L’ami (e) critique

J’ai découvert la figure de l’ami (e) critique grâce à François Muller et sa présentation du conseiller pédagogique. D’après lui, l’ami (e) critique est « une personne de confiance qui pose des questions dérangeantes, propose des données à étudier avec un autre regard et critique le travail déjà réalisé comme un vrai ami. »

Depuis quelque temps, il y a une personne de mon entourage à qui il arrive de jouer ce rôle. Le sait-elle ? Je l’ignore. Mais grâce à un jeu de miroirs numériques, elle me montre ce que je suis à travers ce que je fais et me donne à voir des chemins auxquels je n’avais pas pensé.

Cette présence n’est pas toujours confortable. Elle perturbe les habitudes de solitude installées depuis des années dans la salle des machines des préparations de cours. Elle observe l’économie du cours (au sens de structure, d’organisation), la questionne, en interroge les présupposés et les ressorts théoriques.

Mais cet éclairage est salutaire. Grâce au recul qu’il me procure, j’ai découvert que ma progression n’était pas aussi linéaire que je le croyais. En réalité, je commence par mettre à disposition des élèves un environnement de travail pour aboutir à un écosystème d’apprentissage dont l’objectif est la mise en autonomie des élèves.

Les propositions que me fait cette personne sont aussi appréciables. Récemment, elle m’a suggéré d’exploiter en mode inversé les captures d’écran que je fais de la prise de notes des élèves quand ils s’entrainent à la compréhension orale. Bonne idée mais pas pour tout de suite. J’ai, en effet, d’abord besoin d’une approche frontale pour mieux sentir le positionnement des élèves. Et c’est seulement ensuite que je les place en mode inversé pour un travail individuel qui nourrira un travail de groupe.

Toutefois, cette présence d’un (e) ami (e) critique m’interpelle sur la solitude des enseignants et leurs besoins en formation. « Nous ne sommes pas formés », disent-ils en choeur. En réalité, je n’aime pas cette formulation qui fait usage de la voix passive. Depuis de nombreuses années, je préfère dire « je me forme ». Toutefois, j’apprécie d’avoir cette nouvelle source d’inspiration ainsi que sa bienveillance critique. Peut-être devrait-on alors, quand les enseignants disent qu’ils ne sont pas formés, entendre plutôt le message : « Il y a des jours où j’aimerais cheminer moins seul (e), mais en confiance, pas pour être noté (e), mais pour être regardé (e), écouté (e) et inspiré (e). » Ce qui serait aussi un magnifique chantier pour notre encadrement.

En tout cas, merci à cette personne.