Le Méchant Petit Journal des Profs*

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Ayant été une élève d’une nature plutôt euh… bavarde (je crois que le mot est faible), je me souviens avoir eu beaucoup de mal quand mes enseignants nous imposaient de lever la main et surtout de devoir attendre qu’on me « donne » la parole pour m’exprimer.

J’étais vraiment ce genre d’élève, vous savez :

Mais maintenant que je suis passée du côté obscur de la force en devenant prof, évidemment, je ne vois plus les choses de la même façon et au quotidien je me fais souvent le chantre de la lévitation de doigt.

Et ce pour au moins 4 raisons :

Raison 1 :

Demander aux élèves de lever le doigt permet d’occuper leurs membres supérieurs et ainsi de s’assurer qu’ils ne sont pas en train de se décoller les crottes de nez. Ce qui est un atout non négligeable pour améliorer le paysage visuel de la classe.

 

Raison 2 :

Demander aux élèves de lever le doigt permet de savourer un bonheur rare dans une classe : le silence. Trouverai-je seulement les mots pour évoquer ce que représentent ces quelques secondes où, après avoir sollicité mes zapprenants à l’oral, je les observe lever la main et où je laisse planer le doute sur celui qui interviendra en premier. Bonheur ô combien fugace de savoir le temps suspendu à mon geste autorisant l’un ou l’autre à s’exprimer, et dans cette attente insoutenable, ce silence rassérénant pour mes zoreilles de prof…

Raison 3 :

Encourager les élèves à lever le doigt s’ils veulent s’exprimer permet de leur laisser croire que leurs péroraisons peuvent vous intéresser à un titre quelconque.

Alors que bien entendu, c’est nous, professeurs, qui détenons la parole sacrée. Et quoi de plus jouissif que de s’écouter soi-même parler pendant des heures, si ce n’est de les voir au surplus agiter inutilement leurs petits bras en l’air pour tenter d’intervenir.

Comme si vous alliez leur donner la parole ! Hahahaha, les zapprenants de petite taille sont tellement naïfs parfois que ça en devient (presque) mignon…

 

Raison 4 :

Demander aux élèves de lever le doigt permet cyniquement de leur laisser l’espoir qu’ils ne seront sollicités que s’ils ont demandé eux-mêmes à s’exprimer… alors que bien entendu je prendrai soin d’interroger en réalité la petite Florabelline, dont la notoire timidité la fait déjà se recroqueviller sur sa chaise à la seule perspective qu’elle puisse avoir à prendre la parole devant la classe, ou encore le jeune Lukkha-Guénolé, qui n’ayant rien suivi depuis le début de la séance échouera lamentablement à prononcer une seule parole sensée et sera ainsi la cible des railleries de toute la classe.

Mouahahahahahaha…

Après tout, devient-on enseignant pour autre chose que pour le plaisir de faire souffrir ses élèves ?

 

Une chronique de Sophie Pouille

*Une fois par mois, deux enseignants prennent les commandes du Petit Journal. Second degré garanti !

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