Un nouveau pré-Néandertalien : l’homme de Tourville-la-Rivière

Une équipe d’archéologues de l’Inrap a mis au jour, sur le site préhistorique de Tourville-la-Rivière (Seine-Maritime), les vestiges d’un pré – Néandertalien.

Situer l’Homme de néandertal (homo neanderthalensis)?

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Malgré les nombreux sites très anciens exhumés depuis la fin du XIXe siècle, les fossiles humains du Pléistocène moyen (781 000 – 128 000 ans) restent extrêmement rares en Europe du nord-ouest.

« Cette découverte  va permettre de faire avancer la compréhension de la dynamique du peuplement des Néandertaliens, de leur apparition, il y a quatre cent cinquante mille ans, à leur disparition, il y a environ trente mille ans » précise Jean-Philippe Faivre, chargé de recherche au CNRS

 

Le site de Tourville la rivière ?

Le site en plein air de Tourville-la-Rivière a été découvert en 1967 dans une carrière de gravier (Vallée de Seine).

vignettes site de Tourville-la-rivière @ plosone

Les restes humains découverts?

Les vestiges humains fossiles se composent des trois os longs du bras gauche d’un même individu (humérus, cubitus et radius) de la lignée néandertalienne.

La  datation (isotopes radioactifs de la série de l’Uranium 238) des fragments  fossiles permet d’estimer la période d’occupation humaine sur le site de Tourville entre -183 000 et -236 000 ans.

Pré NéandertalienLes ossements de l’homme de Tourville, tels qu’ils ont été découverts sur le site de fouille (A, B, C : humérus, D : radius, E : ulna).@ J.-P. FAIVRE/PACEA/INRAP

 » En un siècle, ce fragment de bras est seulement le troisième fossile de pré – néandertalien recensé pour toute l’Europe du Nord-Ouest «  Bruno Maureille

 

Une anomalie sur son humérus :

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L’Homme de Tourville est le premier fossile humain aussi ancien qui révèle, sur
son humérus, une crête inhabituelle à l’endroit de l’attache du muscle deltoïde.
Cette anomalie résulte, selon toute vraisemblance, de la sollicitation du muscle
deltoïde postérieur par un mouvement répétitif – peut-être celui du lancer – qui
peut être comparable à celle observée chez certains athlètes professionnels
contemporains.
Bien que cette anomalie ait eu probablement peu d’influence sur la survie de
l’individu, elle pose des questions sur le comportement individuel et collectif, la
vie quotidienne des homininés du Paléolithique moyen (voir ci dessous).

Les espèces animales découvertes dans la couche sédimentaire où l’on a retrouvé les ossements humains pré néandertaliens sont typiques d’une période interglaciaire:

– Des herbivores grégaires: le cerf, l’aurochs et deux espèces d’équidés (dont l’hydrontin).

– Des sangliers ,  des rhinocéros

– Des carnivores: loup, renard,ours et panthère.

– Des petits mammifères (chats sauvages) ou des rongeurs (castor, lièvre).
Cette accumulation résulte, pour une large part, de phénomènes naturels : des
carcasses animales, entières ou partielles, charriées par le fleuve, viennent se
déposer sur les berges ou sur des bancs de sable de Tourville-la-Rivière.

« Le site a aussi livré des outils tranchants en silex, sans doute utilisés pour dépecer les carcasses d’animaux » Bruno Maureille /CNRS

L’homme de Tourville, pré néandertalien,  évoluait alors dans un paysage mêlant  forêts et espaces couverts d’herbes.

« Toutes ces informations recueillies au cours de notre étude permettent d’avancer un scénario socio-économique dans lequel les berges de la Seine constituaient un lieu d’approvisionnement où les hommes profitaient, en bonne intelligence, des ressources carnées offertes par le fleuve. Tout porte à croire que les hommes passaient régulièrement à Tourville et qu’ils ont répété cette activité, sur une longue durée, au cours d’une phase interglaciaire. Tout cela avec la même gamme d’outils et donc les mêmes savoir-faire transmis génération après génération. » Bruno Maureille/ CNRS

Sources: CNRS, Plosone, journal du CNRS