Débat et entre-soi sur les réseaux sociaux

Ça y est ! Nous avons enfin un président. Il est temps de se retourner sur ces derniers mois pour regarder quelles traces cela a laissé.

president

La première, qui ne cesse d’étonner certains, c’est que sur les fils Facebook, il n’y a pas eu de pluralisme. Comme c’est étonnant ! Nous avons tous reçu des posts conformes à nos idées, à celles de nos amis. Nous avons pu débattre paisiblement, sans contradicteur. Facebook filtrerait donc ce qui apparaît sur notre mur ? Cette entreprise aurait-elle des objectifs cachés ? Elle ne serait donc pas une philanthrope moderne et désintéressée ?

La seconde trace, fort positive, c’est que les réseaux sociaux ont pleinement fonctionné et servi de tribunes aux citoyens. Et c’est une excellente nouvelle. Enfin, l’Internet qui permet une forme de démocratie directe. Enfin la possibilité d’échanger, de débattre tranquillement entre citoyens, sans quitter son canapé. Enfin, je dis tranquillement… Ce n’était pas non plus un dîner du temps de l’affaire Dreyfus, quand même. À cette époque, on faisait encore la différence entre un journal, un journaliste et les idées d’une personne, d’un quidam. Et aujourd’hui ? Je suis étonné de la ferveur avec laquelle on clique, on partage sans plus de vérification. C’est ainsi que des gens de gauche ont partagé un portrait du couple Macron trafiqué avec Photoshop et provenant du camp adverse. Les mêmes m’ont aussi demandé mon avis sur une tribune « d’un juif patriote qui vote pour Marine Le Pen »1 . Chronique intéressante, mais postée sur un site qui semble ne pas aimer la viande halal… Moi, je me demande le rapport entre les deux !

La démocratie des crédules

Mais toute cette joie est racornie par le manque d’observance du réflexe de vérification. C’est vrai qu’il est difficile d‘envisager, a priori, que nos amis se trompent. C’est vrai que, si ce sont nos amis, c’est que nous partageons beaucoup avec eux et en premier lieu la confiance. Pourtant, nous sommes entrés dans l‘ère du soupçon, dans la « démocratie des crédules » comme le dit Gérald Bronner 2 .

Du reste, c’est moins un manque de confiance qu’un réflexe d’authentification qu’il faut désormais acquérir. C’est une question vitale à l’heure de la post-vérité, de la « réinformation » et autres « fake news ». Et lorsque nous aurons pris cette habitude, nous serons enfin entrés dans l’ère Internet de la démocratie directe.

 

Une chronique de Philippe Crémieu-Alcan

  1. Je devrais donner l’adresse du site. Mais je refuse. Vous avez cependant tous les mots clefs pour vérifier mes allégations.
  2. Dans cette vidéo, Gérald Bronner développe ses idées.

4 réponses

  1. C’est vrai que la tendance est à la rapidité et je trouve que les raccourcis sont très présents sur Facebook,. Cela étant,j’ai également croisé des blog très intéressant et je trouve que c’est vraiment un plus que des citoyens puissent ainsi s’exprimer. La presse papier, la presse numérique, des blog de citoyens, il y a aujourd’hui telllement de réelles possibilités d’expression que c’est encore plus rageant de constater parfois cette pauvreté des réseaux sociaux.

  2. Bonjour,
    je suis d’accord avec l’auteur du billet pour dire qu’il faudrait aborder la question des réseaux sociaux avec les élèves (en EMC ?) car plus ils grandissent, plus cela devient leur source d’information n°1.

    Quant à nous aures adultes, j’ai du mal à comprendre cette mode… je vis sans aucun réseau social, et on paut suivre la politique autrement, grâce aux médias traditionnels : télé, radio et même presse écrite ! Oui oui, ça existe encore !! Alors pourquoi à chaque politique, faire le point sur les « tweets » ? Franchement la pensée politique en 140 signes, cela me laisse pantois…

  3. Vous avez-vous parfaitement raison. Le rapport avec la pédagogie, c’est qu’au travers de l’EMI ou du parcours citoyen, il convient d’aborder ces questions. Or, si nous, en tant qu’adulte et enseignant, nous n’y sommes pas sensibilisés, comment pourront nous mettre en garde contre ces dérives, ces théories du complot ? Il est bien évident que les exemples choisis sont anecdotiques et en rapport avec l’actualité. Cela étant, n’y voyez pas malice, mais je peux prendre d’autres exemples, chat d’origine extraterrestre ou médicament miracle. La démonstration serait la même, mais moins ancrée dans l’actualité

  4. Bonjour,
    Je ne souhaite pas lancer une polémique mais je ne vois pas trop ce que cette chronique vient faire sur le petit journal du prof… Je suis plutôt d’accord avec ce que vous dites mais il s’agit de l’opinion d’un « quidam » sur une situation qui n’a rien à voir de près ou de loin avec la pédagogie. Sincèrement, ça me gêne que vous donniez une leçon de vigilance envers les réseaux sociaux aux adultes que nous sommes. Et si c’est à nos élèves que cela s’adresse, en ce qui concerne le couple Macron et les dérapages de la campagne, il me semble très, très délicat de l’aborder avec eux. Enfin bref, je suis perplexe.

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