Rêve ou réalité ?

realité augmentée

J’ai donné des devoirs dans mon monde virtuel et on s’est retrouvés dans mon espace classe où les élèves ont interagi pour résoudre un problème. Mon cours se décline d’écran en écran et les élèves essaient de trouver une solution au problème que je leur ai posé. Mon personnage est instantanément créé à partir de ma photo de profil et il évolue au gré de mes flèches de clavier. Je peux me prendre en selfie et le poster sur mes réseaux sociaux. Tout ça sans casque en réalité augmentée.

On y est

C’est le défi que s’est lancée une start-up des Hauts de France et qui vous permet en deux clics de créer un monde virtuel et d’y inviter qui vous voulez. Le slogan : « show your life with emotion« . Étonnant les émotions dans un monde qui n’en génère pas.

On passe en mode multivies. Finies les rides, le temps qui passe, on devient immortel. Génial.

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Les réseaux sociaux

Si on réfléchit bien, ça fait un moment qu’on a plus qu’une vie. Une photo, un profil, on a une autre image que celle du professeur en classe. Pas facile d’ailleurs à accepter pour les élèves qui s’étonnent de vous voir avec des followers.  « Zêtes sûrs, vous les avez pas payés ? » Quelle drôle d’idée de suivre un prof ? À la trace… de craie ?

Quand je m’y suite inscrite sur Twitter en 2009, je me demandais bien aussi à quoi cela allait me servir de « suivre » des gens. J’avais négligé l’aspect essentiel de ce réseau social. Savoir ce que les gens pensent à distance. Pas comme sur Facebook où les gens essaient de vous convaincre que la vie qu’ils mènent est parfaite. Sur Twitter, quand on se tient loin des pugilats dans les bains de boue, on apprend tous les jours. J’ai choisi de ne garder que le bon sur Twitter. C’est comme ça que j’ai entendu parler de Beloola, ce monde virtuel, grâce à une collègue. Ça rappelle Second life, mais vous restez maître de cet espace. Côté pratique, vous pouvez mettre un vidéo sur un des panneaux et demander à vos élèves de commenter. J’ai bien une idée pour rendre cet endroit utile en classe, mais il faudra y travailler.

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Même principe pour cet autre monde virtuel: EDORBLE. Aussi découvert grâce à une collègue que j’ai rencontrée dans un monde qui n’existe pas. Troublant.

Les rencontres peuvent être riches et surprenantes et les liens qu’on développe virtuellement deviennent souvent réels. Un vent amer souffle ces temps-ci sur Twitter et nombre de professeurs se twittinvectivent. Pas sûre que ce soit le meilleur endroit pour régler ses comptes. Comme on s’insurge quand les élèves se maltraitent sur les réseaux sociaux, on ne devrait pas mélanger les genres. Même si on a un pseudo les tweets restent publics. Au diable donc les twittirrités et vive la twictée. Au bout de ce lien un webinaire et aussi un témoignage d’une collègue. Quel travail impressionnant et d’interactions avec d’autres classes, chapeau. D’ailleurs utiliser Twitter n’interdit pas les fameuses étiquettes qui aident à la lecture, tant mieux.

Et l’ENT, chaud bouillant comme le TNT ?

Étonnant d’ailleurs qu’on n’ait pas encore d’avatar sur l’ENT car si on y réfléchit c’est aussi un réseau. Un professeur relié à ses classes qui communique à ses élèves via le cahier de textes. La parole numérique devient parole d’évangile. « Comment ? Vous ne savez pas qu’il y avait des devoirs ? Pourtant je les avais notés sur l’ENT ».

Avez-vous remarqué d’ailleurs que de moins en moins d’élèves ont des cahier de textes et sortent leur portable ? Il n’y a pas plus paresseux que celui qui ne veut pas lire. Quels supers powers avec l’ENT d’ailleurs. On peut y envoyer des sondages, des QCM demander aux élèves qu’ils nous répondent via un forum bref un réseau social mais sans le fun, parce qu’il faut bosser.

Les mondes mélangés

Notre classe c’est un monde virtuel aussi. Elle n’existe que pendant un an, avec vous et vos élèves.  On y impose un dress code, un règlement intérieur, une discipline et dès que ça sonne, les élèves remettent leurs casquettes, leurs foulards, ressortent les téléphones qu’ils avaient sur leurs genoux ou dans leurs sacs à main sur la table, et reprennent leurs vraies vies. On y suspend le cours du temps, on y bannit les discussions politiques et citoyennes, les discordes et on oblige les élèves à parler en Anglais comme si de rien n’était.

On fait le maximum pour que leur monde reste déconnecté et en particulier pendant les bacs blancs. On évite les sujets donnés sinon on se retrouve avec des copies clonées, pompées sur Internet. Un Smartphone c’est fin, et ça se cache sans mal entre deux feuilles.

Gratuit Internet ?

Pour les élèves tout ce qui est sur le Net est gratuit. Films, chansons jeux et si ça ne se télécharge pas ça se craque. Tout pour ne pas payer. C’est quoi la propriété intellectuelle ? On s’en fout.

Pourtant même Windows 10 est gratuit. Oui mais ils nous espionnent même quand on a désactivé son micro et sa webcam. Pourtant Microsoft office c’est gratuit. Oui mais ce n’est pas de la magie.

Alors tricher ça ne peut pas faire de mal. L’info est là disponible, prête à être recopiée. Du coup, on se demande comment évaluer le travail des élèves ? Leur donner un vrai faux sujet de bac, est-ce utile sachant qu’avec toutes ces montres connectées, on n’a pas fini.

C’est ça le futur ?

Maitre_d'école_alsacien[1]Pour participer quand on le décide à une conversation qui démarre de façon prévue ou non, on peut le faire sur ce nouveau site entre autres.

Mais il faut dire que n’y suis pas très à l’aise dans ces nouveaux mondes virtuels où peut évoluer ma version améliorée. Je ne sais pas si ce sourire figé correspond à toutes mes humeurs. Le sol lisse sur lequel je fais mine de marcher me semble peu sûr et peut être traître. Nous sommes à un moment de transition, on le sent bien, à un moment de changement et il nous faut décider du bon chemin.

Pas facile à vivre tous les jours. Nous revoilà confrontés à des questions d’identité.

C’était plus aisé quand le prof portait une blouse. Au moins, il pouvait la retirer en sortant de classe et reprendre sa vie.

Une chronique d’Amélie Silvert

 

4 réponses

  1. Bonjour Amélie : moi aussi je vis dans un monde de plus en plus virtuel : un prof qui n’est ni sur Facebook, ni sur Twitter, ni sur aucun monde virtuel !! et – ô stupeur ! – pas de smartphone non plus. !
    Le numérique je l’utilise chez moi sur mon ordinateur, et ça me convient très bien comme ça.
    Nous n’avons pas d’ENT, et le cahier de textes papier pour les élèves, ça marche très bien. Je ne suis pas du tout technophobe, mais peu convaincu qu’une tablette ou que le numérique soit un progrès en soi, ce n’est qu’un outil.

    1. Bonjour Jean-Baptiste,
      merci pour ce commentaire.
      Vous avez très bien vu, le numérique ce n’est qu’un outil. Ce qui est formidable, c’est que ça rassemble les gens. Etre connecté ça ne marche que si on partage. Dans le premier degré, le partage est un état d’esprit magnifié par le numérique. Du coup les bons documents, les bonnes progressions, les bons cours se trouvent à disposition, gratuits. Il ne faut pas tuer l’élan. Utiliser ce qui marche, en préservant l’humain.

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