Les devoirs, cette galère !

Et oui, ce n’est pas Papy qui fait de la résistance, mais mon petit bonhomme d’à peine dix ans. Le chérubin, gavé de sucre (l’expression n’est pas de moi, mais je l’aime bien) et de tablette connectée, même si je tente de limiter l’affaire, semble peu enthousiaste devant la chose scolaire.

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Chaque devoir est une bataille, une lutte, une âpre négociation tant et si bien que j’ai l’impression d’incarner le pouvoir jupitérien en face du peuple en colère. À ceci près, que c’est moi qui régale. Je m’excuse presque quand je lui demande de faire ses devoirs, le comble pour un fils d’enseignant ! Et chaque soir, c’est la même rengaine pour écrire quelques mots, ou lire quelques lignes.

De la plume au clavier

Comme tout un chacun, j’ai envie que mes enfants, qui sont aussi des élèves, soient bien dans leurs baskets, ancrés dans la modernité. Je n’hésite pas à leur parler de l’ère du numérique et de ses autoroutes qui transportent des « 0 » et des « 1 » pour ensuite reconstituer nos photos, nos musiques, nos jeux… nos leçons peut-être. On peut dire que j’ai largement contribué à les immerger dans ce monde numérique, qui est à mon avis le monde de demain. Je me souviens encore, qu’à trois ans à peine, le héros dont nous parlons tentait de toucher du doigt la télé, comme si elle était tactile, alors même que c’était encore une télé avec tube cathodique ! C’est dire la vitesse de ce flux technologique, sorte de raz-de-marée, qui emporte tout sur son passage. Adieu la calligraphie, et les belles lignes d’écriture : d’ailleurs, à quoi bon ? Qui de nous aujourd’hui, s’il dispose d’un PC et d’une imprimante, a encore envie d’écrire un courrier à la main ? Sans doute, au moment des entretiens d’embauche, les gros groupes exigent-ils encore une lettre manuscrite pour la transmettre au graphologue, encore que. J’ai l’impression qu’on préfère vous googliser pour voir vos éventuelles casseroles.

Coexistence pacifique

Il semble évident qu’une nouvelle page s’écrit, mais plus avec un stylo. Le clavier a remplacé la plume, ou plutôt il la complète admirablement. Au papier, la trame, les idées, les brouillons, les croquis, et à l’ordinateur le graphisme, la pagination, l’élégance efficace, l’interface fluide. En effet, quel bonheur de voir qu’un algorithme griffonné au crayon gris sur une table de bistrot devient cette formidable application qui permet, là de compter le nombre de pas que je fais dans une journée, là de positionner les étoiles dans la nuit étoilée, là encore de croiser pourquoi pas l’amour de votre vie géolocalisé à quelques encablures.

Les réticences légitimes que l’on peut avoir si l’on aime la plume, c’est de la voir disparaître. Pourtant, plus vraisemblablement, les deux vont coexister comme avant eux les livres et les liseuses, l’énergie liée aux hydrocarbures et solaire. Il ne reste qu’à trouver ce subtil équilibre. En écologie, on appelle cela le développement durable, peut-être que, s’agissant de notre propos, on pourrait parler d’écriture durable.

En attendant, j’y retourne car jeudi, c’est jour d’exposé à l’école et il nous… euh, il lui reste beaucoup à écrire pour finir ses devoirs.

Une chronique d’Octave

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