L’Antiquité grecque a la cote !

Durant l’été 2017, chaque samedi soir (entre 19h et 20h) sur France inter, Sylvain Tesson (écrivain voyageur) a pu enchanter des millions d’auditeurs invités à passer « Un été avec Homère », voyage entre la mythologie et le monde d’aujourd’hui.

Cette émission a donné lieu ensuite à un essai publié en avril 2018 aux éditions des Équateurs.

Cet été en revanche, toujours sur la même station de radio publique et à la même heure, c’est à Giulia Sissa (historienne, philosophe et anthropologue italienne) que fut confiée la tâche de nous conter « La vraie vie des héros de l’Antiquité ». Cliquer sur l’image pour accéder aux épisodes de l’émission

Et voici aujourd’hui la chaîne de télévision Arte qui nous propose en cette rentrée de septembre un programme court, lui aussi axé sur la mythologie grecque : 50 nuances de Grecs. Rires garantis… tout en s’instruisant !

Ceux qui connaissent déjà la mini série animée Silex and the City (180 épisodes sur 5 saisons), adaptée de la bande dessinée de Jul qui revisitait alors la préhistoire (7 albums), apprécieront ce nouveau détournement humoristique du même auteur, centré cette fois sur les grands mythes de l’Antiquité grecque. L’album de Jul et Charles Pépin (tome 1 publié fin 2017 chez Dargaud) porte d’ailleurs le sous-titre « Encyclopédie des mythes et mythologies ».

  

Alliant érudition et humour, Jul transpose les mythes de l’Antiquité au XXIe siècle ; l’occasion donc de parler philosophie mais aussi de l’actualité (ex : crise des migrants, politique) et des travers de notre sociétéCi-dessous, l’épisode sur la Règle de Troie

Certes, il est sans doute préférable d’avoir des connaissances préalables ou certaines références (en politique notamment) sur cette période de l’Histoire et la mythologie grecque en particulier pour apprécier l’ouvrage et/ou sa version animée dans toute sa mesure. Mais parce que les enfants aiment les histoires, les plus jeunes sauront eux aussi y trouver leur compte…

50 nuances de Grecs est diffusé sur ARTE les lundi, mercredi, jeudi et vendredi à 20h30. Cliquer sur l’image pour accéder au site

Le Perito Moreno, un glacier en équilibre

Alors qu’aujourd’hui la plupart des glaciers ont disparu ou sont en recul et menacés de disparition à plus ou moins brève échéance (à l’image des glaciers alpins tel celui de Sarennes), il en est au moins un qui se démarque de cette tendance lourde : le glacier Perito Moreno, en Patagonie (Argentine) ; l’un des plus grands du monde (250 km²). Ci-dessous vue satellite du glacier. Cliquer sur l’image pour accéder au site. 

Situé dans le parc national Los Glaciares de la province de Santa Cruz, le glacier doit son nom à un expert (perito en espagnol), l’explorateur et naturaliste argentin Francisco Moreno (1852-1919). C’est, notamment, pour avoir beaucoup étudié la région et ainsi contribué à préciser la frontière entre le Chili et l’Argentine (via le tracé de la ligne de partage des eaux), que l’homme fut honoré par sa patrie qui donna son nom au fameux glacier.

Grâce aux montagnes et à l’océan Pacifique (pourtant éloigné d’environ 100 km), le glacier peut se maintenir et même avancer de deux mètres par jour en direction du lac Argentino qu’il coupe en deux. Cela ne manque pas de provoquer des effondrements de blocs de glace dans l’eau, un spectacle qui attire…

Au point que l’endroit est devenu un site touristique majeur du sud de la Patagonie, le glacier pouvant même être observé dans son ensemble depuis un circuit de promenade aménagé à cet effet.

Ce « monstre blanc » n’en demeure pas moins fragile, l’augmentation de la température terrestre n’augurant rien de bon. Bien préservé jusqu’à aujourd’hui, souhaitons malgré tout qu’il le reste encore longtemps !

Un défi complètement fou… mais réussi !

Il y a un an (le 13 juillet 2017), le navigateur Yvan Bourgnon partait à l’aventure pour un sacré défi : le passage du Nord-Ouest à bord d’un catamaran de sport non habitable et non motorisé. Se donnant alors deux mois pour rejoindre le Groenland depuis l’Alaska, il lui aura finalement fallu un peu plus (71 jours) pour parvenir à bon port (le 22 septembre) : les aléas de la navigation et de la météorologie (froid, icebergs, tempêtes, vents catabatiques)…

Récompensé par la Manille d’or (attribuée au navigateur le plus remarquable de l’année), il a témoigné de son périple, à la radio, à la télévision et dans un livre (Conquérant des glaces, paru en mars 2018).

Où l’on apprend que si Yvan Bourgnon a réussi son pari incroyable, ce ne fut (évidemment) pas sans douleurs ni dangers. Il a parfois vécu l’enfer et connu la peur.

Un dessinateur, Bertrand Corbel (convoyeur de voiliers et skipper au large à une époque), a relaté quotidiennement ce périple (grâce à ses entretiens au téléphone satellite avec le navigateur) à travers des illustrations publiées sur Facebook.

Ce travail a donné naissance à un livre d’illustrations, sorte de carnet de voyage, retraçant le défi arctique d’Yvan Bourgnon.

Une autre manière de découvrir (et vivre) ce pari fou mais réussi !

Une BD sur le Rapport Brazza

La France coloniale en accusation

Le sujet est douloureux mais regarder son passé en face est une nécessité. La colonisation demeure une thématique qui suscite de multiples réactions, d’un côté comme de l’autre ; avec parfois des excès.

Le Rapport Brazza. Mission d’enquête du Congo : rapport et documents (1905-1907) n’échappe pas à la règle. Rédigé par Pierre Savorgnan de Brazza, qui a donné son nom à la capitale (Brazzaville) de l’actuelle République du Congo, il dénonce les violences et atrocités perpétrées par les pays colonisateurs (comme la France) à l’encontre des populations autochtones (indigènes ou locales).

Ce rapport est aujourd’hui publié sous la forme d’une bande dessinée au titre évocateur : Le Rapport Brazza. Le premier secret d’État de la « Françafrique » (Futuropolis, juin 2018).

Le terme de Françafrique, péjoratif, désigne la relation spéciale (néo-coloniale pour certains) établie entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique (subsaharienne ou centrale). Aujourd’hui, on parle cependant davantage de Chinafrique (dont l’Éthiopie serait un symbole fort) pour illustrer les relations étroites entre la République populaire de Chine et de nombreux États africains.

Les auteurs de la BD, Tristan Thil et Vincent Bailly, racontent ainsi en images le travail d’enquêteur mené par l’explorateur Savorgnan de Brazza, missionné par les parlementaires français pour démontrer que « l’affaire Gaud et Toqué » (du nom de deux administrateurs coloniaux français de l’actuelle Centrafrique en février 1905) n’était qu’un cas isolé ; malheureux certes, mais ne pouvant en aucune façon être généralisé. La mission de quatre mois conduite par l’humaniste de Brazza au Congo apportera pourtant les preuves du contraire…

Le rapport se révèle d’ailleurs si accablant pour la France que le ministre des Colonies (Raphaël Milliès-Lacroix) décide en 1907 d’en interdire la publication. Il ne sera donc jamais rendu public ! Néanmoins, dix exemplaires avaient été imprimés, classés « confidentiels » puis enfouis dans les archives gouvernementales… Au nom de la raison d’État.

Il faudra attendre 2014 pour que le rapport sorte enfin de l’oubli, grâce à Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne spécialiste de l’Afrique. Dans la vidéo ci-dessous, elle raconte notamment les circonstances de sa découverte en 1965-1966.

Savorgnan de Brazza

2000 ans d’histoire sur France Inter avait consacré une émission à l’occasion du 100e anniversaire de la mort de l’explorateur, le 14 septembre 1905.

France culture, dans l’émission Une vie, une œuvre datée du 23 août 2014, revenait également sur l’explorateur Savorgnan de Brazza.

Des sources d’information sur le web qui décoiffent

Parmi les créations de séries web originales et/ou adoptant un ton décalé voire grinçant, voici deux ressources qui méritent le détour et qu’on s’y attarde.

Data Gueule se présente comme une émission qui décrypte, décortique et explique une actualité ou un fait de société (ex : l’évasion fiscale, la surpêche, le tabac, les containers, le sucre), à partir d’une multitude de données chiffrées (les data) communiquées à un rythme d’enfer par une voix off (celle de Julien Goetz). Autrement dit, le spectateur en prend plein la figure !

Programme court (généralement compris entre 4 et 10 minutes), la série est apparue en 2014 sur France 4 et YouTube. Le succès a été immédiat ; aujourd’hui, la série compte plus de 80 épisodes. Il est vrai que « déconstruire des mécanismes, avec de l’humour et si possible un prisme historique » permet de mieux faire comprendre bien des choses ; et notamment ce qui ne tourne pas rond.

On devine aussi tout le travail de recherche et d’écriture qu’exigent ces « pastilles » ; et dès lors que tout est chiffré et vérifié, difficile de contester… Au contraire des accusations et/ou réprimandes dont peut être victime l’émission Cash Investigation sur France 2. Rappelons à cette occasion que Data Gueule est co-développée avec les producteurs de l’émission d’Elise Lucet. Cliquer sur l’image pour accéder aux émissions.

Le data journalisme, qui consiste ainsi à mettre à la disposition du public des données statistiques pour mieux analyser une information, a le vent en poupe. En contribuant à développer l’esprit critique des individus, on ne peut que se féliciter de cette nouvelle forme de journalisme de données qui « s’attache aux chiffres et aux représentations graphiques afin de rendre intelligibles des informations complexes ».

Pour accéder aux émissions Data Gueule sur YouTube, cliquer ici.

Horror humanum est (H²E) est une web série documentaire ou d’animation dont le but affiché est de « remettre en mémoire quelques jalons sanglants de l’Histoire humaine ». Et dans ce domaine, il y a de quoi faire ! Les « méfaits commis au nom de logiques sociales et culturelles » sont légion. Citons pêle-mêle le Grand Bond en avant, la Saint-Barthélémy, Verdun, la Roue…

Le projet, né en 2012, est celui de Cédric Villain, à la fois enseignant d’Arts Appliqués et réalisateur de films d’animation. Fort de 55 épisodes, sa série n’a malheureusement jamais trouvé de diffuseur ; c’est pourquoi il a opté pour une diffusion en ligne (voir ici).

Il réalise tout de A à Z, seul devant son ordinateur et ses petits outils comme il dit. Et malgré son manque de moyens, ce graphiste intéressé par l’Histoire réussit en deux minutes à nous faire partager des connaissances sur un ton plein d’humour. En cliquant sur l’image ci-dessous, vous pourrez d’ailleurs découvrir son tutoriel consacré à l’autoproduction et diffusion d’une web série animée.

Horror Humanum Est est un véritable échantillon de créativité humaine, à découvrir.

La Chine dit stop aux déchets des autres

Que chacun garde ses crasses ! Dorénavant, « l’empire du milieu » ne veut plus être la poubelle des pays riches et développés (qui ne traitent que la moitié de leurs déchets, expédiant le reste dans les pays en développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine). Récupérer des produits usagers et recyclables oui, importer des déchets souillés et non triés non ! Ci-dessous, un déchargement de déchets électroniques dans le sud de la Chine en 2014.

La Chine est devenue le premier marché mondial de récupération de matières recyclables. Et si pendant longtemps elle a trouvé intérêt à accueillir sur son sol des déchets solides valorisables (comme les plastiques usagers, papiers, cartons, textiles ou ferrailles), elle refuse aujourd’hui de voir débarquer des produits toxiques et dangereux frauduleusement mélangés aux autres. Des eaux de rivière sont ainsi contaminées. Le reportage ci-dessous, diffusé au JT de France2 le 12 août 2017, est éloquent… Cliquer sur l’image pour lire la vidéo correspondante.

Coup dur pour les pays européens et les États-Unis notamment ! Mais aussi pour des secteurs de l’industrie du recyclage en Chine elle-même…

La décision du gouvernement chinois a ainsi pris de court tous les intéressés (pourtant avertis dès juillet dernier) ; qui vont devoir trouver des solutions de rechange, à court, moyen et long termes.

Si des pays d’Asie voisins de la Chine tels l’Inde, le Pakistan et le Vietnam sont disposés à recevoir ces déchets, il semblerait toutefois que leurs équipements ne soient pas adaptés à ce marché du recyclage.

Les pays européens ainsi que les États-Unis et le Japon vont donc certainement devoir enterrer ou incinérer leurs déchets (méthodes préférables au stockage sur des terrains à ciel ouvert), avant de trouver une solution pérenne… qui pourrait être de mieux retraiter ses propres déchets et d’investir dans de nouvelles technologies de recyclage (l’Europe ne recycle par exemple que 30 % de ses déchets plastiques). Valoriser soi-même donc…

Comptant parmi les plus grands pollueurs de la planète, la Chine se préoccupe néanmoins depuis peu des questions environnementales.

Face au développement de sa classe moyenne, le pays est aujourd’hui confronté lui aussi à une forte production de déchets similaires aux nôtres. Il a donc déjà bien assez à faire avec ses propres plastiques (pour ne citer que les déchets les plus problématiques) qui, issus du pétrole, ne sont pas naturellement biodégradables.

Évidemment, le mieux serait encore de stopper nette la production de plastiques ! D’autant que cette matière pollue les océans et, avec eux, la faune marine et le plancton. Un désastre écologique dont témoignent régulièrement les marins des courses au large.

En Europe, grâce à des lois (comme en 2016 en France), les sacs plastiques ont quasiment disparu de la plupart des grandes surfaces et magasins.

Qui sait donc si, au final, la décision chinoise ne pourrait pas se révéler un mal pour un bien ? L’avenir nous le dira…

Pour que (sur)vive l’information

Parce qu’enquêter pour informer est aujourd’hui devenu dangereux dans plusieurs pays, une plate-forme a été créée pour permettre aux journalistes empêchés de poursuivre leur travail d’investigation de le faire connaître malgré tout.

Car selon le sujet traité et/ou le pays concerné, des hommes et des femmes dont le métier est d’informer sont menacés, emprisonnés et/ou exécutés. Enquêter sur les cartels de la drogue au Mexique, mettre en lumière la corruption dans le milieu politique à Malte (pays de l’Union européenne!), dénoncer les violences perpétrées par les forces russes (notamment en Tchétchénie dans les années 1990 et 2000) sont des activités si dangereuses qu’elles ont valu la mort à leurs auteurs.

C’est pourquoi l’association de journalistes Freedom Voicies Network (fondée en 2016) a lancé le 31 octobre dernier Forbidden Stories pour mettre à l’abri le travail de leurs confrères ; et si nécessaire, le poursuivre pour le finaliser et le publier ou diffuser à leur place.

Il s’agit d’une plate-forme internet sécurisée, jouant un peu le rôle d’un coffre-fort. Si dans le cadre d’une enquête journalistique vous disposez d’informations sensibles, au point qu’elles pourraient vous coûter la liberté voire la vie, vous avez la possibilité de les déposer, de façon anonyme, sur cette plate-forme. Ainsi sauvegardées, les informations ne disparaîtront pas avec vous si vous deviez être empêché(e) de vous exprimer.

Car il est bien question de liberté d’expression, du droit d’informer et donc de liberté de la presse. Le but est donc de relayer coûte que coûte le travail des reporters en danger afin qu’en cas de malheur, l’information soit accessible et rendue publique malgré tout. Comme un pied de nez à ceux qui ont voulu la faire taire…

C’est ce qui est arrivé au journaliste mexicain Javier Valdez, assassiné le 15 mai 2017 alors qu’il enquêtait sur le Cartel de Sinaloa, l’une des organisations criminelles les plus puissantes au monde.

Le même sort avait été réservé à son confrère Cecilio Pineda deux mois plus tôt, le 2 mars 2017, pour avoir dénoncé les liens entre des élus locaux et les narcotrafiquants.

Reporters sans Frontières, qui soutient la plate-forme, a recensé pas moins de 700 journalistes morts dans l’exercice de leur fonction en dix ans !

Peut-être que, grâce à cette plate-forme collaborative, ce chiffre déclinera : à quoi bon tuer un journaliste dès lors que l’information lui survit ?

Garder en vie les histoires, et ceux qui les écrivent : c’est la démarche de travail de Forbidden Stories.

Rappelons que c’est ce type de travail collaboratif entre journalistes du monde entier qui a permis au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) de révéler en novembre dernier l’affaire des Paradise Papers comme avant elle (en avril 2016) les Panama Papers.

Preuve s’il en était que, dans le journalisme comme ailleurs, « l’union fait la force » !

Pour en savoir davantage sur la genèse du projet Forbidden Stories, écoutez l’interview de Laurent Richard, fondateur de la plate-forme (sur France Inter dans l’émission Profession reporter diffusée le 17 décembre 2017). Cliquer sur l’image pour accéder au son

 

L’échec, ça a du bon !

Les musées, en tant qu’institutions culturelles, permettent d’appréhender les liens existant entre l’art, la culture et la société. Après l’ouverture très médiatisée du Louvre-Abu Dhabi en novembre et l’achat retentissant quelques jours plus tard du fameux Salvator Mundi de Léonard de Vinci (tableau vendu aux enchères à New-York pour la coquette somme de 450 millions de dollars ; et devant être prochainement exposé au Louvre-Abu Dhabi), l’art est à l’honneur.

Les musées ont le vent en poupe… et tout s’expose.

Car, de la même façon que tout est objet d’histoire, on pourrait dire qu’aujourd’hui tout est devenu objet de musée. Il suffit de s’intéresser au Museum of failure (« Musée de l’échec ») ouvert récemment en Suède pour s’en convaincre.

En effet, l’échec s’expose ! Penser que seule la réussite se donne à voir ou mérite d’être vue est donc une idée fausse. Il faut au contraire se coltiner à l’échec pour avancer et arriver. Car l’objectif affiché ici est bien de montrer (prouver?) que l’échec n’est pas un obstacle à la réussite… bien au contraire; il serait même très formateur !

Ce musée pour le moins original a été inauguré en juin 2017 à Helsingborg, à l’initiative de l’Américain Samuel West, docteur en psychologie du travail.

Faisant état d’une cinquantaine d’objets inventés aux XXe-XXIe siècles, l’occasion est ainsi offerte d’admirer des fiascos commerciaux de différente nature (ex : médicale, alimentaire, technologique).

Mettre sur le marché des produits innovants et/ou basés sur le seul nom de la marque ne garantit pas forcément l’adhésion des consommateurs. Colgate l’a appris à ses dépens en 1982 avec ses lasagnes au bœuf surgelées : peu ont suivi le roi du dentifrice dans son concept « de la fabrication du repas au brossage des dents ».

D’autres marques de multinationales ont pareillement connu de cuisants échecs à l’image d’Apple en 1993 (avec son Newton, un assistant personnel numérique, ancêtre de l’Ipad) ; Nokia (avec sa console de jeux vidéo portable et son téléphone portable N-Gage en 2003) ; ou encore Coca-Cola (avec sa proposition de Coca Blak en 2006, mélange de Coca-Cola et d’extraits de café). Cliquer sur l’image pour accéder à la vidéo.

Même Trump, riche homme d’affaires élu et investi 45e Président des États-Unis en janvier 2017, a échoué dans sa tentative de vendre des millions de boîtes d’un jeu de société proche du Monopoly : Trump the game (sorti en 1989). Seulement 800 000 exemplaires furent effectivement vendus…

Mais l’homme saura rebondir en 2004 avec la commercialisation du jeu dérivé de son émission de télé-réalité The Apprentice.

Donc, que vous soyez inventeur en herbe ou géo-trouve-tout en mal de succès (ou de reconnaissance), tous les espoirs vous sont permis ! Samuel West sera le premier à vous dire que l’échec nourrit le progrès. Il faut donc rappeler, encore et toujours, que c’est en échouant que l’on progresse ; un échec est toujours enrichissant (instructif et constructif). Il ne faut donc pas avoir peur ou craindre d’échouer !

Samuel West l’affirme à juste raison : « l’échec fait partie de l’innovation ». Mais force est de reconnaître que, dans une société qui vante plutôt la gagne (la win) et rejette la loose, ce n’est pas si facile…

Le Louvre-Abu Dhabi, musée de sable et de lumière

Ou l’art au service du « soft power »

Le musée a été inauguré le 9 novembre dernier à Abu Dhabi, capitale des Émirats Arabes Unis (E.A.U.). Le Président de la République française Emmanuel Macron a fait le déplacement pour visiter le premier musée à porter le nom du Louvre hors de France. En effet, on connaissait déjà le Louvre-Lens (ouvert en décembre 2012) dans les Hauts-de-France ; mais le musée national n’avait encore jamais essaimé hors de l’Hexagone. Une première donc, logiquement fêtée en grandes pompes !

En compagnie de Mohammed ben Zayed Al-Nahyane (l’actuel homme fort des E.A.U.) et d’invités de marque à l’image du roi du Maroc Mohammed VI, le chef de l’État français a ainsi pu admirer le splendide édifice, véritable « écrin des joyaux du classicisme européen » et de toutes les grandes civilisations.

Situé sur l’île de Saadiyat où doit prochainement s’implanter un autre grand nom de la muséographie (le musée d’art moderne et contemporain Guggenheim), le Louvre-Abu Dhabi aura pourtant mis du temps à sortir du sable. Débuté en 2007, le chantier a rencontré maints problèmes, notamment de nature financière. C’est ainsi que, initialement prévue en 2012, l’ouverture du musée fut maintes fois reportée ; jusqu’à enfin accueillir le public le 11 novembre 2017.

Conçu par l’architecte français Jean Nouvel (déjà connu pour des réalisations comme l’Institut du Monde Arabe à Paris en 1981-1987, la Tour Agbar à Barcelone en 2001-2003), ce nouveau musée lui a été inspiré par les médina et coupoles islamiques. L’idée était de bâtir un musée en forme de ville blanche… Pari réussi.

Le monument est constitué de 55 bâtiments cubiques abrités sous un dôme d’acier de 180 m de diamètre, aussi lourd que la Tour Eiffel ! On mesure déjà mieux la véritable prouesse technologique.

Cette coupole (en dentelle d’inox et d’aluminium) n’a d’ailleurs pas qu’une raison d’être esthétique : elle doit également protéger des très fortes chaleurs. En faisant de l’ombre et donc en rafraîchissant la température à l’intérieur du musée, on veut aussi garantir le bien-être des visiteurs.

Ces derniers vont pouvoir déambuler dans une vingtaine de galeries permanentes donnant à voir ou admirer 600 œuvres d’art.

Parmi celles-ci, 300 sont prêtées par 13 musées français (en échange d’une compensation financière d’un milliard d’euros sur 30 ans). On peut citer La Belle Ferronnière de Léonard de Vinci (peinture venant du Louvre, photo ci-dessous), Bonaparte franchissant les Alpes de Jacques-Louis David (toile issue de Versailles), ou encore un Autoportrait de Vincent Van Gogh (en provenance du musée d’Orsay).

Le Louvre-Abu Dhabi se présente comme le premier musée universel du monde arabe. Nouveau temple de la culture, il se veut porteur d’un message de tolérance, permettant le dialogue entre toutes les grandes civilisations. Sa vocation à s’ouvrir aux autres est donc clairement mise en avant.

Principal pays producteur d’hydrocarbures (pétrole, gaz) de la région et du monde, l’émirat d’Abu-Dabi semble vouloir diversifier ses activités ; et gagner en visibilité et influence mondiales. Un peu à l’image de ce qu’a parfaitement réussi le Qatar voisin, petit émirat aujourd’hui grand investisseur: anticipant « l’après pétrole », il est ainsi présent dans une quarantaine de pays et divers secteurs (finance, industrie, tourisme, médias, sports). Déjà propriétaire du club de foot du PSG via QSI, il sera par exemple l’organisateur de la coupe du monde de football en 2022.

Outre des musées de prestige, Abu Dhabi accueille également sur son sol une université non moins prestigieuse que le Louvre : la Sorbonne.

L’Université Paris-Sorbonne Abu Dhabi (UPSAB), fondée en 2006, doit elle aussi contribuer au rayonnement de l’émirat (et de la France). Construite sur le modèle des campus américains, elle accueille aujourd’hui 800 étudiants.

On peut donc lire dans cette nouvelle stratégie géopolitique l’illustration d’un véritable « soft power ». En favorisant les arts, en attirant les touristes comme les étudiants du monde entier, Abu Dhabi montre par la manière douce sa volonté de créer des ponts avec le reste du monde ; d’apparaître comme une nation tolérante et ouverte à la diversité.

Le désir de splendeur rime bien ici avec désir de grandeur… pour le meilleur des relations internationales !

Vestiges de guerre sous-marine

Cet été, en mer du Nord, au large d’Ostende (côte belge), l’épave d’un sous-marin allemand de la Première Guerre mondiale a été localisée à une trentaine de mètres de profondeur.

L’engin, de type U-Boot II (photo ci-dessous), a été découvert par un chercheur et plongeur belge (Tomas Termote) ; le bâtiment de guerre pouvait embarquer une vingtaine de personnes.

Probablement les corps de l’équipage se trouvent-ils toujours à bord. L’appareil, un lance-torpilles de 27 m de long et 6 m de large, se présente dans un très bon état de conservation.

Les dégâts causés à la proue (seule partie endommagée) laissent penser que le sous-marin a été victime d’une mine de contact « stabilisée entre deux eaux, à l’aide d’un câble ancré au sol ».

Durant la Grande Guerre de 1914-1918, l’Allemagne a utilisé le port de Zeebruges comme base de stationnement pour ses Unterseeboote (U-Boote). C’est pourquoi plusieurs épaves de sous-marins allemands ont déjà été retrouvées dans les eaux territoriales belges ; celle repérée cet été serait la 11e. Sur les 19 appareils que comptait la Flandern Flottille allemande, 15 avaient été coulés.

Cette découverte nous rappelle que les côtes belges ont été une zone de combats navals particulièrement intenses entre les Alliés de la Triple Entente (Royaume-Uni, France et Russie) et ceux de la Triple Alliance (Empire allemand, empire austro-hongrois et Italie). Pour neutraliser la flottille allemande, l’Angleterre décidera d’ailleurs en avril 1918 de saborder certains de ses propres navires de guerre à l’entrée du chenal de Zeebruges pour empêcher les bateaux et U-Boote de sortir.

Le « raid sur Zeebruges » ou « l’embouteillage de Zeebruges » demeure un épisode fameux de cette guerre maritime.

C’est pendant la Première Guerre mondiale que le véritable sous-marin, furtif et rapide, est inventé et développé, pour devenir une arme de guerre redoutable et redoutée. En août 1914, à la veille du conflit, les quelques U-Boote allemands existants de type U 1 (construits dès 1906) étaient davantage des torpilleurs pouvant s’immerger en cas de danger.

Le radar et le sonar n’existant pas encore, le submersible est en capacité de se déplacer rapidement et d’attaquer sans se faire remarquer. Les attaques sous-marines sont alors fulgurantes. Les sous-marins allemands auraient ainsi coulé plus de 5 000 navires.

C’est d’ailleurs en coulant le paquebot Lusitania en provenance de New-York en mai 1915, tuant près de 1 200 passagers dont une centaine d’Étasuniens près des côtes irlandaises, que l’Allemagne facilita l’entrée en guerre des États-Unis en avril 1917.

Ce drame (assimilé à un crime de guerre) sera en effet utilisé comme un argument essentiel dans la mobilisation étasunienne contre l’Allemagne.

Depuis leurs bases flamandes, les U-Boote avaient un rayon d’action très large, allant notamment des côtes écossaises à l’extrémité occidentale de la Manche. Ils furent nombreux à s’en prendre aux navires marchands, aux transports de troupes et d’approvisionnement, par exemple entre la Grande-Bretagne et la France…

Mais beaucoup subirent aussi les contre-offensives alliées (notamment anglaises) ; les bombardements de l’aviation navale ennemie et les champs de mines ont ainsi permis de couler plusieurs sous-marins allemands.

La carte marine actuelle des bancs de Flandre met parfaitement en évidence un nombre important d’écueils, d’épaves. Autant d’obstructions à la navigation dont doivent avoir connaissance les marins ou les usagers de la mer. 3 % de ces épaves seraient des U-Boote. Les eaux territoriales belges fourmillent ainsi de vestiges qui, pendant la guerre, mirent à mal la domination de la Marine britannique, manquant même de la mettre à genoux…

Mais d’autres cimetières de sous-marins de cette période existent ailleurs. Comme au large des côtes sud et est de l’Angleterre où une quarantaine de submersibles (41 allemands et 3 anglais), reposant à 15 m de profondeur, ont été localisés en juillet 2013.

Au final, ce sont pas moins de 380 U-Boote que l’Allemagne utilisa pendant la Guerre 14-18. Près de 200 disparurent, coulés (surtout durant les deux dernières années du conflit). Pouvant transporter aussi bien des tubes lance-torpilles que des mines et de l’armement de pont, les U-Boote furent un des acteurs majeurs de la guerre totale que se livrèrent les grandes puissances; et qui secoua le monde au début du XXe siècle.

Pour une vue d’ensemble des progrès de la marine de guerre pendant la Première Guerre mondiale, voyez ce documentaire, très instructif.