France : les oiseaux nicheurs en déclin

La mise à jour de la Liste rouge nationale des oiseaux nicheurs entre 2008 et 2016 montre un déclin des oiseaux nicheurs :

La situation s’est aggravée pour 48 des 284 espèces recensées sur le territoire métropolitain : un tiers des espèces des oiseaux nicheurs est désormais menacé, contre un quart en 2008 !

Seulement 15 espèces ont vu leur statut s’améliorer .

Oiseaux nicheurs :quelles sont les raisons de leur déclin?

  • l’intensification des pratiques agricoles et la régression des prairies naturelles:

Il y a moins de jachères et de chaumes disponibles pour nourrir les oiseaux comme le Chardonneret élégant, le Verdier d’Europe et le  Serin cini ( leur déclin s’est sévèrement aggravé en 10 ans )

Verdier d’Europe  Auteur  Andreas Trepte, www.photo-natur.net. Creative Commons Attribution-Share Alike 2.5 Generic

 

  • La dégradation des habitats des milieux humides :

Le  Blongios nain (un petit héron) a vu ses effectifs réduits de moitié en l’espace de 12 ans ; il est  désormais « En danger »

La population nicheuse de la Bécassine des marais est aujourd’hui réduite à moins de 50 oiseaux , elle est classée « En danger critique ».

  • l’artificialisation des berges et de la pollution de l’eau réduisent les ressources alimentaires :

le Martin-pêcheur d’Europe est désormais placé dans la catégorie « Vulnérable »

.la Pie-grièche à poitrine rose est maintenant classée « En danger critique » et menacée de disparition

Pie- griéche à poitrine rose

Quelles sont  les actions de conservation menées sur le terrain pour la sauvegarde des oiseaux nicheurs ?

En voici quelques exemples :

  • La loi de 1976 a permis d’interdire progressivement la destruction de nombreuses espèces et de favoriser le développement d’espaces protégés.
  • Les actions de protection des zones humides ont amélioré la situation de quelques échassiers (  Crabier chevelu,  Spatule blanche)
  • Programmes de réintroduction de certaines espèces( Vautour Moine dans les Grands Causses)

 Ces actions ne sont pas suffisantes, elles doivent être renforcées

pour écarter le risque de voir disparaitre ces oiseaux nicheurs en France.

Il est grand temps de tirer la sonnette d’alarme. qu’attendons nous pour réagir plus efficacement ?

Publication, résultats détaillés et bilan des évolutions entre 2008 et 2016 disponibles sur :
www.uicn.fr/liste-rouge-oiseaux.html

inpn.mnhn.fr/actualites/lire/6961

 Communiqué de presse (septembre 2016)
Tableau synthétique avec catégories et critères
• Synthèse des changements de catégories entre 2008 et 2016
• Publication : UICN France, MNHN, LPO, SEOF & ONCFS (2016). La Liste rouge des espèces menacées en France – Chapitre Oiseaux de France métropolitaine. Paris, France.

Source partielle de l’article UICN[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=t1Vlkw6Q0CQ[/youtube]

Du mimétisme il y a 270 millions d’années.

Une sauterelle capable de mimétisme: Une équipe de chercheurs vient de décrire le plus ancien cas de mimétisme avéré chez les insectes dans un article publié dans la revue Nature Communications. Cette nouvelle découverte affine la compréhension de la biodiversité d’il y a 270 millions d’années (Ma).

Le mimétisme?

« Le mimétisme est l’art de prendre l’aspect d’un élément de leur milieu de vie. Cette imitation peu se faire par la forme, les couleurs, les sons émis et le comportement. » Dictionnaire Hachette

Nous savions déjà que les phasmes du Crétacé inférieur pratiquaient déjà le mimétisme

Les phasmes ?

Les phasmes sont des insectes  connus pour leurs extraordinaires capacités mimétiques : leur morphologie et leur comportement leur permettent de duper les prédateurs en imitant des branches, des feuilles ou des écorces, essentiellement de plantes à fleurs.

Les phasmes du crétacé ?

phasmes crétacé

mimétisme

À gauche : Cretophasmomima melanogramma – mâle dont les ailes présentent les bandes sombres caractéristiques. © MNHN/ O. Béthoux
À droite : Membranifolia admirabilis. © F. Jacques

Des scientifiques d’une équipe internationale et pluridisciplinaire, dont Olivier Béthoux du Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements (Muséum national d’Histoire naturelle/CNRS/UPMC), ont déterminé que des phasmes avaient développé dès le Crétacé inférieur la capacité d’imiter des plantes de leur environnement. Cette découverte, fondée sur l’étude d’une nouvelle espèce d’insecte fossile trouvée en Chine, est publiée aujourd’hui dans PLOS ONE.

Téléchargez le communiqué de presse : cp_mnhn_bethoux_19042014

Mimétisme : Cette découverte concerne une  sauterelle datant du Permien ( 270MA)

Cette sauterelle douée de mimétisme  est exceptionnellement bien préservée.
Ce spécimen, découvert au dôme de Barrot dans les Alpes-Maritimes, représente la plus ancienne sauterelle connue (Orthoptère Tettigoniidae), reculant
l’âge d’apparition de ce groupe de plus de 100 MA.

image 1

Les ailes de cette sauterelle rappelle celles des « sauterelles-feuilles » actuelles, connues et très diversifiées dans les régions intertropicales humides. Un constat qui laisse supposer que cet insecte du Permien était donc mimétique de feuille.

image 2                                                                                                                                     Légendes des photos ci-contre : Image 1 : Permotettigonia gallica (Orthoptère Tettigoniidae), photographie de l’aile antérieure © R. Garrouste, MNHN Image 2 : Reconstitution de Permotettigonia gallica (Orthoptère Tettigoniidae) sur une feuille de Taeniopteris sp. © C. Garrouste

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« La découverte de ce fossile apporte ainsi de nouvelles clés de compréhension sur les interactions entre organismes vivants, véritables moteurs de l’évolution des espèces. En effet, ces sauterelles mimétiques tentaient déjà d’échapper à leurs prédateurs en prenant l’aspect de feuilles. Les prédateurs pouvaient être des reptiles planeurs connus à la même époque dans des gisements différents (Madagascar, Allemagne) ou des libellules « géantes » source CNRS

Télécharger le dossier du CNRS ici:

2016_12_20_cp_nature_communications_decouverte_du_plus_vieil_insecte_mimetique

Au Groenland la neige s’assombrit et la fonte s’accélère

Depuis 2009, des impuretés se déposent au  Groenland : la neige n’est plus d’un blanc immaculé. Cet assombrissement a contribué à la récente fonte accélérée de la calotte et pourrait amplifier son réchauffement.

Groenland

A voir dans la publication du 8 juin (Nature Geoscience)des chercheurs de Météo-France et du CNRS.

Des précisions sur cette situation au Groenland

L’énergie solaire absorbée par la surface de la calotte du Groenland dépend de la « blancheur » de la neige qui la recouvre et de son albédo

L’albédo ?

L’albédo est le rapport entre l’énergie solaire réfléchie par une surface et l’énergie solaire incidente. Il est égal à 0 pour un corps parfaitement noir et à 1 pour un corps parfaitement blanc.

Voir l’animation L’effet d’albédo sur www.cea.fr

Au Groenland, l’assombrissement augmente, l’albédo diminue et la calotte fond.

L’albédo  varie  avec la taille des grains de neige et la quantité d’impuretés absorbantes contenues dans le manteau neigeux.

  • Les grains de neige:

Sous l’effet du réchauffement climatique, la température estivale de la neige de surface augmente et  entraîne un grossissement des grains de neige.

Ce grossissement entraîne  une diminution de l’albédo et donc une augmentation de l’absorption de l’énergie solaire par la surface (qui amplifie le réchauffement initial ) …. plus le réchauffement climatique augmente plus les grains de neige sont gros … et ainsi de suite …

  • les impuretés minérales au Groenland:

Depuis 2009, grâce à des satellites , Marie Dumont du Centre d’études de la neige du CNRM-GAME (CNRS/Météo-France) et ses collègues ont mis en évidence que la neige présente à la surface du Groenland au printemps et en été était moins blanche qu’auparavant.

La nouveauté concerne le printemps : cette étude montre pour la première fois que l’assombrissement est à cette saison lié à la présence croissante d’impuretés d’origine minérale dans la neige.

Ces poussières minérales (disponibles par une fonte plus précoce de la couverture neigeuse saisonnière aux hautes latitudes) seraient transportées par le vent et se déposeraient sur la calotte du Groenland.

 L’augmentation possible du dépôt d’impuretés  au Groenland doit donc être prise en compte dans les projections climatiques de l’évolution de l’état du Groenland et de son effet sur l’élévation du niveau des mers.

Le fonctionnement des tortues du manchot empereur élucidé

Faire la tortue pour économiser l’énergie 

Le manchot empereur se reproduit pendant l’hiver antarctique et doit supporter des températures aussi basses que -50 ° C et une vitesse du vent allant jusqu’à 200 km/h.manchot empereur

Chaque année, le manchot empereur mâle reste couver l’œuf sur la banquise durant plus de soixante jours pendant que la femelle part pêcher.

manchot empereur jpg

Pour résister, une seule solution pour le manchot empereur: faire la tortue

Les manchots empereurs se serrent les uns contre les autres au sein d’une formation compacte, appelée la « tortue » : à l’intérieur d’une tortue, les températures peuvent avoisiner les 37 °C, soit une température proche de la température corporelle du manchot.

Ce comportement leur permet ainsi d’économiser l’énergie nécessaire à l’incubation de leur œuf au cours de leurs 4 mois de jeûne: leurs dépenses énergétiques  sont réduites de 21 à 26%.

La formation de « tortues » par les adultes reproducteurs est certainement l’une des formes les plus abouties de la thermorégulation sociale dans le monde animal.

La formation de « tortues » denses est influencée seulement par la baisse des températures extérieures.

Le réchauffement de la planète pourrait- il  avoir un impact négatif sur ce comportement de thermorégulation sociale ?

Une diminution des regroupements  diminuerait l’économie d’énergie des  mâles. Ils brûleraient  donc plus vite leurs réserves de graisse et pourraient être moins efficaces dans leur quête de nourriture à leur retour en mer.

[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x6ylfv_hiver-antarctique-comment-les-manch_animals[/dailymotion]

Néanmoins, ce qui se passait au sein de cette tortue restait encore mystérieux…

 Des chercheurs révèlent que les manchots s’y déplacent imperceptiblement, selon un modèle proche des embouteillages automobiles.

  Quand la température frôle les -30 ° et que le blizzard souffle, les manchots empereurs se serrent les uns contre les autres en une formation appelée « tortue ». © CNRS/DEPE/IPEV

Grâce à des vidéos tournées près de la base scientifique française de Dumont d’Urville, en Antarctique, et au travail de modélisation effectué par une équipe de biophysiciens allemands, on en sait désormais plus sur le fonctionnement intime des tortues.

RTEmagicC_42782_Manchots_tortue-f-amelineau-ens-lyon_txdam33380_9dd4e4Mâles de Manchots empereurs (Aptenodytes forsteri) durant l’incubation. Ils tiennent leurs œufs sur leurs pattes. source Ens-lyon.fr

Elles bougent imperceptiblement, toutes les demi-minutes environ, selon une onde de propagation proche de ce qui se passe dans les embouteillages automobiles.

« Il suffit qu’un manchot empereur, situé au centre ou en périphérie de la tortue, se déplace d’un ou deux centimètres, pour que l’ensemble du groupe se mette à bouger. Pour éviter que l’air froid ne s’engouffre, son voisin comble l’espace laissé vacant, et ainsi de suite… », décrit André Ancel, chercheur CNRS au Département d’écologie, physiologie et éthologie de l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien, qui cosigne l’article paru dans le New Journal of Physics.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=Yeu90S1PKlE&list=UUP458PTuhYm_LHZIyB3NZvA[/youtube]

L’intérêt de ces déplacements incessants est que les individus exposés au froid, sur les bords de la tortue, soient remplacés régulièrement. Mais ce ne serait pas le seul intérêt…

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New Journal of Physics 15 (2013) 125022
1367-2630/13/125022+17$33.00 © IOP Publishing Ltd and Deutsche Physikalische Gesellschaft

Les chercheurs tentent désormais de déterminer si ces « vagues » régulières n’ont pas aussi la fonction de faire tourner l’œuf entre les pattes du mâle, afin que sa température reste homogène (il est exposé à la fois à la chaleur de la poche incubatrice du père et au froid des pattes sur lesquelles il est posé).

sources partielles de l’article :

  • The origin of traveling waves in an emperor penguin huddle, publié dans New Journal of Physics le 16 décembre 2013 par R C Gerum, B Fabry, C Metzner, M Beaulieu, A Ancel et  D P Zitterbart; document PDF ici : 1367-2630_15_12_125022
  • CNRS.fr