Archive for janvier, 2011

Premières: Madame Bovary, explication n°4: La mort d’Emma

dimanche, janvier 30th, 2011

Pour bien comprendre les enjeux de la page, il serait bon d’avoir quelques éléments de référence.

Prière donc d’imprimer pour la prochaine séance les textes suivants, merci!

La mort des héroïnes romanesques*

Albert Fourié – Paris 1854, L’Isle Adam 1896 – Mort de Madame Bovary – 1883 –

1) Abbé Prévost, Manon Lescaut, 1731

« Nous marchâmes aussi longtemps que le courage de Manon put la soutenir, c’est-à-dire environ deux lieues, car cette amante incomparable refusa constamment de s’arrêter plus tôt. Accablée enfin de lassitude, elle me confessa qu’il lui était impossible d’avancer davantage. Il était déjà nuit. Nous nous assîmes au milieu d’une vaste plaine, sans avoir pu trouver un arbre pour nous mettre à couvert. Son premier soin fut de changer le linge de ma blessure, qu’elle avait pansée elle-même avant notre départ. Je m’opposai en vain à ses volontés. J’aurais achevé de l’accabler mortellement, si je lui eusse refusé la satisfaction de me croire à mon aise et sans danger, avant que de penser à sa propre conservation. Je me soumis durant quelques moments à ses désirs. Je reçus ses soins en silence et avec honte. Mais, lorsqu’elle eut satisfait sa tendresse, avec quelle ardeur la mienne ne prit-elle pas son tour ! Je me dépouillai de tous mes habits, pour lui faire trouver la terre moins dure en les étendant sous elle. Je la fis consentir, malgré elle, à me voir employer à son usage tout ce que je pus imaginer de moins incommode. J’échauffai ses mains par mes baisers ardents et par la chaleur de mes soupirs. Je passai la nuit entière à veiller près d’elle, et à prier le Ciel de lui accorder un sommeil doux et paisible. O Dieu ! que mes voeux étaient vifs et sincères ! et par quel rigoureux jugement aviez-vous résolu de ne les pas exaucer !

Pardonnez, si j’achève en peu de mots un récit qui me tue. Je vous raconte un malheur qui n’eut jamais d’exemple. Toute ma vie est destinée à le pleurer. Mais, quoique je le porte sans cesse dans ma mémoire, mon âme semble reculer d’horreur, chaque fois que j’entreprends de l’exprimer.

L’oeuvre de l’abbé Prévost a inspiré un opéra de Puccini (crée en 1893)

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Flaubert, Madame Bovary, explication n°3, la lettre de Rodolphe

jeudi, janvier 27th, 2011

II Partie, chapitre XIII

De « Allons, se dit-il, commençons! » à « Elle lui parut bonne »

Introduction

Le départ d’Emma Bovary avec son amant Rodolphe Boulanger est prévue pour le lundi 4 septembre, leur liaison ayant débuté à l’automne de l’année précédente. Cependant le jeune homme n’a aucunement l’intention de partir avec Emma et de s’encombrer d’elle. Le lecteur pressent que la rupture est proche, et Flaubert choisit de nous faire assister à la rédaction même de la lettre que Rodolphe compte envoyer à Emma. Dans une lettre à Louise Colet, en date du 12 septembre 1853, l’écrivain remarque: « Bien écrire le médiocre…est vraiment diabolique« . C’est bien l’impression qui ressort des choix narratifs de Flaubert: nous verrons tout d’abord dans quelle mesure il nous dresse ici le portrait de la médiocrité incarnée, Rodolphe, avant de montrer à quel point la lettre elle-même est une sorte de « faux », un exercice de style, qui là encore n’est que  fausseté.

A propos de la lettre de rupture

En 2007, l’artiste SOPHIE CALLE a représenté la France à la biennale de Venise, avec une exposition intitulée »Prenez soin de vous ». Voici la présentation qu’elle fait de cette exposition:

« J’ai reçu un mail de rupture. Je n’ai pas su répondre.
C’était comme s’il ne m’était pas destiné. Il se terminait par les mots : Prenez soin de vous.
J’ai pris cette recommandation au pied de la lettre.
J’ai demandé à 107 femmes, choisies pour leur métier, d’interpréter la lettre sous un angle professionnel.
L’analyser, la commenter, la jouer, la danser, la chanter.
La disséquer. L’épuiser. Comprendre pour moi. Répondre à ma place.
Une façon de prendre le temps de rompre. À mon rythme. Prendre soin de moi. »

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Premières: Balzac, questions sur le corpus

dimanche, janvier 23rd, 2011

Corrigé du devoir:

Portrait du peinte Pierre Narcisse Guérin par Robert Lefèvre (salon de 1801)

1) De quelles manières un jeune homme peut-il espérer réussir dans la société parisienne de ce début de siècle?

La réussite pour un jeune homme sans fortune ne vient  que des femmes: c’est en devenant l’amant d’une jeune femme en vue qu’il peut espérer se faire connaître du monde: « Il vous la faut jeune, riche, élégante« , ainsi que l’affirme Madame de Beauséant à Eugène de Rastignac. A partir de là, la jalousie féminine fait le reste: « La belle madame Nucingen sera pour vous une enseigne. Soyez l’homme qu’elle distingue, les femmes raffoleront de vous. Ses rivales,ses meilleures amies voudront vous enlever ». Le succès auprès des hommes suivra le succès auprès des femmes: « Si les femmes vous trouvent de l’esprit, du talent, les hommes le croiront si vous ne les détrompez pas » .

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Grec: Les Labdacides: iconographie

dimanche, janvier 16th, 2011

I La Fondation de Thèbes: CADMOS

Cadmos et le dragon, amphore à figures noires d’Eubée, v. 560550 av. J.-C., musée du Louvre

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Flaubert, madame Bovary, II partie, chapitres IX à XIV, La passion avec Rodolphe

dimanche, janvier 16th, 2011

Chapitre IX: « J’ai un amant »

Temporalité: « six semaines s’écoulèrent‘, avant une nouvelle visite de Rodolphe à madame Bovary.

Promenades à cheval. Le costume d’amazone comme condition.

« Sa Majesté l’Impératrice Eugénie en costume d’amazone », gravure de mode. (David Jules)

Le costume est plutôt fin de siècle…

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Flaubert, Madame Bovary, explication n°2

dimanche, janvier 9th, 2011

II Partie, chapitre VIII: Catherine Leroux

De « Catherine-Nicaise-Elisabeth Leroux, de Sassetot-La Guerrière… » à « ce demi-siècle de servitude ».

Les comices agricoles, dessin de Charles-Henri Pille, deuxième moitié du XIX ème siècle (musée du Louvre)

Introduction:

Peut-être inspiré par un souvenir personnel (Flaubert avait assisté le 18 juillet aux comices agricoles à Grand Couronne), le chapitre VIII constitue un moment essentiel dans le roman: en alternant le discours de Rodolphe à Emma avec celui du conseiller Lieuvain s’adressant à la foule, le romancier met en scène deux paroles trompeuses, dont il souligne la fausseté par une ironie manifeste. Pourtant, à la fin de la cérémonie, au moment où Rodolphe s’empare de la main de Madame Bovary, apparaît Catherine-Nicaise-Elisabeth Leroux, un personnage de servante, devant lequel Flaubert renonce à toute ironie, au profit d’une description extrêmement minutieuse. Dans quelle mesure nous propose-t-il ici une évocation réaliste, qui rend compte des oppositions sociales au XIX ème et de l’exploitation dont sont victimes certaines catégories de population?

Journal Le Nouvelliste de Rouen (Lauréats des Comices agricoles de 1852 à Grandcouronne)

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