si tu devais me dessiner l'univers

La critique objet de chronique 

Si tu devais me dessiner l’Univers50 questions sur l’Univers, la matière, les chercheurs pour le primaire

Un ouvrage de Sandrine Saison-Marsollier, Corinne Pralavorio, Michel Spiro et Marc Goldberg aux éditions Le Pommier

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Dessiner l’Univers… Tiens donc… L’Univers en dessin ? …

Voilà, ma curiosité naissante avait en un quart de tour envahi mon cerveau d’instit et je ne pouvais pas en rester là… Un curieux « Big Bang cervical » m’indiquait qu’il me fallait en savoir plus, en connaître davantage sur ce livre !

« 50 questions sur l’Univers, la matière, les chercheurs pour le primaire » : j’approche un peu plus encore, cela devient plus qu’intéressant, je me sens doublement concernée désormais. Vais-je enfin pouvoir trouver des réponses, des éclairages sur le mystère de l’Univers ? Et vais-je trouver les bons mots pour partager ces découvertes avec mes élèves ?

Et cette première de couverture qui m’explose à la figure ne me laisse pas une seconde de plus sans ouvrir ce curieux ouvrage :

« Big Bang, trou noir, atomes, particules, super Nova… »

des mots me percutent à chaque tour de page… Ça s’annonce plutôt bien. J’entraperçois la lumière de la connaissance…

Je prends le temps de m’asseoir et commence à lire, enfin, par le début.

Bien que ce ne soit pas le sujet du débat, je m’interpelle sur la manière dont le CERN a réussi à choisir ses illustrations parmi les 500 dessins proposés (pour un concours) par des élèves de 8 à 11 ans…

« Ce livre est le fruit de ce cheminement artistique et scientifique »

Je confirme.

Présenté en 3 parties – L’Univers, – La matière puis – Les chercheurs, ce livre est un délice pour les yeux : à chaque question scientifique qui titre une page, un dessin d’enfant fait une singulière illustration. J’aime cette vision simplifiée ou enfantine car elle est parfois bien plus accessible qu’une longue explication scientifique. C’est également un excellent « produit d’appel » pour entrer dans un ouvrage.

S’ ensuit un petit paragraphe qui tente de manière courte d’éclairer nos lanternes en réponse aux questions : Qu’y a-t-il à l’intérieur d’un trou noir ? Pourquoi le soleil est chaud ? D’où viennent les premières particules ? Les chercheurs prennent-ils des vacances ?…

Une citation aux époques et auteurs des plus variés termine en caractères italiques la page pour contenter les plus poètes, littéraires ou rêveurs d’entre nous : Baudelaire, Théophile Gautier, Jacques Réda…

Mais comment parvenir à expliquer simplement aux enfants la complexité de l’Univers si les mots qui l’expliquent renferment eux-mêmes une multitude de termes complexes ?

Mon fils Robin, 10 ans, vient justement de s’asseoir à mes côtés alors que je parcours sans relâche ce nouveau livre. Intrigué par les images, il me demande de quoi il s’agit. Sans hésiter, je saisis cette opportunité pour partager avec lui cette découverte et tester le pouvoir d’attraction de l’ouvrage.

Malgré la critique automatique de mon garçon, attendue à cet âge, quant à la finition des dessins ou au choix « colographiques » des enfants illustrateurs, il est certain que les illustrations du livre l’interpellent. Il montre alors un intérêt plus poussé et tente la lecture du premier paragraphe : « Qu’est-ce que le Big Bang ? ».

Pensant être sauvée, j’attends la fin de sa lecture mais à la fin de ces neuf lignes, il m’interpelle : « Ça veut dire quoi ? »…

Et là, pour moi, c’est le trou noir, le néant

Ce livre, présenté comme un ouvrage simplifié, me semble soudain désappointant : je me trouve poussée dans le vide de mes connaissances face à un enfant qui ne demande qu’à comprendre et qui attend une « traduction » d’un livre censé répondre à ses propres questions.

Alors je lis et relis le paragraphe et percute contre les mots : « expansion », « dense », « condensée »… Il me faut trouver des termes pour expliquer l’explication.

Je ne sais par quelle pirouette miraculeuse je décide alors de lui imager le Big Bang : imagine dans une même pièce un ensemble de personnes collées les unes aux autres. Elles dégagent bien plus de chaleur que ces mêmes personnes disposées aux quatre coins de la pièce… À force même de se serrer de trop, elles se bousculent, s’écrasent les pieds, se blessent et cela finit par exploser… C’est ça le Big Bang : un petit point tout serré de plein de matière qui a fini par exploser… et qui a donné naissance à l’Univers avec ses planètes et ses étoiles.

Certains scientifiques se tireraient les cheveux à lire mon explication, mais j’estime ne pas m’en être trop mal tirée avec Robin car à la page suivante, après avoir regardé le dessin il m’a demandé : «Tu peux lire et m’expliquer ? »

Qu’y avait-il avant le Big Bang ?… Aïe ma tête est vide, mais heureusement je lis :

« Le vide, pour les physiciens, n’est pas « rien ». Il est rempli de virtualités, une sorte de réalité virtuelle. »

Ouf !

Un livre donc merveilleux par la dense richesse de savoirs qu’il contient, mais qui reste encore difficilement accessible aux jeunes enfants du primaire si ce n’est par le dessin. À moins de se transformer en interprète acrobate funambule de dernière minute, il ne semble pas judicieux d’utiliser les paragraphes explicatifs avant le collège.

En milieu collège ou lycée, cet ouvrage trouvera plus facilement sa place auprès de jeunes un peu plus habitués aux rayons « astronomie, biologie et philosophie ».

Quant à moi, il m’a permis une petite révision éclair et m’a donné envie à mon tour de dessiner l’Univers…

Une lecture de Claire Maurage

Merci à Sandrine Saison-Marsollier, Corinne Pralavorio, Michel Spiro et Marc Goldberg, les auteurs de Si tu devais me dessiner l’Univers pour m’avoir donné l’occasion d’exercer mon premier essai de chronique critique autour de leur ouvrage. (Éditions le Pommier 2015)

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