L’échec, ça a du bon !

Les musées, en tant qu’institutions culturelles, permettent d’appréhender les liens existant entre l’art, la culture et la société. Après l’ouverture très médiatisée du Louvre-Abu Dhabi en novembre et l’achat retentissant quelques jours plus tard du fameux Salvator Mundi de Léonard de Vinci (tableau vendu aux enchères à New-York pour la coquette somme de 450 millions de dollars ; et devant être prochainement exposé au Louvre-Abu Dhabi), l’art est à l’honneur.

Les musées ont le vent en poupe… et tout s’expose.

Car, de la même façon que tout est objet d’histoire, on pourrait dire qu’aujourd’hui tout est devenu objet de musée. Il suffit de s’intéresser au Museum of failure (« Musée de l’échec ») ouvert récemment en Suède pour s’en convaincre.

En effet, l’échec s’expose ! Penser que seule la réussite se donne à voir ou mérite d’être vue est donc une idée fausse. Il faut au contraire se coltiner à l’échec pour avancer et arriver. Car l’objectif affiché ici est bien de montrer (prouver?) que l’échec n’est pas un obstacle à la réussite… bien au contraire; il serait même très formateur !

Ce musée pour le moins original a été inauguré en juin 2017 à Helsingborg, à l’initiative de l’Américain Samuel West, docteur en psychologie du travail.

Faisant état d’une cinquantaine d’objets inventés aux XXe-XXIe siècles, l’occasion est ainsi offerte d’admirer des fiascos commerciaux de différente nature (ex : médicale, alimentaire, technologique).

Mettre sur le marché des produits innovants et/ou basés sur le seul nom de la marque ne garantit pas forcément l’adhésion des consommateurs. Colgate l’a appris à ses dépens en 1982 avec ses lasagnes au bœuf surgelées : peu ont suivi le roi du dentifrice dans son concept « de la fabrication du repas au brossage des dents ».

D’autres marques de multinationales ont pareillement connu de cuisants échecs à l’image d’Apple en 1993 (avec son Newton, un assistant personnel numérique, ancêtre de l’Ipad) ; Nokia (avec sa console de jeux vidéo portable et son téléphone portable N-Gage en 2003) ; ou encore Coca-Cola (avec sa proposition de Coca Blak en 2006, mélange de Coca-Cola et d’extraits de café). Cliquer sur l’image pour accéder à la vidéo.

Même Trump, riche homme d’affaires élu et investi 45e Président des États-Unis en janvier 2017, a échoué dans sa tentative de vendre des millions de boîtes d’un jeu de société proche du Monopoly : Trump the game (sorti en 1989). Seulement 800 000 exemplaires furent effectivement vendus…

Mais l’homme saura rebondir en 2004 avec la commercialisation du jeu dérivé de son émission de télé-réalité The Apprentice.

Donc, que vous soyez inventeur en herbe ou géo-trouve-tout en mal de succès (ou de reconnaissance), tous les espoirs vous sont permis ! Samuel West sera le premier à vous dire que l’échec nourrit le progrès. Il faut donc rappeler, encore et toujours, que c’est en échouant que l’on progresse ; un échec est toujours enrichissant (instructif et constructif). Il ne faut donc pas avoir peur ou craindre d’échouer !

Samuel West l’affirme à juste raison : « l’échec fait partie de l’innovation ». Mais force est de reconnaître que, dans une société qui vante plutôt la gagne (la win) et rejette la loose, ce n’est pas si facile…

Le Louvre-Abu Dhabi, musée de sable et de lumière

Ou l’art au service du « soft power »

Le musée a été inauguré le 9 novembre dernier à Abu Dhabi, capitale des Émirats Arabes Unis (E.A.U.). Le Président de la République française Emmanuel Macron a fait le déplacement pour visiter le premier musée à porter le nom du Louvre hors de France. En effet, on connaissait déjà le Louvre-Lens (ouvert en décembre 2012) dans les Hauts-de-France ; mais le musée national n’avait encore jamais essaimé hors de l’Hexagone. Une première donc, logiquement fêtée en grandes pompes !

En compagnie de Mohammed ben Zayed Al-Nahyane (l’actuel homme fort des E.A.U.) et d’invités de marque à l’image du roi du Maroc Mohammed VI, le chef de l’État français a ainsi pu admirer le splendide édifice, véritable « écrin des joyaux du classicisme européen » et de toutes les grandes civilisations.

Situé sur l’île de Saadiyat où doit prochainement s’implanter un autre grand nom de la muséographie (le musée d’art moderne et contemporain Guggenheim), le Louvre-Abu Dhabi aura pourtant mis du temps à sortir du sable. Débuté en 2007, le chantier a rencontré maints problèmes, notamment de nature financière. C’est ainsi que, initialement prévue en 2012, l’ouverture du musée fut maintes fois reportée ; jusqu’à enfin accueillir le public le 11 novembre 2017.

Conçu par l’architecte français Jean Nouvel (déjà connu pour des réalisations comme l’Institut du Monde Arabe à Paris en 1981-1987, la Tour Agbar à Barcelone en 2001-2003), ce nouveau musée lui a été inspiré par les médina et coupoles islamiques. L’idée était de bâtir un musée en forme de ville blanche… Pari réussi.

Le monument est constitué de 55 bâtiments cubiques abrités sous un dôme d’acier de 180 m de diamètre, aussi lourd que la Tour Eiffel ! On mesure déjà mieux la véritable prouesse technologique.

Cette coupole (en dentelle d’inox et d’aluminium) n’a d’ailleurs pas qu’une raison d’être esthétique : elle doit également protéger des très fortes chaleurs. En faisant de l’ombre et donc en rafraîchissant la température à l’intérieur du musée, on veut aussi garantir le bien-être des visiteurs.

Ces derniers vont pouvoir déambuler dans une vingtaine de galeries permanentes donnant à voir ou admirer 600 œuvres d’art.

Parmi celles-ci, 300 sont prêtées par 13 musées français (en échange d’une compensation financière d’un milliard d’euros sur 30 ans). On peut citer La Belle Ferronnière de Léonard de Vinci (peinture venant du Louvre, photo ci-dessous), Bonaparte franchissant les Alpes de Jacques-Louis David (toile issue de Versailles), ou encore un Autoportrait de Vincent Van Gogh (en provenance du musée d’Orsay).

Le Louvre-Abu Dhabi se présente comme le premier musée universel du monde arabe. Nouveau temple de la culture, il se veut porteur d’un message de tolérance, permettant le dialogue entre toutes les grandes civilisations. Sa vocation à s’ouvrir aux autres est donc clairement mise en avant.

Principal pays producteur d’hydrocarbures (pétrole, gaz) de la région et du monde, l’émirat d’Abu-Dabi semble vouloir diversifier ses activités ; et gagner en visibilité et influence mondiales. Un peu à l’image de ce qu’a parfaitement réussi le Qatar voisin, petit émirat aujourd’hui grand investisseur: anticipant « l’après pétrole », il est ainsi présent dans une quarantaine de pays et divers secteurs (finance, industrie, tourisme, médias, sports). Déjà propriétaire du club de foot du PSG via QSI, il sera par exemple l’organisateur de la coupe du monde de football en 2022.

Outre des musées de prestige, Abu Dhabi accueille également sur son sol une université non moins prestigieuse que le Louvre : la Sorbonne.

L’Université Paris-Sorbonne Abu Dhabi (UPSAB), fondée en 2006, doit elle aussi contribuer au rayonnement de l’émirat (et de la France). Construite sur le modèle des campus américains, elle accueille aujourd’hui 800 étudiants.

On peut donc lire dans cette nouvelle stratégie géopolitique l’illustration d’un véritable « soft power ». En favorisant les arts, en attirant les touristes comme les étudiants du monde entier, Abu Dhabi montre par la manière douce sa volonté de créer des ponts avec le reste du monde ; d’apparaître comme une nation tolérante et ouverte à la diversité.

Le désir de splendeur rime bien ici avec désir de grandeur… pour le meilleur des relations internationales !

Les musées municipaux parisiens mis en ligne

logo paris muséesLa Ville de Paris compte pas moins de 14 musées qui réunissent des collections d’une grande diversité. Ces musées municipaux (gérés par l’établissement public Paris Musées) donnent à voir des œuvres qui reflètent notamment l’histoire de la capitale.

Parmi eux : le musée Carnavalet, le Petit Palais ou encore la maison de Victor Hugo (voir la liste complète ici).

L’ensemble de ces collections est le deuxième plus important en France, le premier étant celui constitué par les musées nationaux, propriétés de l’État (ex : le musée du Louvre, le musée d’Orsay, le musée du Quai Branly).

Pour ceux qui habitent Paris ou sa région, il est assez facile de se rendre régulièrement dans les différents musées parisiens admirer les œuvres, qu’elles appartiennent à une collection permanente ou à une exposition temporaire. Pour les autres, habitant en province et pas forcément à proximité de l’Île-de-France, les occasions sont déjà plus rares…

carte musées ville de parisCeux-là ne peuvent donc que se réjouir de l’initiative prise en ce début du mois de mai de permettre l’accès en ligne à l’ensemble des contenus disponibles concernant les œuvres des musées de la Ville de Paris. Cela représente plus de 185 000 œuvres ! Cliquer sur l’image pour accéder au site

pm-collections-albumsL’initiative mérite d’autant plus d’être saluée que le site en question sera régulièrement enrichi de nouvelles notices, de ressources bibliographiques et d’archives. Des parcours thématiques sont notamment proposés ; une façon comme une autre de voyager dans le temps et de découvrir Paris au XVIIIe siècle, sous la Révolution ou en 1900.

Une véritable aubaine pour les amoureux de l’art, de l’histoire ou les simples curieux !

Et parce qu’il n’y a pas d’âge pour découvrir et explorer (les musées comme tout le reste), Paris Musées n’oublie pas les enfants ; un site leur est spécialement dédié : Paris Musées Juniors.

 

Le Louvre-Lens, 3 ans déjà

Quand le Louvre se délocalise…

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Trois années de chantier ont été nécessaires pour offrir à la région Nord-Pas-de-Calais un merveilleux écrin de culture, un véritable « Louvre hors-les-murs ». Situé en plein coeur de la mégalopole européenne, le musée compte cinq corps de bâtiments qui jouent avec la lumière.

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Inauguré en décembre 2012 par le Président de la République en personne, l’antenne du plus célèbre musée du monde a depuis accueilli près de 2 millions de visiteurs. Construit sur une ancienne mine de charbon, Le Louvre-Lens a pour mission de redynamiser un territoire durement touché par la crise de l’industrie sidérurgique.

Le succès de ce musée, qui attire autant de « régionaux » (habitants de la région Nord-Pas-de-Calais) que de visiteurs étrangers, s’explique notamment par la qualité des œuvres qui y sont exposées. Parmi elles, des peintures de Raphaël, Rubens, Delacroix et Botticelli. Des restaurations en public (comme celle d’une momie égyptienne de crocodile) participent également à la médiatisation et au rayonnement du Louvre-Lens dans le monde.

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Le musée se distingue également par une scénographie originale (basée sur la chronologie) qui caractérise la Galerie du Temps, où sont exposées des chefs-d’œuvre du Louvre parisien. Davantage d’explications ici.

De fait, les répercussions économiques sont réelles : le tourisme dans la région s’est développé et a généré des dizaines de millions d’euros ; sans compter les hôtels et restaurants construits pour faire face à l’afflux de visiteurs, parfois venus de très loin (ex : Japon, Chine). Pour autant, des mécontents existent : ce sont notamment les commerçants du centre-ville de Lens, a priori délaissé par les touristes…

A noter qu’une nouvelle antenne du Louvre doit prochainement ouvrir ses portes à Abou Dabi, capitale des Emirats Arabes Unis. Débuté en 2010, le chantier est sur le point d’être achevé. Le bâtiment, conçu par l’architecte français Jean Nouvel, doit être inauguré en 2016.

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