Une BD sur le Rapport Brazza

La France coloniale en accusation

Le sujet est douloureux mais regarder son passé en face est une nécessité. La colonisation demeure une thématique qui suscite de multiples réactions, d’un côté comme de l’autre ; avec parfois des excès.

Le Rapport Brazza. Mission d’enquête du Congo : rapport et documents (1905-1907) n’échappe pas à la règle. Rédigé par Pierre Savorgnan de Brazza, qui a donné son nom à la capitale (Brazzaville) de l’actuelle République du Congo, il dénonce les violences et atrocités perpétrées par les pays colonisateurs (comme la France) à l’encontre des populations autochtones (indigènes ou locales).

Ce rapport est aujourd’hui publié sous la forme d’une bande dessinée au titre évocateur : Le Rapport Brazza. Le premier secret d’État de la « Françafrique » (Futuropolis, juin 2018).

Le terme de Françafrique, péjoratif, désigne la relation spéciale (néo-coloniale pour certains) établie entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique (subsaharienne ou centrale). Aujourd’hui, on parle cependant davantage de Chinafrique (dont l’Éthiopie serait un symbole fort) pour illustrer les relations étroites entre la République populaire de Chine et de nombreux États africains.

Les auteurs de la BD, Tristan Thil et Vincent Bailly, racontent ainsi en images le travail d’enquêteur mené par l’explorateur Savorgnan de Brazza, missionné par les parlementaires français pour démontrer que « l’affaire Gaud et Toqué » (du nom de deux administrateurs coloniaux français de l’actuelle Centrafrique en février 1905) n’était qu’un cas isolé ; malheureux certes, mais ne pouvant en aucune façon être généralisé. La mission de quatre mois conduite par l’humaniste de Brazza au Congo apportera pourtant les preuves du contraire…

Le rapport se révèle d’ailleurs si accablant pour la France que le ministre des Colonies (Raphaël Milliès-Lacroix) décide en 1907 d’en interdire la publication. Il ne sera donc jamais rendu public ! Néanmoins, dix exemplaires avaient été imprimés, classés « confidentiels » puis enfouis dans les archives gouvernementales… Au nom de la raison d’État.

Il faudra attendre 2014 pour que le rapport sorte enfin de l’oubli, grâce à Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne spécialiste de l’Afrique. Dans la vidéo ci-dessous, elle raconte notamment les circonstances de sa découverte en 1965-1966.

Savorgnan de Brazza

2000 ans d’histoire sur France Inter avait consacré une émission à l’occasion du 100e anniversaire de la mort de l’explorateur, le 14 septembre 1905.

France culture, dans l’émission Une vie, une œuvre datée du 23 août 2014, revenait également sur l’explorateur Savorgnan de Brazza.

Mourir de faim en 2017, c’est (encore) possible

Alors que la production agricole mondiale progresse toujours plus vite que l’augmentation de la population (cliquer ici), on aurait pu espérer qu’en 2017 la famine disparaisse de l’actualité. Malheureusement, il n’en est rien: il existe encore des endroits dans le monde où des hommes, des femmes et des enfants souffrent de la faim et en meurent. Une situation qui légitime la poursuite de l’action d’organisations humanitaires comme Action contre la Faim (créée en 1979).

Depuis quelques mois, le manque de nourriture frappe en effet plusieurs pays d’Afrique (dont le Nigéria, le Soudan du Sud et la Somalie) ainsi que le Yémen, soit plusieurs millions de personnes (l’ONU parle de 20 millions de victimes potentielles).

Mais cette fois-ci, la nature n’est pas la première responsable. Contrairement à d’autres épisodes de famine demeurés tristement célèbres au cours du XXe siècle (l’exemple de l’Éthiopie en 1984-1985 est encore dans les mémoires, donnant lieu à un immense mouvement de solidarité dont témoigne la chanson caritative We Are the World du groupe USA for Africa emmené par Mickael Jackson), il ne faut pas d’abord incriminer le manque de pluie ou la sécheresse.

Ce n’est pas une calamité naturelle qui est la cause première de la malnutrition aiguë dont souffrent actuellement des millions de gens mais la guerre. Des conflits meurtriers ravagent, parfois depuis plusieurs années, ces pays.

 

Or ces conflits entravent le bon déroulement des activités agricoles, y compris dans les régions traditionnellement en surplus alimentaire. Se sentant menacées par l’insécurité qui règne dans leur région et/ou leur pays, craignant pour leur vie, des populations quittent leur terre, laissant celle-ci à l’abandon.

Et c’est cette même insécurité qui rend difficile, voire empêche, l’acheminement puis la distribution de l’aide alimentaire d’urgence aux populations dans les zones en guerre.

Alors que les réserves mondiales de nourriture sont abondantes, l’accès aux populations en danger est extrêmement difficile sinon impossible pour les humanitaires. De sorte que les populations de ces zones n’ont plus les moyens de se nourrir et sont livrées à elles-mêmes.

Assurément, la famine n’est pas une fatalité. Comme le rappelle un journaliste dans l’édito radiodiffusé qui suit, elle peut être évitée.

 

Les albinos, une population discriminée et pourchassée en Afrique

Depuis longtemps déjà, les personnes albinos subissent le regard désobligeant des autres ; et parfois même la violence aveugle.

albinos frère-et-soeurSouffrant d’une anomalie génétique héréditaire (et incurable) caractérisée par l’absence de pigmentation de la peau, des poils, des cheveux et/ou des yeux (en raison de l’absence de mélanine), les albinos ont une acuité visuelle déficiente (vue faible) et sont plus facilement exposés aux cancers et affections de la peau. Cliquer sur l’image pour lire la vidéo.

albinos imageL’albinisme (du latin « albus » qui signifie blanc) est reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme un handicap. Mais s’il concerne tous les continents, il est particulièrement présent en Afrique : alors que l’albinisme touche 1 naissance sur 20 000 dans le monde, le rapport est de 1 pour 4 000 en Afrique (où il tombe même à 1 pour 1 000 en Tanzanie). En cause dans cette région du monde, la consanguinité

Toutefois, naître albinos en Afrique est un véritable drame. Car outre les insultes, le mépris et les humiliations, les albinos sont fréquemment accusés de posséder des pouvoirs maléfiques. Dans certains pays comme le Sénégal, la Tanzanie et la RDC (République démocratique du Congo), cela se traduit par une véritable chasse aux sacrifices.

albinisme tanzanieRécemment au Malawi, où la population albinos représenterait près de 10 000 habitants sur les 16 millions que compte le pays, des gens ont même été jusqu’à exhumer (ou déterrer) des corps d’albinos. Amnesty International, organisation non gouvernementale (ONG) qui défend les droits de l’Homme, précise dans son rapport daté du 7 juin 2016 que les os d’albinos « seraient vendus à des guérisseurs traditionnels au Malawi et au Mozambique pour concocter des potions magiques censées apporter la richesse ou la chance. Ce commerce macabre est aussi alimenté par la croyance que les os des albinos contiennent de l’or ». Au Cameroun, une vieille croyance dit que, lorsqu’il y a une éruption volcanique, seul le sang des albinos peut calmer le dieu de la montagne…

albinisme croyancesDifférents, les albinos sont ainsi l’objet de nombreuses superstitions qui rendent leur quotidien particulièrement difficile. Beaucoup sont enlevés, mutilés et tués par des marabouts ou sorciers sans que les autorités ne réagissent. D’autres vivent cachés et ne dorment jamais deux fois au même endroit; une vie de paria.

Pour encourager la fin des violations faites aux albinos, le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies a décidé en 2015 de faire du 13 juin de chaque année la journée internationale de sensibilisation à l’albinisme.

ALBINOSLe but est de sensibiliser le grand public aux difficultés rencontrées par les albinos dans leur vie quotidienne et de lutter contre le rejet qu’ils peuvent parfois subir dans certaines sociétés. Mais la journée veut aussi être un appel aux dons en faveur de la recherche.

Il faut également compter avec des stars albinos, telles le chanteur malien Salif Keïta (créateur en 2005 d’une fondation pour sensibiliser à cette maladie) ou la mannequin sud-africaine Thando Hopa, pour espérer changer les mentalités ; et faire enfin accepter à tous que les albinos ne sont pas des fantômes mais des êtres humains à part entière.

Conseils de lecture

Pour mieux comprendre l’albinisme, un ouvrage vient d’être publié par l’association française Genespoir: L’albinisme expliqué aux enfants et aux parents. Le jeune narrateur Noah nous fait découvrir la vie d’un enfant albinos et les réponses qu’il apporte à des questions que d’autres enfants lui posent. 

Albinisme-EnfantsIl existe également une bande dessinée, Dipoula l’Albinos, parue aux éditions Paquet. L’auteur gabonais Pahé (Patrick Essono) y raconte l’histoire d’un petit garçon de 8 ans, Dipoula, qui a eu le malheur de naître albinos au Gabon, dans une ethnie où ils sont réputés pour attirer le mauvais œil. Abandonné à sa naissance, il atterrit dans un orphelinat tenu par des bonnes sœurs, où il va rencontrer ses amis qui vont l’aider à faire les quatre cent coups. Une vision originale de la différence et de la difficulté à se faire une place dans le monde des adultes.
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