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La MUSIQUE, tous les jours

La mélodie insolente qui trotte dans la tête, l’air qu’on fredonne dans la voiture, sous la douche, on le sait, ça met de bonne humeur.

Avant d’arriver au bahut comme on dit, nous aussi on chante à tue-tête dans la voiture ou on choisit sa playlist préférée dans le métro armé de son casque, rempart et protecteur de notre solitude.

Sur place, on voit bien vite que nous ne sommes pas seuls dans la recherche de l’harmonie musicale. Il suffit de jeter un coup d’œil aux lycéens devant l’établissement, tous absorbés dans leur écoute, l’air absent, parfois avec un vague sourire sur les lèvres, accompagnant les rythmes de leur musique d’un hochement de tête, se préparant psychologiquement à affronter la terrible sonnerie de 8 heures. Cette horrible musique qu’on subit. Ils se mettent dans une capsule capitonnée, s’isolent, s’arment de leurs sonorités préférées pour rêver tranquilles après.

La musique, ça rappelle les vacances, les moments spéciaux, les rencontres, ça réveille des souvenirs, éveille des émotions.

Et soudain, on a une idée, l’idée, the idée… On va se servir de la musique en classe, succès garanti…

Le CHOIX de la chanson

C’est là que les choses se corsent.

Comment transformer une expérience agréable pour un individu comme un moment de partage pour la classe ? Je ne suis pas Johnny, ni DJ et bien que soufflant trois notes à la flûte, je n’ai rien du GO grand bronzé qui va ravir le cœur de son audience aux deux premières mesures.

Et en plus quelle chanson choisir ? Là les risques deviennent prégnants.

C’est alors que nous les profs de langues on se lance dans notre activité favorite : le trouyotage de chansons, on devient poinçonneur des lilas et on fait des trous dans le texte.

Bref, on transforme le fun en pénible pensum. « T’as mis quoi après after ? Quoi ? For ever ? »

Quand on est de mauvaise foi et qu’on ne veut vraiment pas corriger le fameux « fill in the blanks », on donne, désespéré, un « wordsearch », un mot mêlé, 10 minutes de paix garantie.

Mais alors ? Que FAIRE ?

Comment faire alors pour que la musique devienne notre alliée ? Comment faire pour que les élèves n’entrent pas à reculons dans notre classe ? On crée une playlist sur Youtube. Il faut commencer par choisir la bonne chanson. Celles-ci marchent à tous les coups :

Après, avant de se lancer, on peut aussi demander aux élèves, puis ajouter une chanson au fur et à mesure.

Un RITE de passage

Le matin, pendant le moment critique entre 7 h 55 et 8 h où les élèves se demandent s’ils vont tourner les talons et s’enfuir on appuie sur PLAY. On laisse tourner, à un volume respectable et on regarde les élèves s’installer. On les laisse finir leurs conversations, on leur dit bonjour, on leur sourit, on circule, on leur indique de sortir leurs affaires d’un geste, on essaie de les mettre de bonne humeur. Selon les élèves, on les invite à chanter voire à danser. C’est un moment spécial, un palier, un moment de transition, ils quittent leurs vêtements de lycéens, amis, amoureux, et endossent ceux d’élèves dans votre classe.

Et mes textes à trous alors ? Ecrire ? Pas encore. Du plaisir, un état d’esprit, pour attaquer dès que la chanson est finie.

Ce n’est pas FINI ?

Mais encore ? Associer les chansons à des événements.

Ce n’est pas du temps perdu, surtout à des heures délicates le midi ou le soir. Ce n’est pas de la démagogie mais du bon sens. On apprend mieux quand on en a envie, quand on se réjouit doucement de 4 minutes, quand Daniel, élève de seconde rentre d’un bon pas sur Treasure de Bruno Mars, en esquissant un pas de dance. (je l’avais entendu dans le couloir et avais parié sur la chanson qui le ferait entrer avec un sourire).

Il y en aura toujours qui n’aimeront pas vos choix musicaux et qui feront la grimace, ce n’est pas grave car pour vous aussi, partie la mauvaise humeur, oubliés les accrochages du cours précédent, le matin chagrin, vos soucis. Cette chanson-là c’est votre power song, votre chanson bonne humeur, mais vous ne leur avez pas dit. Et la playlist, c’est l’histoire de la classe, les conversations avec les élèves, les chansons à la mode, les fou rires, les « oh « sur les mots grossiers, de la complicité, de l’échange, des sourires, des clins d’œil, les vendredis karaoke, et l’objectif de cette année, une surprise flashmob de mes élèves.

Avec modération…

Mais comme pour tout, pas tous les jours, pas avec toutes les classes, pas à toutes les heures, du temps choisi, des surprises, du temps préféré, des moments sans chansons, sans bruit, des débuts d’heure debout à attendre mon signal de « Take a seat », des matins chagrins quand même parce que la musique ce n’est pas une potion magique, des trous dans une phrase, mais du plaisir.

Alors, quand on voudra travailler du vocabulaire, on pourra l’utiliser notre poinçonneuse, mais sur une chanson vraiment difficile pour un travail en groupes, on pourra la découper pour remettre les phrases en ordre, pour un challenge, pas des mots isolés, pas des activités pour jouer la montre.

Les élèves quittent la salle à la sonnerie, et demandent « A demain Madame. On écoutera de la musique ? » Je souris, je ne sais pas encore. Ca dépendra de mon humeur 😉

Ma playlist sur Youtube :

Amélie Silvert

2 réponses

  1. Comme diraient mes élèves: « trop bien… » Juste ce qu’on cherchait ma collègue et moi pour démarrer notre séquence « Music ». Merci pour ces idées, Amélie.

    1. Bonjour Maria,

      merci!
      Ce qui marche aussi bien dans les séquences musique, c’est le blind test. Recueillir les chansons/titres préférés, les garder secrets…Attendre un peu et les rassembler sur un support type Padlet.
      Le jour J demander si les élèves connaissent bien leurs camarades et leurs personnalités. Passe 30 secondes de la chanson et demander quels sentiments cela provoquent en eux qui peu écouter cet artiste et ce que cela révèle de leur camarade…Certains sont parfois très surpris, moi aussi d’ailleurs…

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