Une pulsion soudaine…

Pour le coup cela a été une sorte de pulsion, quelque chose de comparable à une irrépressible envie de femme enceinte (alors que je sais parfaitement qu’il n’y a aucun polichinelle dans mon tiroir !) : j’ai décidé que pas un jour de plus ne se passerait sans que je me débarrasse de mes pointes fourchues et surtout SURTOUT que je ne trouve un subterfuge teinturier pour camoufler les quelques cheveux blancs qui ont pris souche exactement là où ils sont le plus visibles (les salopiauds) !

coiffeur

Ni une, ni deux, j’ai donc décidé d’aller chez le coiffeur.

#mavieestpassionnante

L’objectif était double (non ne fuyez pas je ne parle pas d’objectif pédagogique !) :

  1. limiter les dégâts et essayer d’avoir une tête potable pour retrouver mes zapprenants de moyenne taille
  2. avoir un moment au caaaaalme, juste pour moi, en dehors de la maison.

Epissétou.

 

Tomber les masques

Je m’imaginais déjà, quelques minutes heures plus tard, sortir du salon de coiffure avec une chevelure enfin à peu près disciplinée, les cheveux soyeux comme jamais, des boucles savamment mises en place encadrant mon visage avec un effet coiffé/décoiffé maîtrisé du plus bel effet.

Bref, j’attendais de savourer cet instant rare d’avoir une tête potable et de pouvoir marcher avec un port altier dans la rue.

Mais en vrai de vrai de vrai, ce que j’attendais avec le plus d’impatience n’avait rien à voir avec l’apparence de ma chevelure : je gazouillais surtout de hâte à l’idée que la coiffeuse me fasse un délicieux massage du cuir chevelu pendant la pose du masque.

Parce que, maintenant vous saurez tout : ce que j’aime le plus chez le coiffeur (la seule chose que j’aime en fait ?) ce sont ces quelques minutes où les yeux fermés je me laisse aller à une détente totale par la grâce d’un massage capillicole.

Voilà, au fond, c’est pour cet instant magique LÀ que j’avais hâte d’aller chez le coiffeur. Vraiment hâte.

Mais comme souvent, il y a les attentes que nous pouvons tous avoir, et il y a la vraie vie.

 

Retour à la réalité

Il a fallu commencer par s’asseoir face au miroir, dénouer ma queue de cheval et affronter la réalité en face : en cette fin d’année scolaire, j’avais les cheveux dans un état déplorable. Le fait de devoir en faire le constat ouvertement sous le regard des autres clients du salon n’aidait pas à rendre cet instant réjouissant.

Mais enfin est venu ce moment béni des cieux, celui qui à lui tout seul justifie toutes les avanies capillaires : celui de m’asseoir dans le fauteuil du bac à shampooing et de me laisser aller aux mains expertes de la coiffeuse. J’ai donc commencé à faire le vide en moi et je me suis préparée à vivre pleinement cet instant de grâce suprême du triturage du cuir chevelu.

Dans le fauteuil d’à côté, une autre cliente avait pris place et a engagé la discussion avec le coiffeur qui s’occupait d’elle.

Et là… ça a été le drame.

Je vous retranscris leur discussion telle qu’elle s’est tenue à quelques centimètres de moi :

Ce fut la fin, j’ai su que je ne pourrais pas mettre de côté mon métier, y compris le temps d’un passage chez le coiffeur : j’essaie de m’en protéger mais ce sentiment d’être devenue un cancrelat professionnel en devenant enseignante continue régulièrement de me heurter à l’insu de mon plein gré. Même la tête renversée dans un bac à shampooing.

Alors j’essaie d’en rire, par exemple le temps d’une chronique jetée par ici.

Ah au fait, juste pour la petite histoire, j’ai compris en continuant d’entendre ma voisine de fauteuil déverser son flot incessant de commentaires qu’elle-même n’a jamais eu besoin de travailler un seul jour de sa vie et le vit tout à fait sereinement.

Ça doit être ça « la vraie vie » dont je ne me rends pas compte, moi, professeur des écoles et fonctionnaire.

Et tant mieux.

Une chronique de Sophie Pouille

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