Débrief de conseil de classe

Vendredi, 8 h 05. Mes élèves de 4e entrent dans ma salle. Pendant qu’ils s’installent, les deux délégués viennent me voir discrètement : « Euh… Madame… on a fait vie de classe hier. Il y a eu plusieurs remarques sur le cours de français… Vous permettez qu’on en parle maintenant ? »

positivite

En une seconde, des milliers de possibilités traversent mon esprit : « En fait, vos cours sont nuls »/« Les élèves, ben ils trouvent que vous avez pas assez d’autorité »/«La classe pense que vous avez trop d’autorité »/« Bah vous expliquez pas bien »…

Je n’en laisse évidemment rien paraître et je leur dis que bien sûr, pas de problème, on va régler ça tout de suite, Maupassant et sa nouvelle fantastique attendront bien 5 minutes.

Je fais l’appel pendant qu’ils sortent leurs affaires et me voilà prête à affronter mon destin. Je donne la parole aux délégués et leur demande de me transmettre le message de la classe : « Ben.. voilà. Madame, y’a plusieurs élèves qui comprennent pas pourquoi vous leur mettez des commentaires positifs sur les rédactions. »

Ahhh. Ah !!!

Positive attitude

Ok. Petit aparté pour vous, chers lecteurs … Quand je rends une rédaction à mes élèves, quelle que soit la note (et je dis bien, quelle que soit la note !), je leur écris toujours un commentaire valorisant. Cela peut concerner un morceau de l’histoire, une description particulièrement réussie, une fin surprenante, un personnage émouvant… Bref : n’importe quoi. Et je trouve toujours quelque chose à dire (certes, c’est plus facile dans certaines copies que d’autres !).

Et voilà que mes élèves ne comprennent pas pourquoi, vraiment, non, pourquoi je leur mets un commentaire positif alors qu’ils n’ont que 8/20 ?!

Je leur ai donc expliqué qu’en France, on était un pays très négatif, et que je m’efforçais de sortir de cette posture. Vous ne me croyez pas ? Analysez donc ces formules typiquement françaises : « c’est pas mal ! » ou encore « ah tiens ! C’est pas bête », et enfin le fameux « c’est pas mauvais ». Vous la voyez la négation ? Ce que je veux dire par là, c’est qu’au-delà du cliché du français « râleur », il y a une véritable culture de la négativité, inscrite dans la langue même. Je m’en suis rendu compte lors de mes deux années à l’étranger, la première en Écosse, puis aux USA. Au début, j’avais l’impression d’être un génie, puisqu’à chacune de mes interventions, j’avais droit à « you’re brilliant ! », « what a great idea ! ». Puis, j’ai compris que c’était comme ça tout le temps. J’ai donc relativisé les « compliments » qu’on me faisait, mais j’ai décidé que, dès mon retour en France, je m’efforcerai de dire « non » au « non » !

Apparement, ça perturbe mes élèves. Mais je compte bien continuer. Alors : qu’en dites-vous ? Pas mal ?! 🙂

Une chronique de Cécile Thivolle-Gonnet

Une réponse

  1. il y a en effet toujours quelque chose à souligner comme étant un fait intéressant ou encourageant ou une porte ouverte vers une potentialité entrevue, dans les textes des élèves.
    Il faut habituer les élèves à relativiser leurs notes, pour qu’ils parviennent à comprendre leurs atouts ou leur réussite particulière et ponctuelle et leurs faiblesses ou leurs manques chroniques ou reliés à des tâches précises : car c »est sur les petites choses que les progrès se font. .

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