« Je n’arrive plus à écrire. »

Aucune idée, pas d’inspiration. C’est le vide intersidéral dans mon esprit depuis cette terrible nuit.

Pourtant, j’ai l’habitude de mettre des mots sur mes émotions, je suis une fervente adepte de la petite phrase, du trait d’esprit qui fait mouche.

Pourtant, je me fais fort de rire aux éclats, de danser, de vivre enfin, puisque c’est le seul moyen de combattre cette barbarie. Écrire, en revanche, m’est devenu difficile.

Réfléchir au sujet qui vous intéressera, vous, lecteurs, j’adore ça. Parler de mon métier, de mes élèves si drôles et intéressants, de mes collègues si surprenants, c’est mon plaisir. Mais aujourd’hui, impossible de combler les blancs de cette page immense, hormis en évoquant cette angoisse de la page blanche.

L'angoisse de la page blanche

« Madame, je n’ai pas d’imagination… pas d’inspiration. » « Je n’y arrive pas, je ne trouve pas. » Ces mots, qui traduisent une certaine angoisse devant le fait même d’écrire, je les entends souvent lors des ateliers d’écriture qui finalisent chaque séance. Certains de mes élèves ont peur… Peur de ne pas pouvoir écrire un texte « à la hauteur de mes/leurs attentes » ? Peur de livrer un bout de leur intimité, de leur personnalité, d’être découvert ? Peur de ce que les autres pourraient penser ?

Écrire, c’est se mettre à nu

Comment alors les rassurer ? Comment déclencher l’écriture ? Comment susciter le plaisir d’écrire chez nos élèves angoissés par la page blanche ?

Voici donc quelques déclencheurs d’écriture qui peuvent permettre de rassurer ces élèves qui sous-estiment leur capacité créatrice.

Une évidence tout d’abord : écrire souvent. Ce fut le credo de mon ancien inspecteur de lettres, homme éclairé qui avait (encore et toujours) raison. Écrire devrait être une habitude pour nos élèves. Ce qu’on connaît, ce qu’on a déjà apprivoisé, on ne peut en avoir peur ! Sur mon ordonnance personnelle, je prescris un « atelier d’écriture » à chaque fin de séance. Écrire peu, mais souvent, en privilégiant les sujets d’imagination, afin d’exercer l’esprit.

Moins commun, mais logique lorsqu’on enseigne à de jeunes élèves (primaire/collège) : jouer en écrivant, écrivant en jouant, bref, intégrer le jeu dans l’écriture. Et là, les idées ne manquent pas : cadavres exquis, alphabets, jeux de mots divers et variés peuvent favoriser l’expression poétique. Réécritures et parodies permettent d’avoir un support rassurant.

J’ajoute à ma prescription le « tirage au sort ». Je le pratique régulièrement. C’est une forme d’écriture à contrainte qui ne bride pas pour autant l’imagination. Je fais tirer au sort un personnage, un lieu, un objet, etc. à intégrer au sujet proposé. Et la vision de mes élèves, stressés à l’idée de piocher « la contrainte la plus difficile » puis enjoués (ou déçus cela arrive), leur bout de papier à la main, m’amuse à chaque coup.

Toujours dans l’idée d’offrir un support rassurant : écrire à partir d’une image, fixe ou animée, d’une musique, ou tout autre forme artistique… La difficulté étant de trouver LE BON support qui saura les intéresser, les encourager. Je choisis souvent des supports « modernes » qui « parlent » davantage aux élèves.

Enfin, il est souvent utile de donner aux élèves angoissés par la page blanche quelques mots, voire une phrase-exemple, par laquelle ils pourraient débuter, qu’ils choisissent ou non de s’en servir.

Dernière prescription sur mon ordonnance rédactionnelle : à deux c’est toujours mieux. L’écriture en binôme, ou même collective, est un moyen d’impliquer l’élève angoissé, car l’ampleur de la tâche lui fait sans doute moins peur. En revanche, il faudrait s’assurer que chacun donne à part égale… ce qui est moins aisé !

Quelques pistes donc qui auront au moins permis de combler MA page blanche cette fois-ci. En espérant retrouver bientôt le goût des mots bien placés et la plume bien affûtée.

Une chronique de Marine Vendrisse

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