Un drone spatial très spécial

Piloté à distance par l’U.S. Air Force (l’armée de l’air des États-Unis), cet engin répondant au doux nom de X-37B est fabriqué par Boeing. Capable de quitter l’orbite terrestre, il a les caractéristiques d’une navette spatiale, sans en être une…

Conçu en 1999, officiellement pour tester de nouvelles technologies liées au vol spatial (ex : protection, résistance), ses missions sont néanmoins classées confidentielles. De fait, il donne libre cours aux pires fantasmes. Ainsi, pour la Russie et la Chine, ce drone serait un « tueur de satellites » (essentiels pour les économies et le bon fonctionnement des armées); preuve que l’engin les inquiète…

D’autres y voient un possible bombardier spatial (capable de larguer des bombes à tout moment sur un objectif précis sur Terre) ; ou encore un « super avion espion » (qui surveillerait des territoires adverses). Quant aux experts, ils voient davantage le X-37B comme un banc d’essai volant plutôt qu’une arme potentielle ; « un outil permettant de tester dans l’espace des capteurs et des équipements et de les ramener ensuite au sol pour voir comment ils ont résisté ».

En mai dernier, la mini navette automatique était revenue sur Terre après être restée en orbite pas moins de 718 jours sans s’arrêter ! Et sans que nous sachions exactement ce qu’elle a pu y faire (il était normalement question, entre autres activités, de tester un type de propulseur électrique).

L’U.S. Air Force dispose de deux véhicules de ce type, qui totalisent ensemble plus de 2 000 jours de vol orbital sans équipage depuis 2010, date de la première mission. Une cinquième mission est prévue d’ici la fin de l’année, peut-être en août. C’est la société SpaceX (celle appartenant à Elon Musk, à l’origine du projet Hyperloop) qui, avec la fusée Falcon-9, se chargera de lancer l’engin.

À défaut de connaître toutes les (vraies) intentions, motivations et ambitions de l’armée américaine, nul doute que les États-Unis cherchent à consolider leur leadership dans le domaine aérien.

Comme les routes témoignaient de l’emprise des Romains sur le monde méditerranéen au IIe siècle, comme la maîtrise de la mer a fait de l’Angleterre la grande puissance du XIXe siècle, le X-37B doit permettre à « l’Amérique » de rester toute puissante dans le ciel (ou l’espace). À l’ère d’une toujours possible guerre des étoiles, la maîtrise des flux est plus que jamais gage de maîtrise du monde…