Ou comment l’évaluation vire au plaisir

« Eh bien ! Que se passe-t-il ? »

Me voilà, ce soir-là, que je me surprenais à chantonner.

Eh oui. On dirait bien que j’étais de bonne humeur.

evaluation-bonne-copie

À cela rien de bien extraordinaire me direz-vous (pour ceux qui me croisent le lundi matin peut-être un peu quand même) car après tout, le soleil était de retour en cette fin de période et les vacances se profilaient à l’horizon.

Et pourtant cela est bien étrange si l’on considère que j’étais en train de corriger mes premières copies de seconde (enfin le premier devoir sur table).

Et oui encore une chronique sur l’évaluation (après la métamorphose de l’évaluateur ; l’Homo evaluator ; Ainsi va la vie d’évaluateur), décidément c’est un thème central chez moi !

Corriger encore et toujours ces sempiternels évaluations qui meublent mes semaines (et mes week-ends). Moi qui ne saurait pas trop quoi faire si je ne les avais pour occuper mes longues soirées.

Sans parler de cette vertu étrange que je semble lui prêter, je tente de démontrer l’importance du travail que j’effectue :

 

Mais cette fois, point de corvée !

Je me surprenais même à attendre de passer à la copie suivante avec une certaine impatience.

Vous savez !

Ce sentiment de frustration que l’on peut ressentir , quand, sortant du cinéma, vous découvrez qu’il vous faudra attendre deux ans avant de connaître la suite de votre saga favorite.

Ou bien encore cette déception qui coupe votre ardeur, quand, lancé dans votre programme télé favori, la publicité vient soudain couper l’annonce des résultats.

Voilà, c’est à peu près cela qui m’avait envahi lorsque, ma copie corrigée, je prenais quelques minutes pour rédiger un commentaire (toujours constructif) avant de m’engager dans la copie suivante : c’est un peu ma page de pub en  (mais sans prendre le temps ’aller aux toilettes).

Car ma curiosité était vive de découvrir la suite : comme ces bons romans qui vous tiennent en haleine alors que minuit s’affiche déjà sur votre réveil.

Étonnant, car c’est moi qui avait écrit l’histoire, et je n’en connaissais pas la fin !

Car, oui,  je l’avais écrite !

Lorsque j’avais conçu et mis en pratique les activités, je l’avais construit dans la manière dont je l’avais préparé, encouragé les élèves.

Et à ce moment-là, je n’étais pas déçu.

Bien au contraire, j’étais même agréablement surpris : le suspens était intense.

Je n’ai jamais eu de classe (pourtant j’en ai quelquefois de très bonnes) dont tous les élèves avaient aussi bien compris les notions fondamentales et dont le travail était aussi satisfaisant.

Je ne parle pas de la note car j’ai certainement eu par le passé de bien meilleures moyennes sur ce contrôle mais je parle de l’ensemble des élèves qui, même pour les plus faibles, m’ont surpris.

Ce n’était pas gagné à en juger par le profil de la classe (a priori peu intéressée par les sciences), mais peut-être avais-je mieux adapté ma façon de faire cours (j’ai notamment revu mon diapo, peut-être trop académique, pour quelque chose de plus épuré et attractif), passé un peu plus de temps à faire de la motivation (des premiers travaux évalués mais dont la note est seulement un bonus, des compétences bien préparées avant d’être évaluées), à les rassurer sur leur capacité à réussir en science.

Petite victoire, mais un grand plaisir qui m’a donné envie de chantonner.

Qui m’a donné envie de continuer (car évaluer ses élèves, c’est aussi évaluer sa façon d’enseigner).

Qui m’a donné, aujourd’hui, l’envie de vous le partager.

 

Une chronique de Damien THOMAS (un prof comblé par un tas de copie à corriger : c’est un comble)

3 réponses

  1. Je trouve tres interessant de chercher dans une evaluation les faits caracteristiques.
    et de se renvoyer en miroir cette interpellation.
    oui, une evaluation est forcement un miroir de ce que l on a passe.
    c est d’ailleur vraiment interessant de s’apercevoir qu une des notions importante abordes n a pas ete comprise par un tiers du groupe classe;

    bien sur evaluation bienveillante mais encore plus evaluation cartographique qui me permet de noter que A** a refait cette meme grosse faute, erreur. que dois je faire ?

    je pense qu une evaluation doit etre un outil pour reperer son enseignement.

    Eric Violette
    FCPE 71

  2. « Évaluer ses élèves, c’est évaluer sa façon d’enseigner » : je trouve la pente savonneuse ! Certes, il y a un rapport entre les deux, mais je ne ferai pas le lien. Parce que j’ai connu des collègues qui se glorifiaient des résultats toujours brillants de « leurs » élèves, d’autres, qui, toujours, se lamentaient des mêmes élèves.
    En revanche, les encouragements, la ré -assurance, la bienveillance, tout ces éléments du cours ont une influence sur les résultats d’une classe.

    1. la pente est savonneuse mais il est pourtant important d’avoir une « boucle de retour d’expérience » : je ne parle pas de regarder la note elle même, qui ne signifie pas grand chose mais plutôt le rapport (objectif) entre ce que les élèves ont acquis : d’où sont ils partis et jusqu’où les a-t-on mené? …. Il est beaucoup plus facile d’avoir de bons résultats, soit avec des élèves qui ont déjà atteint l’objectif avant d’avoir travaillé dessus, soit en ramenant l’objectif au niveau constaté au début du travail…

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