez Lux, 18ème réimpression depuis 2005.

    2. La limite de la liberté d’expression est déjà fixée par la loi, ainsi que par les articles 10 et 11 de la Déclaration des droits de l’Homme de 1789.
      De plus rappelons que que le blasphème n’est pas reconnu comme un délit par la loi. Il ne constitue en tant que tel ni un débordement ni un dérèglement, et il n’a de sens que pour le croyant.
      Sous prétexte de bons sentiments, notre société ne peut intérioriser le délit de blasphème sans ouvrir aussitôt la porte à un obscurantisme larvé.
      Il faut éduquer les croyants à comprendre la relativité de cette notion de blasphème, qui moque une opinion sans empêcher le croyant de croire. Réciproquement, le croyant n’a pas à empêcher l’athée de penser et d’être athée. Le corollaire est qu’il est donc possible de moquer les dieux de toutes les religions, tant que l’intégrité du croyant dans sa pratique n’est pas inquiétée.
      Enfin, on peut certes voir dans les monothéismes abrahamiques un élément de civilisation, mais il faut également admettre qu’il s’agit là d’une opinion parmi d’autres. On peut aussi bien soutenir que ces monothéismes portent en eux des commandements bellicistes et des tendances impérialistes. C’est donc une question de point de vue, notamment historique et philosophique. Les monothéismes ne sont pas par définition ouverture à altérite et à la réflexion. Par exemple, la notion de guerre sainte est présente dans chacune de ces religions, et n’est pas nécessairement interprétable en termes métaphoriques (comme effort contre soi, etc.). Tout ça pour dire qu’il est possible d’interpréter différemment le sens des textes religieux. A commencer par leur dimension sacrée.
      Donc : il doit également être possible de blasphémer.

    3. Je me permettrais enfin d’ajouter que la religion n’est qu’un phénomène culturel parmi d’autres.
      Un enfant naît sans religion.
      Elle lui est toujours inculquée par une culture donnée.
      Or les cultures sont plurielles. Et de même pour les religions.
      Par conséquent, on peut éduquer à la réflexion et à l’altérité sans passer par une religion.
      Regarder le ciel et à connaître par la raison qu’il ouvre sur des milliards de milliards de galaxies, qui contiennent des milliards de milliards de soleils, reconnaître la beauté de cet infini, et la relativité de nos signes et de nos livres, et que cette vie terrestre est précieuse parce que fugace : c’est une morale non moins valable pour un enfant.

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