La bombe atomique

Hiroshima, 70 ans après

Cette ville du Japon située sur la côte nord de la mer intérieure de Seto, sur l’île de Honsh?, demeure tristement célèbre. A la fois grand port militaire et ville industrielle avant 1945, Hiroshima était une cible de choix pour les Etats-Unis désireux de frapper très fort (en utilisant « une arme terrifiante ») sur l’archipel nippon pour contraindre l’empereur Hirohito à signer la capitulation; et par là même mettre un terme définitif à la Seconde Guerre mondiale.

HiroshimaC‘est ainsi que, le 6 août 1945, le B-29 Enola Gay (modifié pour emporter la bombe atomique Little Boy) décolle et largue sa bombe à 8h14 sur la ville d’Hiroshima (jusqu’alors plutôt épargnée par les bombardements classiques). Le bombardier doit faire un rapide virage sur l’aile pour éviter le souffle de l’explosion. 53 secondes plus tard, la bombe atomique explose à 580 m au-dessus de la ville. Le spectacle est dantesque: les hommes dans l’avion observent « un énorme nuage comme un énorme baril de goudron en ébullition qui s’élevait en altitude ». Ci-dessous le film (muet) de cette terrifiante explosion (archives de l’Associated Press).

La puissance dissipée par la bombe a été estimée à 14 000 tonnes de TNT. Cette énergie est transformée en chaleur et en souffle pour 85% et en radiations pour 15%. Chacun de ces trois effets est dévastateur.

80 000 personnes sont ainsi tuées. La majorité meurt dans les incendies consécutifs à la vague de chaleur. Plusieurs dizaines de milliers sont grièvement brûlées et beaucoup d’autres mourront des mois ou des années plus tard des suites des radiations (on évoque un total de 140 000 morts). Il faudra néanmoins attendre le largage d’une deuxième bombe atomique (nom de code Fat Man) sur Nagasaki le 9 août (et la mort de 60 à 80 000 autres personnes) pour que les dirigeants japonais cèdent enfin et acceptent de signer la capitulation. Et le monde d’entrer dans lère nucléaire et la course aux armements

Si aujourd’hui les deux villes japonaises ont été reconstruites, beaucoup de survivants de ces deux bombardements atomiques (personnes appelées les hibakusha), portent encore les stigmates indélébiles des brûlures provoquées par les bombes; ou ont développé des cancers causés par les effets secondaires des radiations.

Les commémorations du 70e anniversaire de cette tragédie ont notamment donné lieu à une exposition organisée par l’American University à Washington. Elle sera visible jusqu’au 16 août prochain.

Pour finir, cette anecdote qui en dit long sur ces chercheurs parfois justement accusés de jouer aux apprentis sorciers (ici dans le domaine de la fission nucléaire). Conscient du potentiel dévastateur de cette nouvelle arme, et de son utilisation prochaine contre des populations, le physicien américain Kenneth Bainbridge, (responsable du 1er essai nucléaire grandeur nature au Nouveau-Mexique à la mi-juillet 1945), aurait déclaré à Robert Oppenheimer, patron du projet Manhattan : « Maintenant nous sommes tous des fils de putes » (« Now we are all sons of bitches »).

Deux témoignages sur Hiroshima après l’explosion nucléaire

Les oiseaux reviennent à Hiroshima. L’histoire de Sadako Sasaki par Viviane Koenig (2012)

oiseaux hiroshimaC’est l’histoire vraie de Sadako Sasaki, une fillette de onze ans née durant la Seconde Guerre mondiale au Japon à Hiroshima. Quand les Etats-Unis larguent la première bombe nucléaire sur la ville le 6 août 1945, Sadako n’a que 2 ans. Son rêve est de participer aux Jeux Olympiques d’été qui auront lieu en 1960 à Rome (en Italie) et de remporter la médaille d’or du 800 m. Mais la santé de la fillette est fragile: malaises, maux de tête, fatigue. Le médecin diagnostique alors une leucémie; Sadako a été irradiée par la bombe atomique. Pour conjurer la mort annoncée, la jeune fille décide de plier des grues (oiseaux symboles de longue vie) en origami et fait un vœu : si elle en fabrique mille, elle recouvrira la santé…

Ce roman, qui mêle habilement réalité et fiction, est à découvrir: tout en apportant au jeune lecteur des repères historiques, il lui donne des clefs pour mieux comprendre le monde qui l’entoure et lui apprend aussi l’empathie.

Noter que le destin de Sadako Sasaki a conduit à la construction du Monument de la paix des enfants (qui commémore les milliers d’enfants victimes du bombardement atomique d’Hiroshima) réalisé en 1958 et situé dans le parc du Mémorial de la Paix à Hiroshima; Sadako est immortalisée tout en haut du monument où elle tient dans ses mains une grue.

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Journal d’Hiroshima, 6 août-30 septembre 1945 par le docteur Michihiko Hachiya

journal d'hiroshimaUne plongée dans l’enfer de la ville martyre. Ayant survécu au bombardement atomique de sa ville, le Dr Michihiko Hachiya rejoint rapidement son lieu de travail: l’Hôpital du Ministère des P.T.T. dont il est le directeur. Il découvre alors une ville dévastée, jonchée de cadavres, d’hommes et de femmes brûlés au dernier degré agonisant lentement au milieu des décombres. Témoin et observateur exceptionnel, le docteur décrit ses propres souffrances et celles de ses compatriotes. Son journal fut déposé aux archives secrètes de l’Université de la Caroline du Nord et sa publication suspendue jusqu’en août 1955. D’une valeur scientifique considérable, il constitue aussi, du point de vue humain, un témoignage bouleversant (que vous pouvez aussi lire ici).

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