Le projet classe LAB

Vendredi 15 juin, nous avons inauguré dans notre collège une classe LAB. Le terme de classe LAB (pour LABoratoire) est assez neuf dans le jargon de l’Éducation Nationale puisqu’on l’a vu apparaître l’année dernière, peu après le lancement du Plan numérique pour l’éducation de 2015. Au cours des décennies 2000 et 2010, c’est le terme de learning labs qui est employé pour désigner des lieux d’expérimentation et d’innovation pédagogique, en français des laboratoires d’apprentissages. Ces expérimentations menées principalement dans l’enseignement supérieur ont finalement essaimé dans le secondaire dans le cadre d’un appel à projets du plan numérique 2017.

Pourquoi notre collège ?

Depuis 2014, nous avons constitué dans notre collège une équipe de professeurs tentée par l’introduction des tablettes en classe comme le montrent nos premiers retours d’expériences. Suite à cette expérimentation sans aide institutionnelle, nous avons sollicité le conseil départemental qui a par deux fois doté l’établissement de tablettes. Mais pour tout dire, l’appel à projet classe LAB était passé sans que nous y prêtions attention jusqu’au travail sur le contrat d’objectifs réunissant notamment le Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale, le conseil départemental et des membres de l’équipe du collège. À ce moment, nous faisons le constat d’une baisse importante de nos effectifs (perte de 3 classes) dans un territoire fragilisé économiquement et socialement. L’ouverture d’une section sportive supplémentaire est proposée pour renforcer l’attractivité de notre collège public. Les autorités académiques et départementales au fait des usages du numérique en développement dans le collège nous incitent à faire acte de candidature pour une classe LAB, ce que nous faisons dans la foulée. C’est ainsi que s’est enclenché un projet concerté avec les collectivités locales, les services académiques et un autre établissement. Pendant un an, au fil des rencontres, le projet d’une classe proposant de nouvelles formes de travail et d’apprentissage a vu le jour.

Une classe LAB, pour faire quoi ?

Bouleverser l’architecture scolaire pour rendre les élèves vraiment acteurs de leurs apprentissages, tel est l’objectif des classes laboratoires. Il s’agit d’expérimenter de nouvelles postures pour les enseignants et les élèves afin de faciliter la différenciation, les usages du numérique et le travail collaboratif. Dans cette salle de classe de demain, les enseignants pourront faire bénéficier leurs classes des plus-values pédagogiques qu’apportent les tablettes mais pas seulement. Pas besoin de numérique pour créer un environnement de travail propice à une pédagogie plus active. Le mobilier modulable amène de nouvelles postures et crée des espaces de travail différents : ainsi, on peut élaborer des scénarios pédagogiques où l’élève peut s’isoler pour mieux mémoriser, se regrouper pour coopérer ou débattre. Notre classe LAB a un coût (35 000 €) et nous serons chargés de faire des retours sur l’efficacité pédagogique d’un tel investissement car ceux-ci sont encore peu nombreux.

Une identité pour la classe LAB

Les classes LAB qui ont été créées dans l’académie de Lyon avaient chacune choisi un nom pour renforcer l’identité du lieu et de l’établissement et raconter aussi ce qu’on y fait. Étant donné le passé minier de Firminy (à côté de Saint-Étienne) et la situation de la salle en rez-de-chaussée, on va en classe LAB comme on descend à la mine. Un des principes de la classe LAB est de créer un espace partagé pour piocher des idées et remonter des pratiques comme autant de pépites pour faire classe dans nos salles habituelles. Ainsi, on pourrait descendre à la M.I.N.E car…

La classe est Mobile, Modulable et Mutuelle.

C’est un lieu de pratiques Innovantes et Interdisciplinaires

où l’on peut travailler avec ou sans Numérique,

en Équipe et en Expérimentant aux côtés des Élèves une salle plus Ergonomique.

 

Une classe test avant la classe LAB

En tant que référent numérique et porteur du projet, j’ai expérimenté dans ma salle de classe tout au long de cette année d’autres postures prof/élèves et dispositifs comme la classe mutuelle. M’inspirant de pratiques déjà existantes et tirant les enseignements de mes expériences, j’ai pensé ce support de formation à destination de collègues désireux d’oser d’autres pratiques. Comme les projets de classe LAB ont un coût à la fois en temps (dépôt de candidature, construction du projet, constitution d’une équipe et recherche de partenaires…) et en argent, ce diaporama donne quelques clés pour repenser notre espace de travail quotidien afin de l’adapter à une pédagogie plus active et motivante pour les élèves. Pour une proposition de scénarii pédagogiques et autres retours d’expériences, je vous dis à l’année prochaine !

Une chronique d’Emmanuel Grange

Une réponse

  1. Bonjour,

    Enseignant d’HG comme vous, je lis régulièrement vos propositions.
    La question de l’aménagement de l’espace de la classe est certainement importante. On travaillera certainement d’autant mieux que les élèves (et leur professeur) se sentiront bien dans leur salle. Ce qui est vrai pour les adultes (cf. les polémiques autour des open space) l’est certainement pour les enfants. J’avoue même que j’aimerais bien qu’on aille jusque-là : https://www.youtube.com/watch?v=PkKGDF4QUGg

    Cependant… ce LAB, qui permet de revoir aussi la place de chacun dans la classe en fonction de son aisance, me laisse sceptique et rêveur.
    Sceptique, sans doute par préjugé et méconnaissance : je n’ai pas suivi votre projet bien sûr, mais je me demande toujours comment, même en modifiant plus ou moins profondément les activités et les modalités, on parviendra à faire en sorte que les enfants disposent enfin des pré-requis qui leur permettront d’avancer dans une matière comme la nôtre, hyperchargée, s’ils n’apprennent pas leurs cours. Susciter l’envie en classe, c’est un gros « plus ». Mais, si le travail de fond n’est pas fait ensuite.
    On pourrait imaginer que ce travail de fond ne se fasse pas, mais alors quid du DNB ? Des outils intellectuels indispensables pour le lycée ? Vous créez des oasis dans le désert. Mais celui-ci est immense, et il va falloir quand même le traverser. En d’autres termes, les enfants vont travailler – peut-être – avec plus d’envie, plus de confiance, mener au bout études de cas et tâches complexes. Mais si 15 jours plus tard ils placent toujours le Pacifique à la place de la Méditerranée, et Staline pas trop loin de Louis XIV…, ces efforts sont un peu vains, non ?

    Rêveur, ensuite, parce qu’évidemment, votre travail, votre réflexion ouvrent des pistes. On sent bien que ce sont des directions intéressantes. Mais il nous manque des clés : si on ne change pas les exigences des programmes, il nous faut trouver aussi le moyen de faire mémoriser pour que nos élèves disposent de références pour progresser. Et là…

    Merci en tout cas de votre article que je vais proposer à des collègues.
    T.

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