Déjà la Fête des mères j’étais contre parce que ma mère à moi n’était pas vraiment pour, rapport à Pétain, j’ai mis du temps à comprendre et depuis je suis devenu enseignant, alors j’ai voulu faire le malin cette année et snober l’événement, en faire un non-événement, mais on m’a fait comprendre que ça en serait un si je ne le célébrais pas alors j’ai pris sur moi et sur mon créneau arts plastiques pour faire s’en mettre plein les doigts à mes asticots du CE2. Ça a donné de jolis porte-photos et pas mal de bazar dans les toilettes quand il a fallu se laver les mains alors que la cloche avait déjà sonné. C’est moi qui ai lavé les tables, j’étais vert. Enfin, rose aussi, et la peinture rose j’ai eu du mal à la faire partir de mon jean.

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Je n’aime pas ça, la Fête des mères. Rapport à Pétain mais surtout au manque cruel d’inspiration quand arrive l’événement et que je ne l’ai pas senti arriver. « Maître, on fait quoi pour la Fête des mères ? »

« Ben t’achète des roses et tu me fous la paix ! »

J’ai cédé. Des porte-photo multicolores, peinture à paillettes et graffitis dorés, ils ont trouvé ça super joli. J’ai trouvé ça très salissant.

Il a fallu consoler la veuve et l’orphelin, enfin surtout l’orphelin, je me suis trouvé très bête, et j’ai séché les larmes de la petite dont la mère est en Turquie « parce que si elle rentre en France elle va directement en prison ». Pétain, t’as vraiment fait n’importe quoi. J’aurais volontiers fait un lien entre l’État français et la Fête des mères mais j’en suis resté à Charlemagne avec mes CE2. Lui, Charlemagne, il n’y est pour rien. « Maître, c’est vrai qu’il a inventé l’école ? ».

Ils sont tous repartis la tête haute et le porte-photo peinture fraîche dans les mains. Je pensais déjà à la fête des pères, il faudra faire un peu mieux quoiqu’il faudra gérer les sans-papa et les fâchés avec. L’école met à nu les problématiques familiales de ces petits êtres qui n’ont pas forcément un papa ou une maman à qui faire plaisir et ça m’angoisse.

Mais le lundi est arrivé aussi vite que le vendredi était parti. Une maman est venue me voir. Je ne l’avais jamais rencontrée : impossible de lui remettre un bilan en main propre ni de lui faire signer un mot pour telle ou telle sortie. Elle était pourtant là, dans la salle des maîtres. Elle était venue me remercier pour le porte-photo.

Ça m’a fait super plaisir…

Une chronique de Papalion

Une réponse

  1. Quelques jours avant la fête des mères, le professeur d’Histoire géographie de ma fille (en première) a refilé le tuyau à ses élèves: « vous êtes fauchés alors ne vous cassez pas la tête vous expliquerez à votre mère que vous êtes contre depuis que vous savez que c’est Pétain qui l’ a inventé »… le soir fifille, fan du collègue, me l’a bien sûr raconté, hilare… Il a passé un sale quart d’heure en salle des profs le lendemain! 😉 Toutes les mamans profs lui ont fait avaler son café de travers! Les mamans de petits faisaient les fières sûres d’avoir leur collier de nouilles le dimanche (merci, vraiment, les dévoués professeurs de primaire-pas trop-regardant-avec-l’histoire), les mamans d’ados balisaient…
    J’ai souvent pensé effectivement à la douleur des petits pour qui la fête n’est qu’un couteau remué une fois de plus dans la plaie…pas facile, que faire… d’un autre coté pour les autres, c’est l’occasion de si beaux moments qui redonnent courage aux mamans et aux papas débordés par leur quotidien. Lundi, toutes les jeunes collègues avaient le sourire et plein de moments adorables à raconter…
    Au fait fifille, artiste, m’avait fait avec son frère et sa soeur un magnifique bouquet de fleur des champs avec un petit mot … comme elle avait apris dans ces années de primaire… Quel bonheur! le plus beau des cadeaux…
    Merci les professeurs de primaire …et les professeurs d’Histoire géo de collège et lycée qui en font des citoyens éclairés…
    Bon courage à tous et merci à ceux qui nous écrivent ces délicieuses chroniques!

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