Twitter : semaine 1.

Cet article est dédié à @2vanssay , au Twittmooc qu’elle a créé et aux twittmooceux qui encouragent les nouveaux. Il s’agit ici de mon premier feuillet du carnet de bord qu’il nous est recommandé de faire.

J’ai tweeté, j’ai retweeté, j’ai fait des renvois à des articles. Je me suis abonnée, essentiellement à des comptes que j’avais déjà repérés, mais aussi à des #twittmooceuses (dont une rencontrée « IRL »). Certains ont eu la gentillesse de s’abonner à mon compte. Merci à elles et à eux.

Je suis souvent allée sur le bloc #twittmooc. Ciblé, simple, riche et convivial. Il est encore trop tôt pour me lancer dans un défi. Je me contente du cahier de bord.

Ce que je dois apprendre : tweeter en ajoutant des URL, par exemple quand j’écris un article exceptionnel sur mon blog.

Mon avatar.

Mon avatar, c’est autant moi que ma photo. Au seul défaut près que si nous devons nous rencontrer « pour de vrai » (traduction « IRL »), vous ne me reconnaîtrez pas.

Paraît que mon avatar est une provocation. La confrontation tablette et cahier à spirales, gomme, crayon, il semble que ça produise cet effet là !

Et pourtant. Le rouge du fond n’est rien d’autre que la nappe de ma table de cuisine. Avec cinq heures par week-end passées devant les fourneaux, ce n’est pas anecdotique. La tablette, c’est là que se concentre mon dispositif d’information (Pearltrees, Feedly, Twitter depuis une semaine, sites de presse etc…). Le cahier à spirales, le crayon et la gomme sont les outils dont je me sers pour réfléchir, pour « brouillonner » mes pages de blog. Et le gilet de dentelle ? Une allusion au master d’histoire que j’ai fait en 2007 et qui portait sur la dentelle à Villedieu-les-Poëles au XIX° siècle, un travail qui m’a ouvert les yeux sur l’importance de la recherche , même et surtout concernant les choses du quotidien.

Mon avatar, un concentré de ce que je peux faire qui en dit certainement plus long qu’un portrait photographique.

Interview avec Olivier Erzscheid : l’identité numérique.

L’interview donnée par Olivier Erzscheid et relayé par ItyPA2 comporte deux parties.

  1. La première est consacrée à l’identité numérique et s’appuie sur la publication récente de l’ouvrage « Qu’est-ce que l’identité numérique ? » aux éditions OpenEditionPress.

  2. La seconde traite du blog d’Olivier Erzscheid « Affordance », de ses raisons d’être, des problématiques qui y sont développées et des prises de position de l’auteur.

Pour ce qui est de l’identité numérique, l’auteur évoque d’abord les traces que nous laissons sur le web. Mais il insiste sur le remixage que subissent ces traces, avec les conséquences que cela implique : nous perdons la main sur nos données puisqu’elles sont compilées, indexées et mixées à notre insu dans le but de « faire tourner un régime économique qui est le régime publicitaire ».

Ce traitement de nos données personnelles correspond à une évolution du web. D’un outil centré autour de documents dont on espérait qu’ils nous permettraient de constituer une intelligence collective, nous passons à un outil centré autour des individus et de leur profil.

Olivier Erzscheid pense donc que nous devons reprendre la main sur nos données. Pour cela, il préconise quatre attitudes :

  1. être proactif, c’est-à-dire, être à l’origine des informations qui circulent à notre sujet sur le web

  2. mettre en place une surveillance à l’aide d’outils simples

  3. se réserver un nom de domaine

  4. bien définir son périmètre de confidentialité sur les réseaux sociaux.

Il recommande aussi un changement d’approche de l’ouverture par défaut des sites. Fixer un délai limite d’archivage de nos données. Laisser, dans le cadre du délai précédemment nommé, à l’usager la définition des paramètres d’utilisation. Maintenir des services personnalisés mais uniquement dans le cadre des deux conditions précédemment citées.

Pour ce qui est du blog et de la deuxième partie de l’interview, il commence par expliquer le pourquoi de celui-ci. D’abord, il ressentait la nécessité de mettre en forme les résultats de ses recherches et de les diffuser. L’intérêt et les attentes de ses lecteurs l’ont ensuite encouragé à poursuivre. Aujourd’hui, il y développe à la fois des problématiques actuelles telles que celles du droit d’auteur, mais aussi des problématiques qu’il considère poindre à l’horizon. Il cite alors l’importance croissante des objets connectés et des capteurs qui se répandent dans nos environnements ou bien la philosophie transhumaniste qui conduit Google à mettre au service de la recherche sur le génome sa puissance de calcul afin de mieux traiter certaines maladies.

Mais ce blog est aussi celui d’un chercheur engagé. Il insiste par exemple autant sur la nécessité de protéger le droit des auteurs que sur celui des lecteurs de faire valoir leurs droits à la réalisation de copies privées. Il proteste contre les pratiques autour du livre numérique qui consistent à restreindre le nombre de prêts pour un ouvrage qu’on a acquis en espèces sonnantes et trébuchantes. Son objectif est alors de lutter contre les « systèmes qui ajoutent une couche de fermeture ».

En l’écoutant, je me demande s’il ne s’agit pas d’un plaidoyer pour notre liberté d’apprendre, de connaître, de savoir et de rencontrer.

Quelle(s) stratégie(s) pour le net ?

Cette fiche s’appuie sur un article d’Hubert Guillaud intitulé « Passer des stratégies identitaires aux stratégies relationnelles » et publié dans internet actu.net le 30 avril 2013.

L’auteur part d’une citation de Dominique Cardon. Selon ce dernier, le risque d’internet est moins de créer de l’inauthenticité que de creuser des écarts entre ceux qui savent jouer de leur identité et exploiter les liens faibles de la toile et ceux qui restent enclavés dans des relations de proximité.

Car savoir jouer de son identité numérique en utilisant chaque média de manière optimale est déjà une compétence « différenciante » et discriminante. Plutôt donc que d’insister sur la réputation en ligne et les problèmes de sécurité, il serait tout aussi judicieux de se définir une stratégie pour chaque espace et d’optimiser l’utilisation des outils afin de mieux valoriser les liens faibles et se constituer un réseau plus efficace.

A la découverte de Danah Boyd.

Merci à Place de la Toile pour le grand entretien avec Danah Boyd diffusé le 16 mars 2013. Danah Boyd est une ethnographe américaine qui consacre ses travaux aux nouvelles technologies et à la manière dont les gens les utilisent, en particulier les adolescents.

D’elle même, elle raconte qu’ « elle a grandi en ligne » et que cela fut pour elle une riche expérience de socialisation . Cependant, elle reconnaît que cette expérience présentait des aspects contradictoires. D’une part, elle n’éprouvait ni le désir ni la volonté consciente de prendre des risques. D’autre part, ce qu’elle faisait n’était quand même pas sans danger.

Toutefois, cela l’a amenée à beaucoup réfléchir à l’usage des technologies, en particulier chez les jeunes. Pour cela, elle part d’un double questionnement :

  1. Qu’est-ce que les jeunes font réellement sur le web ?
  2. Qu’est-ce qu’on imagine qu’ils font sur le web ?

Elle confronte donc la réalité avec nos représentations de cette même réalité (où l’on trouve beaucoup d’anxiété et de mythes) pour tenter de définir les risques et les enjeux réels.

Ses premiers travaux de recherche ont porté sur l’usage que les jeunes faisaient de my space. La problématique en était : comment les jeunes construisent-ils leur identité (expression, socialisation et rapport aux pouvoirs) sur le web. La méthode consistait à se connecter régulièrement au hasard sur des profils inconnus et à rencontrer des jeunes en vrai. Pour en arriver à la conclusion que sur le net, les jeunes trainent comme autrefois les générations précédentes trainaient devant le supermarché du coin. Internet est donc un espace public où les jeunes se rencontrent sans rien faire de plus. On peut dès-lors se demander pourquoi ils ont quitté l’espace physique du supermarché pour rejoindre l’espace virtuel du web. Les raisons en sont diverses, mais les principales sont l’interdiction parentale de sortir, l’accroissement du nombre d’activités en dehors de l’école et donc de temps disponible et enfin l’absence de voiture. Cependant, il y a des différences notoires entre l’espace public et l’espace web. Dans ce dernier, le contenu est durable, reproductible , traçable, il peut aussi être amplifié ce qui peut conduire à un brouillage entre vie publique et vie privée.

Doit-on en conclure que les jeunes se désintéressent de ce qui relève de la vie privée ? D’après la chercheuse, non. Mais les jeunes rencontrent de nombreuses difficultés à défendre leur espace privé. D’abord parce qu’il est particulièrement compliqué de se retrouver dans les paramètres de confidentialité des sites dans la mesure où ils changent tout le temps. Ensuite parce que le contrôle exercé par les mères devient plus serré. Enfin, elle pose la question de l’idéologie de la transparence mais ce point mérite approfondissement.

Par la suite, Danah Boyd développe son point de vue sur le big data. Elle estime qu’une idéologie sous-tend l’évocation de ce nouvel univers de données. On imagine qu’en collectant beaucoup de données, on comprendra enfin l’humanité et qu’on en résoudra les problèmes. Mais pour l’instant, ce sont les entreprises qui le font et elles le monnayent . A ce sujet, Danah Boyd délaisse le registre du quantitatif pour poser la question en terme de pouvoirs et constate une différence entre l’Europe et les Etats-Unis. Si les Européens craignent l’intrusion des entreprises dans leur vie, les Américains redoutent celle de l’Etat. Mais pour elle, le danger est ailleurs. Quant on parle de liberté, on raisonne à l’échelle de l’individu. Or le changement introduit par le net, c’est la dimension réticulaire. Elle clarifie son propos en citant deux exemples. Celui du génome : quand je diffuse mon génome sur la toile, je le fais à titre individuel certes. Mais j’engage aussi toute ma famille, les enfants que je n’ai pas encore aussi. Quant à Facebook, quand un ami m’annonce l’ouverture de son compte, même si moi je n’en possède pas, je suis déjà quelque part sur le site comme ami (e) de, donc comme celui ou celle qui ressemble à. Danah Boyd estime donc qu’à partir de tous ces éléments, nous nous trouvons dans une situation tendue entre l’évolution du marché, les normes sociales, la loi et l’architecture sociale.

C’est alors dans ce cadre qu’elle définit son positionnement. Beaucoup lui reprochent de travailler pour Microsoft. Mais elle se considère comme une activiste dont la mission est de mettre en relief les complexités, les tensions et les peurs suscitées par un monde nouveau afin de faire de nous un public éclairé capable d’exercer son sens critique.

Pour ce qui me concerne, deux points ont particulièrement attiré mon attention :

  1. ses tentatives pour faire la distinction entre les changements réels liés aux nouvelles technologies et ce que nous en fantasmons
  2. ses interrogations sur les pouvoirs qui émergent de ces technologies et sur notre liberté vraie qui est une question qu’on ne se pose sans doute pas assez aujourd’hui.