Le procès de Klaus Barbie (Lyon, 1987)

Le procès de ce criminel de guerre nazi est hors norme. Tenu à Lyon en 1987, il a nécessité plusieurs semaines d’audiences, compté plus d’une centaine de parties civiles, sollicité le témoignage d’historiens en tant qu’experts, donné la parole à des témoins-clés comme Simone Lagrange et le couple Aubrac (Raymond et Lucie) … et, plus largement, permis au bout du compte une véritable libération (voire explosion) de la parole des victimes de la Seconde Guerre mondiale (Juifs et résistants).

Mais avant de pouvoir juger l’homme, il aura fallu le traquer, longtemps ; et obtenir son extradition depuis la Bolivie vers la France en 1983.

Un rappel du parcours de Klaus Barbie, devenu Klaus Altmann.

Débuté le 11 mai, le procès s’achève le 4 juillet. Après plus de 6 heures de délibération, le verdict tombe enfin: la prison à perpétuité.

Entièrement filmé (une première pour un procès d’assises), grâce à la loi Badinter du 11 juillet 1985 autorisant « l’enregistrement audiovisuel ou sonore de certaines audiences publiques pour la constitution d’archives historiques de la justice », ce procès a une haute valeur pédagogique.

L’enjeu est également mémoriel. Il était impératif de conserver la trace de ce procès, vu l’atrocité des faits et le nombre des victimes de Barbie (il lui a été imputé, en France, 4342 assassinats, 7581 déportations de juifs ainsi que 14311 arrestations et tortures de résistants).

C‘est en juillet 2017, trente ans après la condamnation de Klaus Barbie, que les archives écrites du procès ont été ouvertes. Devant « favoriser le travail de mémoire », « lutter contre le révisionnisme et l’oubli », elles sont aujourd’hui accessibles et consultables par tout un chacun. Ci-dessous le directeur des Archives départementales du Rhône, Bruno Galland.

Procès-verbal de confrontation entre Klaus Barbie et Simone Lagrange, l’une de ses victimes (extraits).

Notons que la décision est exceptionnelle, le délai d’ouverture au public « des documents relatifs aux affaires portées devant les juridictions » étant généralement de 75 ans. Il s’agit donc d’une ouverture anticipée générale (ou dérogation générale), décidée par le ministère de la Culture et le ministère de la Justice.