Réflexions autour de l’ouvrage de France Henri, Karin Ludgren-Cayrol : « L’Apprentissage collaboratif à Distance ». 2001 (Presses de l’Université du Québec)

A l’origine, je me demandais ce que pouvaient être des pratiques collaboratives d’enseignement avec les TIC. Je cherchais un manuel pratique contenant toutefois des pistes théoriques à méditer. Je n’ai pas été déçue. D’où cet article : conçu au départ comme une fiche de lecture, il est devenu questionnement introspectif de pédagogue. En tout cas, une chose est sûre : ce livre fera l’objet d’autres fiches de lecture.

Dans « L’Apprentissage collaboratif à Distance », tous les mots du titre ont été pesés. L’apprentissage, ce n’est pas l’enseignement. Collaboratif ne veut pas dire participatif. A distance ne se définit pas par mise de cours en ligne, mais par création d’environnements d’apprentissage virtuels où les apprenants collaborent.

Dans une première partie, les auteures passent en revue les théories pédagogiques qui leur ont permis de développer leur réflexion et leurs pratiques. Elles présentent d’abord une définition claire et efficace du constructivisme, du psycho-cognitivisme, du socio-cognitivisme et de la théorie de la flexibilité cognitive. Puis, elles en exposent les avantages pour ce qui touche de l’apprentissage à distance.

Elles aboutissent à la conclusion que la meilleure efficacité est obtenue grâce aux principes du socio-constructivisme que le meilleur outil à exploiter dans le cadre collaboratif est le forum.

Cette réflexion dont je n’esquisse ici que quelques traits mène à une redéfinition du métier d’enseignant partagé entre deux rôles qui peuvent ou non être investis par la même personne. Il y a d’une part l’expert et d’autre part le formateur.

Et là, de nouveau, l’usage des TICE pose la question des pratiques pédagogiques. Certes, j’utilise les TIC pour préparer mes cours. Je peux aussi les utiliser pour faire cours. Je peux aussi demander aux élèves de les utiliser. Mais cela m’interroge plus loin : je le fais dans quel but ? Pour me faciliter la vie ? C’est possible. Pour que les élèves apprennent quelque chose ? Cela est vivement souhaitable. Mais qu’ils apprennent quoi au juste ? Et comment ? Utiliser les TICE interroge les pratiques et les choix pédagogiques. Pour moi, la question est devenue incontournable.