Vis ma vie de série télé

Je l’ai déjà évoqué dans deux précédentes chroniques (que vous retrouverez ici et ) : même si je n’avais pas la télé à la maison, lorsque j’étais enfant, j’ai été biberonnée au Club Do.

Et ce biberonnage intensif m’amène parfois à trouver dans ma vie de quasi-adulte-quasi-responsable des réminiscences de séries ou dessins animés du temps jadis.

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Un nouveau choix de vie

Par exemple, si j’essaie de prendre du recul sur les raisons qui m’ont amenée à vouloir devenir enseignante « sur le tard », je sais que j’ai choisi de passer le concours d’instit pour être libre pédagogiquement de former les générations futures et d’aider mes élèves à grandir.

Mais vu les nuits courtes et les réveils matinaux, je me dis que l’Éducation Nationale n’a décidément pas de pitié pour les croissants !

Ce métier peut d’ailleurs constituer pour beaucoup d’enseignants un véritable cas de divorce, par l’investissement qu’il suppose au quotidien et les contraintes qu’il peut causer dans les organisations personnelles et familiales…

parfois au point que je me dis qu’il n’y a qu’un seul remède contre les vies personnelles fracassées : continuer de croire en le miracle de l’amour.

L’épineuse question des vacances

À tout ceci s’ajoute l’épineuse question des vacances : à entendre certains médias, certains piliers de comptoir ou certaines de mes belles-mères, la vie d’un enseignant se déroule en permanence sous le soleil à profiter de ses (trop nombreuses) vacances.

En réalité, pendant l’année, les vacances scolaires se limitent trop souvent à pallier l’absence d’apprenants par une tentative désespérée de se mettre à jour dans les préparations de classe, alors je vous le dis ouvertement : vivement le mois de juillet pour vivre au grand jour l’amour des vacances et les vacances de l’amour

Ma vision de la pédagogie

En ce qui concerne ma vision de la pédagogie, évidemment, je pourrais vous écrire que « l’émancipation est bien plutôt dans ce mouvement difficile par lequel le sujet s’approprie des objets culturels qui lui permettent de penser le monde autrement que comme un ensemble de situations insaisissables ; elle est aussi dans tout ce que cette appropriation autorise, dans le fait qu’elle rende le sujet auteur de sa propre intelligence, capable de l’exercer en dehors des dispositifs et de la présence de son éducateur, capable de s’arracher à la dépendance de ses maîtres et aux facilités de la reproduction mimétique », mais si je faisais cela ça voudrait surtout dire que vous seriez en train de lire la philo selon Philippe (Meirieu).

De mon côté, je dirais plutôt que pédagogiquement, je fais comme je peux au quotidien, en fonction des dispositions de mes zapprenants… et c’est vrai que ce serait simple de m’adapter à chacun avec des effectifs moins chargés, idéalement je dirais même que huit, ça suffit (ouais, je sais, je rêve).

Mes zapprenants

Tiens, puisqu’on parle de mes zapprenants, je ne sais pas si cela vous le fait aussi, mais quand mes élèves viennent bourdonner autour de moi de leurs questions, de leurs petits mots gentils, ou encore de leurs demandes de câlins, que ce soit dans la classe, dans les couloirs ou dans la cour de récréation, je souris en réalisant que nous constituons parfois une masse indissociable telle le miel et les abeilles.

Maintenant, j’avoue que lorsque je lis les petits mots et poèmes qu’ils m’écrivent, et malgré tout le côté choupignolet de la démarche, je ne peux pas m’empêcher de constater que s’ils s’appliquent pour tracer des « s » américains, des rosaces et des dessins en pixel art, en revanche, ils semblent résister encore et toujours face à l’orthographe, qui doit faire partie pour eux des mondes engloutis qui leur restent inaccessibles…

 

Une chronique de Sophie Pouille

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