Utiliser les outils numériques en classe : mes principes pédagogiques de base.

La société (parents, enseignants, élèves et représentants de l’Education Nationale) pense que ses « digital natives » savent se servir des outils technologiques parce qu’ils sont nés avec. Observer l’attitude des élèves en classe prouve qu’il n’en est rien. Les jeunes ont besoin d’une initiation systématique à tous les sites et les logiciels utilisés en classe. J’ai donc systématisé les principes suivants.

Le questionnaire de début d’année :

En début d’année, je distribue un questionnaire à mes classes. Je veux savoir si mes élèves sont connectés et comment ils le sont. Ils me décrivent le matériel dont ils disposent, les logiciels qu’ils utilisent, les sites sur lesquels ils se rendent. S’ils n’ont pas internet, ce qui est rarissime, je m’organise aussitôt avec ma collègue documentaliste pour leur faire réserver un ordinateur sur une de leurs heures de permanence.

Des pratiques systématiquement cadrées :

Lorsque je commence à les emmener sur internet, je délimite très précisément les pages web à visiter. Car ils doivent apprendre à surfer dans la langue cible, en l’ocurence l’allemand. Il me paraît important qu’ils repèrent précisément ce qu’ils peuvent faire sur la page. J’utilise beaucoup les sites de la Deutsche Welle, la chaine publique de radio allemande destinée à l’étranger. Celle-ci permet aux internautes de télécharger en toute légalité des documents textes, audio ou vidéo. Mes élèves doivent donc apprendre à faire ces manipulations sur leur session dans un dossier destiné à l’usage exclusif de l’allemand.

Un accompagnement systématique lors de la phase de découverte :

Chaque nouvelle page, chaque nouvel outil fait d’abord l’objet d’une heure de cours en présentiel avec un tutoriel dédié. Puis, en devoir à la maison, ils doivent refaire à l’identique le même type de travail que celui réalisé en cours. Lors de la séance suivante, ils présentent leur travail et exposent les difficultés auxquelles ils se sont trouvés confrontés. Cette séance ne donne jamais lieu à évaluation.

Une directivité pleinement assumée :

Cette procédure paraît directive. Mais elle permet un certain nombre de choses.

  1. D’abord, elle génère de l’entraide entre élèves lors de la séance en plénière.

  2. Ensuite, elle génère des échanges entre élèves, entre professeur et élèves , lors de la séance « devoirs » où tout le monde peut parler de ce qui ne marche pas. J’adore le moment où le premier élève se lance pour dire « moi, je ne suis pas arrivé à faire cela ». Parce que c’est comme si un vent frais soufflait tout à coup dans l’espace classe. La parole se libère. On ose dire ce qui ne va pas et on remercie l’autre parce qu’il s’est lancé et a tellement bien exprimé ce qu’on n’arrivait pas à dire.

  3. Puis, elle permet d’identifier les difficultés réelles des élèves ainsi que les élèves réellement en difficulté sur le plan numérique et qui autrement n’auraient pas osé demander d’aide.

  4. Enfin, elle permet d’identifier les problèmes réels de connexion ou de virus, car il y en a. Les élèves sont alors particulièrement ravis de découvrir les plans B possibles ou bien l’existence du club informatique du lycée où ils pourront trouver des copains pour les épauler.

  5. C’est grâce à ce genre de séances qu’aujourd’hui je sais à quel point les virus pourrissent la vie numérique de nos jeunes et à quel point les vrais élèves geek sont rares. Arrêtons donc de surestimer les compétences de nos élèves.