Kit de la survie des kermesses
Bonjour à tous,
KERMESSES annulées ! Fêtes d’école supprimées ! Quelle tristesse de constater, semaine après semaine, que les kermesses sont annulées dans les différentes académies (public) et diocèses (privé). Quel crève-cœur pour nombre d’enseignants et d’enfants qui voyaient dans cet événement un point d’orgue des 10 mois passés ensemble et un envoi de fin d’année vers les deux mois estivaux. Alors, pourquoi ces annulations en nombre ? Pourquoi maintenir les kermesses ? Comment les organiser malgré tout ? Voici quelques-unes des questions auxquelles sera consacrée cette chronique :
1. Pourquoi toutes ces annulations ?
Je vais aller vite sur ce point. Vous vous en doutez, à moins de vivre dans votre bulle depuis novembre et même janvier 2015. La France vit dans l’angoisse de revivre de nouveaux attentats et un climat malsain de peur et de d’immobilisme s’est installé dans tout le pays. Chacun est renvoyé à sa responsabilité et qu’il s’agisse des directeurs d’école, des DDEN ou des élus, tout le monde craint le pire et surtout ses conséquences.
Au nom du sacro-saint principe de précaution, on s’interdit de vivre et d’organiser des évènements rassemblant des foules.
Et pourtant quid des mouvements « Nuit debout » ou encore du prochain Euro de football qui rassembleront bien plus de monde que nos petites kermesses de province ou de la capitale ?
Beaucoup de directeurs départementaux de l’éducation nationale (DDEN) ont donc publié des circulaires interdisant les fêtes de fin d’année et kermesses. Du côté de l’enseignement privé, certains directeurs diocésains se sont inscrits dans la même logique, mais le statut du chef d’établissement lui permet d’organiser malgré tout l’évènement, si ce dernier a lieu dans les murs de l’école dont il est le seul responsable (contrairement aux directeurs du public qui sont sous la responsabilité du maire pour les locaux).
C’est d’autant plus étonnant qu’il n’y a eu aucune directive du ministère de manière descendante vers les recteurs.
« Dans la mesure du possible, la ministre de l’éducation nationale tient à ce que les kermesses et les sorties scolaires soient préservées. Sauf, bien sûr, dans les situations où la préfecture pourrait émettre des réserves quant aux conditions de sécurité », confie à 20 Minutes l’entourage de Najat Vallaud-Belkacem. Cette dernière a même appuyé son propos : la règle est claire, « le principe, c’est pas d’annulation. Plus on peut garder une vie quotidienne normale au sein des écoles, mieux c’est ».
Je vous invite d’ailleurs à lire cet excellent article paru dans le journal 20 minutes le 18 avril :
« Etat d’urgence, qui décide du maintien ou de l’annulation des kermesses ? »
Aujourd’hui, le maintien ou l’annulation des kermesses est donc laissé à l’appréciation des directeurs d’école (mais le plus souvent des maires). Des décisions prises au cas par cas par les personnels de direction avec les équipes pédagogiques mais avec le veto possible des municipalités.
Ainsi, dans mon académie, des municipalités telles que Wasquehal, Tourcoing, Bavay, Ambleteuse ou encore Maubeuge ont annulé les kermesses (pour en savoir plus découvrez cet article de la voix du Nord), alors que le DDEN de l’académie Guy Charlot précisait au micro d’Europe 1 :
« Il n’y a aucune interdiction du côté de l’Académie de Lille. Nous avons simplement rappelé la circulaire nationale ». Pointant le fait que « les fêtes de fin d’année sont des moments importants, de valorisation de chaque enfant », Guy Charlot encourage les établissements à les maintenir (écouter son interview sur Europe1).
2. Pourquoi les maintenir ?
Parce qu’annuler, c’est capituler. On ne peut pas vivre éternellement dans l’état d’urgence et se calfeutrer, ne plus oser, il faut continuer à vivre et faire face ! J’ai beaucoup apprécié les propos du secrétaire général du syndicat SNUIPP Sébastien Sihr : « Il faut que, dans le même temps, on soit porteur d’un message positif de confiance en l’avenir et d’ouverture des écoles sur le monde extérieur. Il y a aujourd’hui un besoin de se retrouver, de créer du lien social, et les kermesses sont une très bonne occasion pour cela. ».
Parce que des rassemblements ont lieu depuis des mois dans les plus grandes villes de France et feraient une cible bien plus facile pour les terroristes (manifestations Loi travail, « Nuits debout », Euro de Foot). Alors, certes, on peut tout annuler, empêcher tous les rassemblements,mais ce serait entrer dans une logique absurde et jusqu’au-boutiste.
Car c’est un moment essentiel d’une année scolaire, moment privilégié d’échanges, de partage entre les enfants, les parents et les enseignants. C’est un moment festif apprécié de tous. Les enfants sont fiers de présenter leur danse aux parents, grands-parents, membres de la famille, amis et voisins. Ils se réjouissent de jouer sur les stands de jeux organisés par les parents d’A.P.E.L et, pour certains, c’est le meilleur moment d’une année scolaire.
Parce que les enfants ont travaillé (dur) pour apprendre une chorégraphie (visée par les programmes d’E.P.S), pour réaliser des costumes, des décors, l’investissement des enfants et des enseignants ne peut pas rester inconsidéré.
3. Comment les maintenir ?
Pour le coup, il existe une directive du ministère qui date de l’an passé (avril 2015 exactement, dans le cadre de Vigipirate).
Il s’agit d’une circulaire qui préconisait « qu’une personne de l’école assure le contrôle à l’entrée de l’établissement, pour ne laisser entrer que les parents, les visages familiers. Il ne s’agit pas d’avoir tout un service d’ordre devant chaque école, mais d’observer des règles de prudence. Dans le doute, chaque directeur peut en référer à son rectorat. »
- Certaines mairies ont fait appel à des agents de la police municipale ou même à des vigiles de société privée.
- Dans notre école, nous maintiendrons la kermesse mais avec des vigiles, une inscription des parents et des personnes de la famille susceptibles de venir et nous distribuerons des bracelets estampillés de notre école qui seront un laisser-passer au niveau de la seule entrée de la salle des fêtes. Les personnes non-inscrites au préalable seront refoulées. Le coût de telles mesures sont un frein évident pour certaines petites communes mais, comme rappelé plus haut, la circulaire du ministère n’impose pas de service d’ordre drastique mais bien des règles de prudence. Enfin, parmi les nombreuses familles qui constituent une école et parmi leurs réseaux, on peut trouver des personnes faisant partie de société de sécurité et qui pourraient proposer leurs services gracieusement.
- D’autres réalisent une kermesse fractionnée (dommage pour l’aspect festif et partage), c’est-à-dire que les parents sont conviés à un horaire précis pour voir les enfants d’une classe à la fois. Assez compliqué tout de même pour les parents qui ont des enfants dans 2 ou 3 classes et qui se retrouvent à rentrer puis sortir pour rentrer de nouveau quelques heures plus tard.
- D’autres, enfin, réalisent une kermesse interne sans inviter aucun parent ce que je trouve totalement rédhibitoire car excluant les partenaires de l’école (A.P.E.L, parents, familles proches ou lointaines).
Bref, il existe florilège de solutions ! Donc, de grâce, n’annulez pas vos kermesses, tentez de convaincre vos maires, parents d’élèves et DDEN pour les maintenir ! Pour ceux qui n’auraient pas abdiqué ou qui feraient de la résistance, je vous conseille pour finir cet excellent site rempli d’astuces, d’idées, qui précise aussi les obligations légales pour l’organisation d’une kermesse scolaire réussie : montremoicomment.com
A bon entendeur !
Monsieur Mathieu
tout le monde n’a pas annulé : pour preuve, cet extrait du bulletin départemental des Hautes-Pyrénées en date du 2 juin :
• Consignes de sécurité dans le cadre des manifestations de fin d’année scolaire dans les écoles :
http://web.ac-toulouse.fr/automne_modules_files/pDocs/public/r31841_61_securite-fetes-fin-annee.pdf
(copier / coller le lien, qui ne semble pas fonctionner, dans votre navigateur)
tout n’est pas perdu !
bon courage
Confusion: le DDEN (Délégué Départemental de l’Éducation Nationale) est un bénévole qui siège au Conseil d’École et ce n’est pas lui qui a le pouvoir d’interdire une kermesse (il n’a d’aiileurs aucun pouvoir).
C’est le DASEN ( Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale _ ex-IA ) qui est le grand patron du département.