L’âge de l’insouciance et des rêves

perso_imaginaire

Les personnages imaginaires, vous voyez certainement de quoi je parle. Vous savez, le Père Noël, Saint Nicolas, le père Fouettard, la petite souris, le lapin de Pâques et la cloche qui ont encore fait parler d’eux il n’y a pas si longtemps. Cette chronique s’adresse à mes collègues de maternelle et jusqu’à mes collègues de CE2 car oui, certains de nos élèves ont beau être déjà grands, ils croient encore à certains de ces personnages imaginaires et grand bien leur fasse.

cloches-de-paquesdent_jpg_640x860_q85saint-nicolas-bebe-garion

Vous avez certainement déjà été confrontés à la problématique suivante :

Dois-je être un exemple de rationalisme, de vérité et de laïcité ou dois-je entretenir le mythe des personnages imaginaires auprès de mes élèves ?

Pour ma part j’ai trouvé un consensus qui se trouve à la frontière de ces deux opposés.

Le fameux ni-ni.

En effet je ne nie pas l’existence de ces personnages imaginaires et je ne la certifie pas non plus.

Paques_5Je les laisse à leur place, c’est-à-dire dans l’imaginaire de mes élèves. Généralement, quand on me pose la question, je réponds droit dans mes bottes (que je n’ai pas contrairement au bon vieux Santa Claus) : « Chacun est libre de croire ou de ne pas croire à tel ou tel personnage ! »

 

pere-noelDe là, parfois des remarques acerbes fusent. « Mais Monsieur, les cadeaux de Noël, ce sont les parents ! »

« Et comment un traîneau pourrait-il contenir tant de cadeaux et en plus voler tiré par des rennes magiques dans les airs ? »

« Mais Monsieur la petite souris d’où elle sortirait tout cet argent et que ferait-elle de toutes ces dents ? »

« Enfin Monsieur la cloche reviendrait de Rome donner les œufs ? Et pourquoi des œufs ? »

Sans me démonter, je réplique que nul ne peut savoir puisque personne n’a le don d’ubiquité, on ne peut donc pas savoir où se trouvait à tel moment précis le Père Noël ou les parents puisque chacun est dans son lit ou à table (pour la veillée de Noël), de même pour la petite souris comment les parents feraient-ils pour ne pas vous réveiller avec la vigilance dont vous faites preuve.

En fait j’essaye de ne pas briser la magie et l’imaginaire que suscitent ces personnages imaginaires car mes élèves en ont besoin pour se construire et grandir tout simplement.

Alors pourquoi les laisser croire ?

one person helps another to climb up on the green arrow. 3d image. Isolated white background.

Les personnages imaginaires ont un rôle prépondérant dans le développement et la maturité des enfants. Pour grandir et se construire ils ont besoin d’avoir ces repères aussi irrationnels soient-ils.

En effet l’imaginaire et l’irréel leur permettent de sortir de la réalité (qui n’est pas toujours aussi rose et gaie). Ils autorisent une évasion du monde réel, celui des adultes. (Ce n’est d’ailleurs que pour les adultes que se pose au début la question de la normalité.)

Ces personnages imaginaires lui permettent donc d’affronter des réalités plus difficiles.

C’est aussi dans cette optique que les enfants imaginent des personnages ou font semblant de.

S’agit-il de mentir aux enfants ?

Il ne s’agit pas de mentir mais de laisser à l’imaginaire et à la magie la place que doit être la leur dans la vie des enfants.

mensonge-mentir-aux-enfants-500x282Comme le dit l’excellente pédopsychologue Sonia Tabback : « Les croyances fondent la construction de chaque individu et de chaque famille. Elles dépendent de ce qui est transmis de génération en génération. Est-ce mentir que de favoriser l’imaginaire et la magie chez son enfant ? Ment-on aux enfants lorsque nous leur racontons une histoire, ou que nous leur mettons un dessin animé ? La plupart des gens vous répondront que non. Alors pourquoi prétendre que l’on ment à un enfant en lui parlant du Père Noël ? »

Découvrez d’ailleurs son interview complète à ce sujet

 

Pour quels intérêts ?

creative-thinkingComme dit précédemment, l’imaginaire des enfants va leur permettre de se construire, de se rassurer mais aussi de développer leur créativité.

Françoise Dolto l’avait d’ailleurs bien compris en inaugurant le secrétariat du Père Noël dans les années 60.

Ces personnages sont aussi un outil de lien transgénérationnel, de tissu familial, vecteurs de bonne humeur, de convivialité et de bon état d’esprit. La plupart de ces personnages imaginaires ont une image positive, rassurante (et il n’y a nul besoin de faire du chantage aux cadeaux ou aux chocolats pour que les enfants les apprécient et soient sages).

La construction du lien social vis-à-vis des pairs se construira d’abord par rapport à ces personnages nécessaires, chacun comparant ce qui se vit chez lui avec ce qui se vit chez les autres.

À quand la vérité ?

image4Celle-ci viendra naturellement, généralement par les pairs et avec l’âge avançant à l’école.

Nul besoin de se sentir coupable et de vouloir révéler la vérité à ses élèves ou enfants (ou les deux^^).

Selon Jared Durtschi, il n’est « pas nécessaire que les parents décident de dire aux petits que le Père Noël n’existe pas. Au fur et à mesure du développement de l’enfant, la pensée magique […] qui lui permet d’accepter si facilement tous les détails du Père Noël s’évanouira et il découvrira progressivement la vérité par lui-même. »

 

En conclusion:

La logique et l’âge de raison viendront mettre un terme à la croyance des enfants dans ces personnages imaginaires.

Donc en tant qu’enseignant, nul besoin de se mouiller, ni de culpabiliser ou de se vouloir un grand diseur de vérités.

Jouez la carte du statu Quo et, comme pour les autres apprentissages, laissez vos élèves appréhender par eux-mêmes la vérité et la découvrir en temps voulu.

Pour aller plus loin, je vous laisse découvrir ces quelques excellents articles sur le sujet :

À bientôt pour d’autres chroniques !

Une chronique de Monsieur Mathieu

logo

Mon site    Ma page facebook

 

 

 

 

Une réponse

  1. La fille d’un ami est rentrée un soir de l’école en lançant à son père « C’est les parents qui mettent les cadeaux sous le sapin! ». Et son père de rétorquer:
    -Les parents de qui?
    Elle a répondu à mi-voix « je sais pas… », en balançant la tête, les yeux tout ronds.
    Elle avait 7 ans à l’époque. Elle a continué à croire au Père Noël deux ans de plus!
    Bonne fêtes à tous!
    MLaure

Répondre à Marie-Laure Annuler la réponse

buy windows 11 pro test ediyorum