critique de l'inspection des enseignants

Combien avons nous vus de collègues perdant tous leurs moyens à la simple venue d’un inspecteur de l’éducation nationale (I.E.N) ? Des personnes mêmes expérimentées réalisant au quotidien un travail exceptionnel et qui face à la pression d’un regard extérieur se décontenançaient pour finalement saborder eux-mêmes l’ensemble de leur travail.

critique de l'inspection des enseignants

Pourquoi ce rapport hiérarchique et cette inspection traumatisent t-ils autant d’enseignants là où au contraire ils devraient y trouver confiance, motivation et détermination à montrer (car c’est si rare de pouvoir le faire) la qualité de leur travail.

Comment inventer un nouveau rapport entre enseignant et inspecteur, une évaluation qui serait beaucoup plus formative et constructive que sommative ?

Comment faire en sortent que les enseignants soient demandeurs d’inspection car se sentant reconnus par la hiérarchie, valorisés dans l’exercice de leur fonction et non plus brimés ou démoralisés?

Voici ce à quoi cette chronique va s’intéresser aujourd’hui.

  1. Pourquoi l’inspection est vécue comme un drame, comme infantilisante?

En effet les textes précisent qu’une inspection d’enseignant devrait avoir lieu en moyenne tous les trois ans. Dans les faits la moyenne augmente ostensiblement pour avoisiner les 4-5 voir 6 ans entre chaque. Le stress de jouer la reconnaissance de trois, quatre ou cinq ans de travail avant de pouvoir remontrer ses capacités se comprend alors tout à fait.

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L’I.E.N est un supérieur hiérarchique et il est rare pour un enseignant du primaire d’être face à ce type d’autorité. En effet les chefs d’établissement bien qu’ayant reçu la posture il y a peu de supérieur hiérarchique n’ont aucun moyens coercitifs pour mettre une quelconque pression sur les enseignants.

Ensuite il ne faut pas oublier (et je vous renvoie vers une de mes précédentes chroniques: Vers une féminisation à 100% du métier d’enseignant) que les enseignants sont dans le primaire une majorité d’enseignantes (82%). Or au niveau des I.E.N la présence masculine est de l’ordre de 60% (à peu près car le chiffre est introuvable donc je me suis amusé à compter par académie) ce qui est sur-représentatif. Ce détail n’est pas anodin car le rapport hiérarchique homme-femme est biaisé bien souvent. Les femmes consacrant une part plus importante à l’humain là où l’homme s’intéresse plus aux capacités, aux performances. Un I.E.N masculin aura bien souvent des difficultés à cerner les choix d’une enseignante car de son point de vue ils lui paraîtront secondaires.

En effet une inspection aura comme effet de donner une note.Cette note si elle est prise comme telle au premier degrés peut être fort dévalorisante. Une enseignant même exceptionnel en début de carrière ne peut espérer avoir plus de 13 ou 14/20 car la notation est aussi basée sur des barèmes liées à l’ancienneté (qui varie d’une académie à l’autre et d’un inspecteur à l’autre, allez comprendre). Or une personne qui se dévoue corps et âme pendant ces deux premières années, qui « respire » l’enseignement nuit et jour et qui se retrouve avec une note de 12 sur son travail peut être amenée à penser que son travail ne VAUT qu’un 12/20.

En effet contrairement à bien des idées reçues une inspection (sauf à de rares cas près) ne change pas une carrière ou n’en casse pas une pour le moins. On peut avoir une inspection exécrable et continuer son bonhomme de chemin et même à l’inverse avoir une inspection excellente et ne pas en ressentir les effets (du moins immédiatement). Car la note obtenue va vous classer dans une des 3 catégories appelées: Grand choix, petit choix ou ancienneté. Celle-ci vous permettra d’avoir une avancée de carrière plus ou moins rapide mais quoiqu’il arrive vous avancerez à l’ancienneté. Il est donc temps de mettre un peu plus de légèreté et de relativisation face à une inspection.

Il y a  de quoi tomber des nues. Ces personnes là mêmes qui passent leur temps à évaluer leurs élèves via des évaluations diagnostiques, des évaluations formatives d’autres sommatives ignorent pour pas mal d’entre eux quels critères d’évaluation sont utilisés pour leur notation par l’I.E.N qui leur rend visite. Or en connaissant précisément les critères observés par l’inspecteur les enseignants pourraient mieux se préparer, vérifier par eux mêmes qu’ils répondent aux attentes de l’institution. Tous ces critères existent dans un document qui est pourtant passé par chaque main d’enseignant à un moment donné: le référentiel des 10 compétences du professeurs des écoles

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2.    Comment changer le regard sur l’inspection?

Nous l’avons dit la note est infantilisante. Un  nouveau système doit émerger des concertations entre enseignants et I.E.N. Un système d’appréciations et de paliers allant de « travail à remanier » jusque « Travail excellent répondant à de nombreuses attentes » serait nettement plus humain qu’une vulgaire note. Une transparence plus importante sera un sacré pas en avant. Pourquoi ne pas imaginer des grilles complétées de concert avec l’I.E.N avec un entretien remaniée dans son déroulement et porté sur le conseil et l’analyse de pratique.

 

Nous l’avons vu plus haut comment ne pas être frustré sur ce temps si court d’observation de son travail (2h tous les 3 ans au mieux)

D’un point de vue matériel il parait compliqué de proposer aux I.E.N de rendre plus de visites mais dans les faits il le faudrait.

*Une rencontre par an et par enseignant serait une très bonne chose (comme une évaluation continue)

*Une évaluation lors d’une rencontre sur trois, soit tous les trois ans comme aujourd’hui »hui. Ces deux visites intercalées permettraient aux enseignants d’être toujours au plus près des exigences et orientations de leur I.E.N. On ne craint que ce que ne connait pas. Si l’I.E.N malgré sa posture hiérarchique vient plus régulièrement à la rencontre des enseignants,si les attentes sont fixées, les jalons et critères d’évaluation posés pourquoi le craindrait t-on?

*Un bilan de compétences et des formations suivies ou désirées une fois tous les deux ans avec l’I.E.N

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Des circonscriptions organisent des réunions de début d’année où l’I.E.N explique ces attentes et donne les grandes orientations pour l’année scolaire qui débute. Ce principe devrait être généralisé.

 

L’inspection si elle en reste à ses modalités actuelles est un véritable oral professionnel. En effet après ses séances observées suit un entretien où l’enseignant doit pouvoir argumenter, justifier mais aussi oser prendre la parole face à un supérieur hiérarchique pas toujours tendre ou compréhensif. Beaucoup d’inspecteurs privilégient désormais l’accompagnement et le conseil pour les enseignants en début de carrière mais il y a encore des « sabreurs » qui évaluent un jeune enseignant sur les mêmes critères qu’un « ancien »

Les jeunes enseignants sortent à peine de leur cursus scolaire et ne sont pas suffisamment « armés » et préparés à cet oral. Le système actuel de tutorat des jeunes professeurs stagiaires les aide un peu depuis sa mise en place il y a 3 ans mais devrait être maintenu une année de plus après la titularisation des jeunes professeurs des écoles.

L’inspection devrait faire l’objet d’un module alliant communication, prise de parole, tenue d’un argumentaire et analyse réflexive sur sa pratique.

 

Pour conclure:

l’inspection doit évoluée dans ses modalités d’exécution par les I.E.N, dans sa perception par les enseignants et dans la préparation de celle-ci.

Une inspection doit être une chance de montrer son degré d’investissement et ses compétences.

Elle ne doit plus être un sacerdoce où durant les quelques jours ou semaines précédents l’enseignant y consacre jour et nuit à coup d’insomnie et de stress et arrive le grand jour complètement vidé et épuisé.

Sur ce bonne inspection à ceux qui en sont proches et attente sereine à ceux qui ont encore une ou deux années scolaires à patienter.

Monsieur Mathieu

Pour aller plus loin:

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