Maladies imaginaires ?

Je savais qu’il y avait des élèves agoraphobes, pour en avoir eu, et le concept semblait antinomique avec la notion même de classe. Pourtant, au niveau léger que j’ai rencontré, il s’agissait, pendant les devoirs, de faire composer l’élève dans le couloir pour qu’il puisse gérer son stress au mieux.

angoisse

N’étant pas médecin, je n’ai pas les clefs de ce type de maladie et la contrepartie, en termes de bien-être pour l’élève, semble raisonnable. Petit à petit, il reprend confiance avec l’environnement de la classe et l’on peut espérer un mieux. À chaque fois qu’il le peut, par l’intermédiaire des structures d’aide individualisée, le système tente de prévenir les diverses pathologies et accompagne les enfants dans leurs apprentissages.

Agression conceptuelle

Mais l’autre jour, la machine à café, célèbre édifice de la salle des professeurs s’il en est, a raconté une histoire que je peine encore à croire. Un élève ne pouvait pas entrer en cours de philosophie sans se boucher les oreilles, au sens propre, c’est-à-dire en mettant de façon ostensible ses deux index dans les conduits auditifs. Les concepts abordés seraient trop psychologiquement perturbants et créeraient un malaise chez l’élève. Médusé, le collègue observe cette étrange scène pendant qu’il présente la méthodologie de son cours, pensant sans doute que tout ceci n’était qu’une blague de potache, nous savons tous que nos élèves sont joueurs. Que nenni, une demande d’entretien à la scolarité s’en est suivie quelques jours plus tard et les parents réclament que l’institution trouve un répétiteur qui, si j’ai bien compris, suivrait le cours de philosophie et le retranscrirait à notre chère tête blonde mais en évitant de choquer par des concepts qui seraient anxiogènes : la liberté, le déterminisme, que sais-je !! En entendant cela, j’ai ri spontanément, mais discrètement, en me rappelant le bourgeois gentilhomme et la réplique sur « Belle marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour ». Avec la modernité et le tabac sans tabac, le vin sans alcool, pourquoi pas, la philosophie sans philo ?

Devant le sérieux de la requête, je m’interroge sur la capacité du système à proposer une issue à ce type d’élèves. D’autant que, ce même élève, en cours de mathématiques, annonce que l’infini l’effraie et demande là aussi à être dispensé desdits cours ! Cela semble tellement énorme, que je me relis bien en le tapant. Arrivons-nous petit à petit à une école individualisée à l’extrême et sont-ce les prémices d’une nouvelle ère ou seulement un cas isolé ?

Bien sûr, Pascal l’a dit il y a longtemps, « le silence de ces espaces infinis m’effraie ». On veut tellement être rassuré aujourd’hui, que, jusque dans nos classes, on a désormais peur de se blesser avec une idée.

Une chronique d’Octave

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