Tout évolue, c’est bien connu, mais j’ai des fois l’impression que ce n’est pas le cas quand on parle de l’enseignement de l’évolution… Ainsi la semaine dernière en faisant réciter sa leçon à mon fils j’ai (encore) manqué de m’étrangler. Il est en CM2 et en ce moment travaille sur la classification du vivant…

Tout commençait très bien pourtant avec une introduction simple qui expliquait que pour classer les êtres vivants, on se basait sur leurs ressemblances, leurs points communs (que l’on nomme « attributs »). Ensuite la logique est simple et accessible à tous : s’ils présentent des ressemblances, c’est qu’ils l’ont reçu d’un ancêtre commun, comme dans une famille, les enfants ont reçu (plus ou moins) des caractères de leurs parents. Les vertébrés sont alors cités en exemple… Jusque-là, rien à redire, les vertébrés ont tous en communs un squelette avec crâne et tutti quanti… Et comme exemple suivant (c’est là que commence mon tourment)… LES INVERTÉBRÉS.

Comment voulez-vous regrouper des êtres vivants sur le point commun : « ne pas avoir de squelette », bref en fait sur une absence… de point commun. Toute l’explication précédente est ruinée par un choix malencontreux. J’ai alors entrepris d’expliquer à mon fils pourquoi, quand on classe des animaux, on ne peut pas utiliser un tel terme.

Cela tient en quelques lignes en fait !

Demander à vos élèves de faire la liste de tout ce que ne partage pas deux êtres vivants. Vous pouvez y passer une semaine. Il est plus rapide (et donc cohérent) de rechercher tout ce qu’ils partagent. Là, on « classe » ! D’ailleurs, comment classer des documents, une bibliothèque, des vêtements, si ce n’est en cherchant leurs points communs : les chaussettes avec les chaussettes, qu’elles aient ou pas la même couleur… Pratique pour s’y retrouver : un placard avec d’un côté les chaussettes et de l’autre les « non-chaussettes » ou une bibliothèque municipale avec un rayon dictionnaire et un rayon « non-dictionnaire » ou encore un magasin avec un rayon produits « ampoule » et un rayon « non-ampoules »… Bon j’arrête là, je pense que vous voyez le problème…
Vous allez me dire, c’est pas si grave, après tout, ça fait longtemps qu’on emploie ce terme, alors…

Alors ce qui est embêtant, c’est que comme je vous le disais au début, derrière l’idée de classer, pointe l’idée d’ancêtre commun. Donc de trouver ce qui a pu être légué par un ancêtre commun. Alors maintenant, imaginez un peu : cela revient en découvrant un nouveau-né pour la première fois, à dire « oh comme il est beau, qu’est-ce qu’il ressemble pas à son père ou à son grand père » ou alors « il n’a pas les yeux de son père ». Et le doute de s’installer sur le père naturel… Bien comprendre et faire comprendre comment on classe, c’est introduire de manière claire dans la tête de nos élèves, la notion d’évolution et donc, ça n’a l’air de rien, mais c’est quelque part fondamental.

L’exemple des invertébrés est certainement le plus mauvais exemple à citer et je préfère passer sur l’utilisation du terme reptile qui est très pratique mais exclut du groupe les oiseaux (dans une de mes précédentes chroniques vous trouverez pourquoi). C’était d’autant plus dommage qu’en document d’illustration il y avait une très bonne présentation simplifiée de la classification actuelle tirée d’un livre que j’avais fait acheter à l’école l’année précédente : Comprendre et enseigner la classification ! D’ailleurs, je vous le recommande, il est très clair et très pratique pour faire la classe, du primaire au collège.

La classification du vivant

Mais hélas, ce n’est pas la première fois cette année que j’ai connu de désagréable surprise dans les leçons de mon fils… Je vous expliquerai certainement bientôt comment l’enseignement de l’évolution humaine semble encore, elle aussi, problématique.

Une chronique de Damien THOMAS (en perpétuelle évolution dans sa découverte de l’enseignement de l’évolution)

6 réponses

  1. Je ne suis pas méprisant vis à vis des enseignants du primaire. Au contraire. Quand on me demande:
    << Quel est votre métier ? Je réponds toujours: Instituteur ou maître d'école et jamais: " professeur des écoles."
    Balayeur devient: "Technicien des surfaces" Caissière dans une grande surface devient " hôtesse de caisse" et instituteur devient: "professeur des écoles".
    Quelle hypocrisie.
    Je connais un prof de français , un prof d'anglais, un prof de gym ( pardon, il faut dire prof d'E P S ) mais par contre "professeur des écoles" je trouve cette appellation inappropriée, stupide et incorrecte.
    Donc, je la rejette.
    Mon commentaire n'est pas méprisant. J'ai essayé de traiter de façon humoristique un problème personnel. J'ai essayé d'expliquer à mon fils un élément d'une leçon de grammaire: la différence entre un adjectif qualificatif épithète et un adjectif qualificatif attribut.
    Et ça été la cata.
    Faire réciter une leçon à ses enfants et faire la leçon à ceux-ci sont deux choses différents.

    Combien de fois, des parents catastrophés sont venus me voir pour me dire:
    <>
    Première réponse de ma part.
    <>

    Lorsque les parents écoutaient mon conseil, ils revenaient me voir.
    <>

    Je ne détiens pas la « VERITE » mais j’ essaie de pratiquer un peu de bon sens et d’aider les parents en difficulté. Le métier de parent est difficile et chaque personne est unique. Donc pas de solution miracle.
    On pratique comme on peut.

    Au CM2, dans ma classe, une fille de 10 ans n’avais jamais cassé un œuf.
    Quel dommage!
    La maman me disait:
    <>
    Les enfants sont rois, mais les parents ne sont pas leur esclave.

    Tu travailles, mais après, tu m’aides à nettoyer et à ranger. Cela fait partie de l’éducation.

    Si vous avez trouvé mon commentaire  » un tantinet méprisant pour les professeurs des écoles du primaire » veuillez m’en excuser.
    Je suis désolé.

  2. Il ne s’agit pas de mépriser les enseignants de primaire mais peut-être d’admettre qu’à certains moments nous ne pouvons pas être spécialistes de tout, ni être au courant de tous les développements des connaissances. Or les programmes tels qu’ils existent en primaire demandent aux enseignants d’aborder des thèmes qu’ils n’ont jamais vraiment étudiés. Sans doute est-ce pour cela que mes élèves de 6è sont eux aussi des adeptes des invertébrés et m’expliquent qu’ils existent plusieurs groupes d’êtres vivants : les animaux, les végétaux et les insectes !?
    Comment réagir? En leur expliquant que plus on grandit plus on est apte à comprendre des choses compliquées et en essayant de rétablir la vérité scientifique telle qu’elle est aujourd’hui … peut-être aura-t-elle évoluée demain ?

  3. Je trouve cet article un tantinet méprisant pour les enseignants du Primaire. Je fais partie de cette bande d’incultes et j’ai 5 enfants encore scolarisés du CM1 à l’Université. Des leçons, cela fait 15 ans que j’en fais réciter à mes enfants…
    Je constate qu’il est plus facile de voir la paille dans l’œil de son voisin que de voir la poutre dans le sien.

  4. Selon la définition du Larousse « invertébré » = se dit d’un animal dépourvu de colonne vertébrale ».

    Peut-on demander à un élève du cours moyen d’en savoir plus que le dictionnaire?

  5. Quand on est prof, et que l’on essaie d’expliquer à son fils la différence entre l’adjectif qualificatif épithète et l’adjectif qualificatif attribut… Mission impossible. Pas la peine d’insister, ça ne marchera pas.
    Exemple.
    <>
    Voilà, mon fils, c’est très simple. Je t’explique.
    Dans la phrase: « Le ciel bleu réchauffe mon cœur. » le mot bleu est un adjectif qualificatif épithète car il est situé juste à côté du nom commun ciel. Tu as compris? C’est facile?
    Je continue.
    Dans la phrase: <> l’adjectif qualificatif bleu est attribut du sujet ciel car ces deux mots sont séparés par un verbe d’état.
    C’est simple? Tu as compris?
    Papa, c’est quoi un verbe d’état?

    Et là la grosse galère commence.
    Je commence à m’énerver.
    Le ton monte.

    Mon fils est intelligent puisque c’est mon fils.
    Un instituteur c’est pas bête. C’est moins intelligent qu’un prof de collège ou de lycée.. mais quand même, si j’ai pas réussi les mêmes concours je ne suis pas la moitié d’une andouille.

    Heureusement, ma femme ( qui n’est pas enseignante ) veille au grain.

    <>

    Ouf, sauvé par le gong.
    Sinon c’était le drame familial.
    La UNE des journaux.
    <>

    Pour me résumer, un prof de S V T ne devrait JAMAIS expliquer à son fils les lois de l’évolution.

    Courage, la vie est un long fleuve tranquille. Et nous pratiquons le plus beau métier du monde.

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