Mieux comprendre la phobie scolaire

Un article très complet du Monde du lundi 16 octobre dernier réservé aux abonnés s’intéressait à la phobie scolaire. Je vous en livre les points principaux :

Qui sont les enfants concernés ?

« Dans les pays occidentaux, ces phobies scolaires toucheraient de 1 % à 5 % des jeunes d’âge scolaire – les filles autant que les garçons. « Cela atteindrait 30 % des jeunes au moins une fois dans leur scolarité », avance David Gourion, psychiatre. On évoque souvent trois pics de fréquence : à 6-8 ans, 11 ans et 14-15 ans, qui correspondent à des transitions éducatives. » (A savoir, principalement les entrées au CP, au collège et au lycée).

Combien d’enfants sont touchés ?

« Les phobies scolaires représentent 5 % à 8 % des consultations de pédopsychiatrie en France. Mais 60 % à 70 % au Japon, où la compétition sociale est maximale ! », relève la professeure Marie-Rose Moro, directrice de la Maison de Solenn. « J’en vois de plus en plus, assure David Gourion. La pression de performance augmente. Notre société en crise promet 30 % de chômage aux moins de 25 ans, ce qui stresse énormément les parents. Ils répercutent leurs attentes sur leurs enfants. Or, l’anxiété de performance est un des déterminants de bien des phobies scolaires. » »

D’où vient la phobie scolaire ?

Les causes de ce refus anxieux ne sont pas forcément en lien direct avec l’école !

« Souvent, c’est une intrication complexe de facteurs individuels et environnementaux. Parmi les facteurs individuels, les troubles psychiatriques associés les plus fréquents sont les angoisses de séparation (22 % des cas), l’anxiété généralisée (11 %), un trouble des conduites (11 %), un épisode dépressif (5 %), une phobie spécifique ou sociale (8 %). Dans 32 % des cas, on ne trouve rien. (…)

Les troubles des apprentissages – dyslexies, dyspraxies, dyscalculies… – sont des facteurs favorisants. Avec, souvent, un ­effet boule de neige. « Une dyslexie peut ­entraîner une mauvaise estime de soi, des mauvaises notes, des remontrances, un ­découragement, qui provoquent anxiété et troubles du sommeil. Le jeune cherche à compenser par du cannabis, qui favorise une dépression », analyse David Gourion.

Parmi les facteurs externes, on trouve parfois un événement traumatique ou le deuil d’un proche. Ou encore l’enfant peut avoir peur de laisser seul à la maison un adulte qui souffre de dépression avec un risque suicidaire, par exemple. Mais le plus souvent, ce sont des situations de violence. « Chez 25 % à 33 % des enfants en ­situation de phobie scolaire, on trouve un harcèlement à l’école ou sur Internet, indique Nicole Catheline, pédopsychiatre en milieu hospitalier à Poitiers. »

Quel type de prise en charge peut fonctionner ?

Evoquant les caractéristiques de la prise en charge thérapeutique telle qu’elle est offerte à La Maison de Solenn, la journaliste montre que celle-ci :

  • s’inscrit souvent dans le temps, parfois sur plusieurs années,
  • est multidisciplinaire (associant psychiatre, psychologue, professeur, animateur…)
  • alterne thérapie individuelle et thérapie de groupe
  • offre un soutien à la famille entière

Pourquoi offrir une prise en charge rapide ?

La journaliste Florence Rosier explique que la phobie scolaire est encore méconnue du côté de l’école et que cette méconnaissance, associée à la difficulté pour les parents d’avoir des rendez-vous chez des psychiatres, retarde la prise en charge et peut conduire à une aggravation de la situation :

« Un refus scolaire risque d’évoluer vers une phobie sociale. Le jeune refuse de sortir de chez lui, ne veut plus se lever le ­matin, renonce aux loisirs qu’il aimait, se coupe de ses amis. Reclus, il s’isole toujours plus. Pour beaucoup, venir dans un lieu de soins est leur seule sortie. »

Que deviennent ces enfants au fil du temps ?

Lorsque les élèves ont quitté l’école, ils peuvent y revenir de différentes manières :

« La rescolarisation commence souvent par « L’école à l’hôpital » (…). Ensuite, les jeunes peuvent retourner dans leur établissement d’origine, pour quelques cours par semaine. Les projets d’accueil individuels (PAI) le permettent. (…) Il existe d’autres possibilités : micro-lycées, lycées des décrocheurs (Pôle innovant lycéen), initiatives comme « La Ville pour école », dispositifs soins-études… Le CNED (cours par correspondance) peut être un recours temporaire, mais la motivation est difficile. Et puis, il y a des établissements hors contrat. »

« En l’absence d’études rigoureuses, les experts s’accordent sur un taux de reprise de l’école compris entre 40 % et 60 %, pour les jeunes correctement pris en charge. « C’est bien, mais il faut faire mieux. De plus, même en cas de résolution du refus scolaire, plus de la moitié des enfants conservent des troubles psychiatriques, souvent de type anxieux », résume le docteur Gourion. »

Pour plus d’information sur ce sujet, je vous renvoie à trois articles déjà publiés sur ce thème dans ce blog :

La phobie scolaire

Le flou de la phobie scolaire.

Phobie de la folie scolaire ?

Nathalie Anton

Image : Le Cri, E. Munch, 1883.

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