17 heures, la quille. Le printemps est là. Les gens flânent, s’attardant aux terrasses des cafés. C’est tentant. Une image vient troubler toutefois ce tableau idyllique. Ce fichu paquet de copies qui traîne sur le bureau depuis quelques jours déjà et qui est à rendre demain matin dès la première heure. Dilemme. Deux heures de correction au minimum. Tant qu’à faire, autant le faire bien. Mais des interrogations. Les élèves sont impatients de découvrir leur note. Pour beaucoup, elle seule compte. Peu importent les remarques, pas toujours lues. À quoi bon alors passer du temps à annoter, souligner, détailler ? Comment faire pour que cette évaluation ne se réduise pas à une simple note chiffrée qui va s’ajouter à d’autres ? Évaluer comment, pour qui, dans quel but ?

Copies

L’évaluation sans notes, un vrai-faux débat

La question a fait la Une de l’actualité il y a quelques temps. Avancées, reculades, concertations et débats enflammés dans le cadre des conseils pédagogiques, harmonisation ou pas entre cycles, entre collège et écoles primaires du secteur. Enquêtes diverses et variées, relayées par les médias. Tout le monde a donné son avis. Les arguments des uns et des autres sont louables … « ça ne les fera pas bosser plus » ou « ça les stressera moins » ; « ça nous donne plus de boulot » ou « usines à cases, usines à gaz »…

Et si c’était un faux débat et que l’essentiel était ailleurs que de choisir entre une note, un point orange ou vert, un smiley triste ou enjoué ? Si la vraie question était celle de nos pratiques d’évaluation ? La note chiffrée est-elle un problème si on évalue par compétences ?

Evaluer par compétences, un enjeu essentiel

On évalue pour enseigner et pour apprendre. On n’enseigne pas pour évaluer. L’évaluation est une étape dans les acquisitions. Évaluer par compétences, c’est être plus lisible, davantage explicite. C’est cibler des acquisitions précises et établir une progressivité dans les apprentissages. C’est fixer des objectifs simples et fournir des critères précis. C’est renseigner élèves et parents sur ce qu’on fait, ce qu’on attend d’eux, ce vers quoi on tend. On y gagne en lisibilité et en clarté. On est plus performant pour dresser un diagnostic précis des acquis. À condition d’être cohérent et explicite dans nos critères. De traduire nos attentes en langage élève, adapté et compréhensible par tous. Les élèves s’y retrouvent aussi. Ils sont partie prenante dans la construction des apprentissages. Ils n’en restent pas à la note mais essayent de comprendre le pourquoi de cette note. Mais alors, concrètement ?

Quelques expériences menées en classe

La fiche d’autoévaluation distribuée en début de séquence

Un outil qui fait ses preuves !

Elle rassure, cible l’essentiel, met le doigt sur les savoirs et les savoir-faire à acquérir. Elle permet d’évaluer sans piéger. Elle est un outil pour apprendre et s’autoévaluer. Elle sert éventuellement aux parents pour suivre et aider leur enfant. Elle est un support aux Troisièmes en vue des révisions du Brevet. Plusieurs formules sont envisageables : version clé en main, fiche à compléter au cours des séances. Intéressant aussi au fil de l’année de la faire réaliser par les élèves eux-mêmes.

Un exemple de fiche ici transposable à toute autre discipline

La reprise d’une évaluation en classe

La question clé est de savoir comment en faire un moment d’apprentissage.

Corriger l’intégralité d’un devoir s’avère chronophage et peu utile. À quoi bon corriger tout seul au tableau en donnant une réponse-type à un public passif ? Envoyer alors un élève seul au tableau mais que font les autres en attendant ? Pour avoir testé, l’impact est très limité et peu constructif en terme de remédiation. L’échange de copies a son intérêt par contre entre élèves complémentaires. La correction croisée est formatrice (repérer ce qui va, ce qui ne va pas et refaire une bonne copie à deux et avec les deux devoirs par exemple). Le travail en groupe a ses vertus également : chaque groupe constitué de quatre élèves reçoit quatre copies qui ne sont pas les leurs ; en vingt minutes, chacun discute, revérifie, sollicite le prof si besoin, distribue des points, annote et donne des conseils. Chacun est actif, acteur. Il complète une fiche d’évaluation qu’il remet avec la copie à son propriétaire. Ce dernier a jusqu’à la séance suivante pour contester éventuellement la correction et argumenter s’il veut voir la note évoluer. Autre intérêt de ce système ? Le prof ne corrige plus les copies … alors ?

Un exemple d’évaluation et de la fiche de correction – élève

Définir ensemble les critères d’évaluation

… pour mieux se les approprier.

C’est un processus long mais intéressant à mettre en œuvre. Quels critères retenir par exemple pour évaluer un passage à l’oral lors d’un exposé individuel ? La question est lancée. Chacun note au brouillon. On mutualise au tableau. On discute. On hiérarchise. On attribue des points à chaque critère. Le résultat est finalisé sur une fiche qui servira de support durant toute l’année et pour chaque exposé réalisé devant la classe. Ce sont les pairs qui évalueront leur camarade d’après les critères retenus et formulés par eux-mêmes.

Fiche d’évaluation d’un exposé oral

Quelques ressources pour aller plus loin

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Une chronique d’Agnès Pleutin

Une réponse

  1. Le logiciel AZquiz permet d’évaluer en direct ou en différé une classe à l’aide d’outils numériques divers (pc, tablettes, smartphones). Il supprime le travail de correction pour mieux se concentrer sur la remédiation…

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