Un mauvais jour ?

C’était un jeudi matin. Avec mes 6e. Les deux séances précédentes, ils avaient été… affreux. Franchement pénibles. Bavards. Je devais m’arrêter toutes les deux minutes pour avoir leur attention. Bref, usants, épuisants. Et puis voilà, on est jeudi matin. J’ai hyper mal dormi, la faute à un mal de gorge insidieux qui s’est déclaré la veille, et le rhume qui va avec. Et le jeudi, c’est ma grosse journée. Il est 7 h 53, je suis dans ma salle, j’appréhende un peu. Et puis ça sonne. 7 h 55. J’ouvre la porte de ma salle pour accueillir mes élèves.

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Comme j’ai mal à la gorge, je ne peux pas parler fort, alors, ils s’adaptent. Le calme se fait plus rapidement. Je lance la séance : rien de fou-fou, des questions de compréhension sur le troisième texte de la séquence. J’insiste sur le fait que c’est individuel, et qu’ils ne doivent pas communiquer entre eux. Évidemment, ils commencent à parler. J’insiste de nouveau. Au bout de ma 4e intervention, un calme relatif s’installe. Je circule entre mes îlots, je débloque ceux qui sont bloqués. Un élève n’arrive pas à se calmer ? Je l’envoie travailler dans le couloir (il y a des fauteuils, je suis juste à côté de l’administration). Un second pose problème ? Je déplace sa table pour l’isoler de son îlot. Un vrai calme, serein, nous enveloppe.

Superwoman de la différenciation

Dans cette classe, une grande hétérogénéité. J’avais prévu le coup. Dès que les plus rapides ont fini, je dégaine mon activité bonus, en bonne superwoman de la différenciation que je suis. Et puis, certains me demandent s’ils peuvent « lire leur livre ». Oui, ils ont un bouquin de Roald Dahl à lire pour la semaine prochaine. Je dis oui. Petit à petit, l’ensemble de la classe se retrouve avec un bouquin dans les mains. Je laisse faire, en épaulant les plus faibles pour qu’ils finissent leurs questions, toujours dans un calme royal.

 

Quand tout le monde a fini, il reste 10 minutes de cours. Parfait ! Pile poil pour une trace écrite. Je dis à mes élèves que c’est très bien, tout le monde a fini les exercices, on va pouvoir faire la mini leçon. Aucune réaction. Deux-trois élèves lèvent le nez de leur livre. J’annonce de nouveau qu’on va prendre une feuille pour noter la leçon et… Je m’arrête. Est-ce bien moi, leur prof de français, qui est en train de les arracher à une lecture qui manifestement les accapare tout à fait ?! Et tout ça pour quoi ? Pour faire cours ?! Je souris aux deux élèves qui écoutent, et je chuchote que, finalement, on va lire encore un peu…

 

Une chronique de Cécile Thivolle-Gonnet

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