Souvenirs de brigade

Aujourd’hui, j’ai décidé de me replonger dans mes années de « brigade » (ou de titulaire remplaçante si vous préférez). Sept années durant lesquelles j’ai rencontré des collègues formidables au sein d’écoles dynamiques, sans pour autant passer à côté de situations un peu cocasses. Voici un condensé à visée humoristique des situations les plus délicates que j’ai pu vivre (liste non-exhaustive).

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«  Pffff…ma remplaçante ne fait rien de toute la journée ! »

« Mon remplaçant m’a volé mon matériel d’anglais ! »

« Ces remplaçants, tous des fainéants qui font ça pour l’argent ! » (NB : un remplaçant gagne plus qu’un prof sur un poste fixe, car il est indemnisé en plus de son salaire pour la pénibilité du poste.)

« Ben dis donc, ma remplaçante a eu la main lourde sur la photocopieuse ! »

Qu’en dites-vous ? Oui, VOUS, chers collègues qui lisez ces lignes ! Je suis certaine qu’une fois au moins dans votre carrière vous avez prononcé l’une de ces phrases.

Eh bien maintenant, au nom de tous les brigades, à notre tour de pointer du doigt vos petits et grands défauts.

Le coup de la sonnette

Bien souvent, nous sommes avertis de nos remplacements le matin à 8 h 30. Lorsqu’on arrive dans une école, il est entre 8 h 45 et 9 h. Les élèves rentrant à 8 h 30, c’est une porte close qui nous accueille le plus souvent. Je vous rassure, les écoles sont toutes équipées de sonnettes. Malheureusement, même si tout le monde est au courant qu’un enseignant doit être remplacé, il n’y a PERSONNE pour vous ouvrir la porte, alors que vous sonnez comme un(e) désespéré(e). Mention spéciale aux matinées d’hiver, lorsque le mistral souffle à 110 km/h et que vous êtes à deux doigts de vous cryogéniser le doigt appuyé sur cette satanée sonnette.

Alors chers directeurs, chers collègues, merci de tendre l’oreille et/ou d’avertir une ATSEM qu’un remplaçant doit arriver.

Le coup du bureau

Finalement, une âme charitable a bien voulu vous ouvrir la porte. Vous pénétrez enfin dans la sacro-sainte école, puis dans la classe où vous allez officier le temps d’une journée au moins. Et là, vos yeux se posent sur le bureau… Ou plutôt sur les vestiges de Tchernobyl ! Heureusement vous êtes assez perspicace pour reconnaître ce meuble indispensable, malgré tout le bazar qu’il y a dessus : tasses à café vieilles d’une semaine, livres et cahiers en tous genres, copies pas encore corrigées, médicaments (si, si !), billes confisquées lors d’une récréation, et j’en passe…  Vos yeux s’attardent sur un gros classeur nommé « CAHIER JOURNAL », chouette ! Enfin un enseignant qui laisse une trace de ce qu’il fait en classe (bien utile quand on remplace). Mais une fois le classeur ouvert, votre cœur se met à battre la chamade et vous êtes pris(e) de sueurs froides lorsque vous voyez la date : 12 septembre 1996 ! Non, vous n’avez pas pris la DeLorean de Retour vers le futur, vous êtes juste tombé(e) sur un(e) collègue qui garde les mêmes préparations depuis 16 ans !

Le coup de l’emploi du temps

Il est 9 h, nous sommes lundi matin, et pour ne pas perturber les élèves, vous cherchez ce qu’ils font d’habitude à cet horaire.  Hélas, aucune trace de l’emploi du temps ! Heureusement, il y a toujours « celui du 1er rang » (celui qu’on aime garder auprès de soi) pour vous rappeler qu’en arrivant la maîtresse commence toujours par calcul mental. Aussitôt dit, un autre, « celui du fond », vous précise que, le lundi, il y a toujours sport et arts plastiques !

Quoi qu’il en soit, en tant que remplaçant(e) consciencieux(se), vous faites appel à votre expérience et votre connaissance des programmes (de tous les cycles svp !) pour mettre les élèves au travail le plus vite possible.

Le coup de l’armoire

Alors que les élèves sortent leur ardoise pour faire du calcul, « celui du fond » n’a plus son feutre Velledo. Pas de souci, vous vous dirigez vers l’armoire de la classe pour lui en passer un…mais vous découvrez, avec une anxiété non-dissimulée, que cette dernière est fermée à clé. C’est bien connu, les remplaçants sont des voleurs, il vaut mieux fermer les armoires de la classe à double tour ! D’ailleurs nous avons tous un casier judiciaire florissant ! Entre nous, chers collègues, s’il y avait moins de bazar dans vos classes, vous accuseriez moins les autres de cleptomanie.

Tant pis, « celui du fond » n’a qu’à écrire avec ses doigts !

Le coup de la photocopieuse

10 h 15, c’est l’heure de la récréation ! Vous en profitez pour faire quelques photocopies, contrairement aux autres qui les font à 8 h avant la classe. Vous êtes content(e) de vous, vous aviez dans votre mallette de remplaçant(e) une série d’exercices de phonologie, idéale pour des petits CP qui ne savent pas encore écrire en septembre. Et là…c’est le drame ! Alors que vous venez de poser le document contre la vitre, impossible de lancer la photocopie sans…le code ! Chaque enseignant a le sien et bien sûr, vous, il ne vous reste que vos yeux pour pleurer, car la collègue que vous remplacez ne l’a pas laissé, et personne d’autre ne le connaît. Dans 50 % des cas, un autre enseignant comprend votre désarroi et vous donne le sien ; dans 50 % des cas, même si vous faites semblant de râler à haute voix pour qu’on vous entende : « OH ZUT ! JE N’AI PAS LE CODE DE LA PHOTOCOPIEUSE !!! », un ange passe…

Chers collègues, un code de photocopieuse n’est pas un code de carte bleue… Ce serait bien de l’afficher dans la classe pour vos remplaçants.

Le coup du soutien

La matinée se termine, c’est l’heure de l’aide personnalisée (APC) ! Un collègue un peu aigri passe à côté de vous et vous rappelle d’un ton acerbe qu’il y a « le soutien de 11 h 30 à 12 h 15 » (comprenez ici : « Pas question de te rouler les pouces, tu fais les mêmes heures que nous ! » C’est bien connu, les remplaçants s’esquivent dès qu’ils peuvent et font beaucoup moins d’heures, tout en étant payés plus !). Mais là, impossible de mettre la main sur la liste des élèves que la maîtresse ou le maître prend pour l’aide perso. Encore une fois « celui du 1er rang » sait quels sont ses camarades qui doivent rester. Mais identifier les enfants qui bénéficient du soutien n’est pas le plus dur à faire… Le plus difficile, c’est de deviner ce que l’enseignant(e) leur fait faire. Normalement, un document précisant tout cela est affiché dans la classe. Mais quand il n’y est pas, vous devez questionner les élèves eux-mêmes !

« La maîtresse elle nous fait écrire ! »

« Mais noooooooooon ! On fait des opérations ! »

« L’autre fois elle nous a fait ranger la bibliothèque ! » (OUPS !)

Chers collègues, malgré toute la bonne volonté du monde, il est impossible de cerner les difficultés de vos élèves en 2 heures. Merci de laisser en vue vos fiches d’aide personnalisée, c’est toujours utile. 😉

Le coup des toilettes

L’heure de la pause a enfin sonné ! Il est 12 h 30, vous êtes partis de chez vous à 7 h 30 ce matin. Question : depuis combien de temps la vessie de la maîtresse/du maître est-elle pleine ? Vous partez donc en quête des toilettes. L’envie est de plus en plus pressante, mais la délivrance est proche : vous apercevez au fond de la cour la porte qui mène au Saint-Graal ! La traversée de la cour est périlleuse, vous slalomez entre les enfants déchaînés, vous esquivez ceux qui arrivent vers vous les bras grands ouverts « Maîtresse !!!!!!!!! », vous ignorez ceux qui versent leurs larmes de crocodile (ben quoi, c’est le temps cantine, donc c’est comme si je n’étais pas là !). C’est bon, vous êtes devant la porte du pipi-room, mais la poignée est bloquée. Pourtant, les toilettes sont libres…mais là encore, elles sont fermées à clé ! Et cette fichue clé est sans doute sur le même trousseau que celle de l’armoire (et peut-être que, sur le porte-clé de ce maudit trousseau, il y a le code de la photocopieuse !!!!) ARGH !!!!! VOUS DEVENEZ DINGUE !!!! Vous cherchez Passe-partout, mais en vain… Là, un collègue passe (pas l’aigri, encore un autre) et vous sortez la phrase la plus équivoque du monde : « Ah, les toilettes sont fermées à clé ! » Et là, un ange passe…le même que pour la photocopieuse.

Chers collègues, les remplaçants ne font pas la catalyse ! Alors laissez un double des clés quelque part dans l’école si vous ne voulez pas avoir une cystite sur la conscience ! 

Et finalement, après une journée forte en émotions, vous rentrez chez vous complètement lessivé(e) et vous vous échouez sur le canapé… C’est alors que vous vous mettez à rêver…de devenir un jour adjoint à votre tour.

Sans rancune !

Scolairement vôtre…

Une chronique de Céline P

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