Les réactions souvent vives face à la réforme prévue pour 2016 me laissent dans une incompréhension totale.

Nous sommes tous d’accord pour dire que le collège a besoin de changement, que nos résultats ne sont pas satisfaisants, qu’il produit toujours plus d’échec et de fracture sociale, bref, qu’il faut améliorer notre système scolaire.

Fusee

Pourtant, les critiques fusent de tous les côtés et quand ce n’est pas les langues anciennes que l’on veut conserver, ce sont les défenseurs de la langue allemande qui s’élèvent, les professeurs d’histoire qui refusent que le chapitre sur les Lumières soit supprimé (alors qu’il devient juste optionnel), ou encore les journalistes qui se moquent du jargon utilisé dans les programmes. Même Jamel Debbouze est attaqué parce qu’il parle de théâtre d’improvisation… et devrait sans doute défendre le latin ! Bah oui, il a travaillé pour Cléopâtre !

Donner du sens

L’interdisciplinarité est souvent rejetée, alors qu’elle est réclamée depuis si longtemps car elle est un moyen d’améliorer nos pratiques en s’ouvrant aux autres disciplines, en travaillant ensemble et qu’elle permet aux élèves de trouver du sens quand l’enseignement traditionnel en manque cruellement ! Comment rentrer dans les apprentissages quand on pense que « ça ne sert à rien » ? Donner du sens constitue une base de l’apprentissage.

En français, des programmes plus exigeants que les précédents pour le cycle 4, qui reviennent à davantage de cohérence entre lecture-écriture-étude de la langue-oral : l’oral prend de l’importance et si c’est délicat à mettre en oeuvre en classe, il faut reconnaître qu’on n’apprend pas en se taisant ! Des thèmes larges laissent une grande liberté de choix aux professeurs et collent au socle commun. Pour le cycle 3 (cm1 à 6°) des séquences courtes de 2 à 4 semaines ont le mérite de ne pas lasser les élèves. Allez, quand même, quelques regrets sur le côté technique de la langue trop mis en avant, au risque d’oublier le message et la beauté du texte : mais le professeur saura trouver le bon équilibre. On ne fait plus de cours de grammaire pour la grammaire, ce qui me semble au niveau du collège une excellente nouvelle ! Tout doit avoir du sens, être relié à des situations concrètes d’écriture ou de lecture. Et on travaille davantage l’amélioration de son écrit : « C’est moins le produit final, achevé qui est évalué que le processus engagé par l’élève pour écrire« . C’est donc la progression et les efforts de l’élève qui comptent d’abord : génial !

Si les programmes de 2008 faisaient selon moi, un pas en arrière (ou avant vers la tradition), ceux là font deux pas en avant. Pas des pas de géants, des petits pas, raisonnables et prudents. Rien de révolutionnaire mais un peu innovant quand même. De nombreux enseignants sont déjà dans cette dynamique pour mieux répondre aux besoins de leurs élèves. Dans la quête de sens, de concret, de projet, de motivation : ils ont le mérite de se soucier de l’intérêt de l’élève.

Des coups de cœur en parcourant les différents cycles

« Au cycle 2, les élèves ont le temps d’apprendre » : c’est du bonheur pour la graphothérapeute qui râle sans arrêt sur l’exigence de vitesse d’écriture dès le CE1 alors qu’on ne peut chercher la vitesse avant d’avoir automatisé le geste et intégré la structure des lettres!

Bonheur encore en lisant qu’il faut créer un climat de confiance pour les collégiens : ceux qui arrivent dans mon bureau avec une estime d’eux même en dessous de zéro ont bien besoin d’être remis en confiance pour s’autoriser le droit à l’erreur… et parfois même retrouver juste l’envie d’essayer !

La consultation se poursuit

Ces programmes ne sont pour l’instant que des projets, ils vont être retravaillés par le biais de la consultation, en espérant qu’ils ne subissent pas trop la fureur de ceux qui veulent que rien ne change car « c’était mieux avant« . Cette réforme est le fruit d’une consultation, elle n’est pas « inventée » par des personnes « tout là-haut » qui ne sont jamais sur le terrain. Et en plus, des moyens supplémentaires sont déjà prévus pour la mettre en œuvre !

Le nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture est simple, clair, proche de l’ancien mais plus adapté aux besoins actuels. Il vise à faire réussir tous les élèves, ce qui est le rêve de chaque enseignant, évidemment. Son domaine 1 : des langages pour penser et communiquer regroupe les deux premières compétences du socle actuel et me semble plus pertinent et plus large puisqu’il intègre les langages mathématiques, scientifiques, informatiques et même des arts et du corps ! N’est-ce pas plus motivant que la « maîtrise de la langue française et la pratique d’une langue vivante étrangère » ?

Le deuxième domaine me séduit particulièrement puisqu’il nous permet d’intégrer enfin un apprentissage primordial, dont les élèves en difficultés ont le plus besoin : les méthodes et outils pour apprendre. Apprendre à apprendre rentre enfin dans l’école ! Si quelques bons élèves n’ont pas besoin de méthodes et d’outils pour apprendre, la plupart en manque terriblement. Savoir que les stratégies d’apprentissage ne sont pas les mêmes pour tous, que chacun doit trouver ses points forts pour développer ses points faibles, que si l’on parvient à s’appuyer sur le visuel et sur l’auditif on enregistre plus facilement, que l’utilisation des cartes mentales peut aider certains, que la confiance en soi est une base pour réussir, que favoriser la communication entre les deux hémisphères cérébraux booste les capacités cognitives… La pédagogie positive et bienveillante va se généraliser à l’école et au collège : n’est-ce pas le meilleur moyen pour lutter contre l’échec ?

Le domaine 3 est aussi remarquable : formation de la personne et du citoyen. Ce domaine nous ramène au Code de l’éducation : « La formation scolaire favorise l’épanouissement de l’enfant, lui permet d’acquérir une culture, le prépare à la vie professionnelle et à l’exercice de ses responsabilités d’homme et de citoyen. »

Les grandes priorités sont là, les grandes valeurs humaines sont défendues. On accorde plus d’importance au numérique, aux besoins spécifiques des élèves, on s’adapte au monde qui évolue, on cherche l’ouverture, la tolérance et l’épanouissement. Alors je ne comprends pas tant de polémiques, tant d’enseignants qui s’élèvent contre cette réforme au moment où elle devient une urgence. Cherchez l’erreur ! Chercher l’erreur ? C’est peut-être ça le souci : les enseignants sont tellement conditionnés à chercher l’erreur, habitués à souligner la « faute« , qu’ils ne peuvent sortir de ce schéma, de cette structure tellement profondément ancrée…

Cette réforme vise à chercher la réussite : c’est le choc de deux mondes !

Une chronique de Claire Nunn

14 réponses

  1. Difficile de débattre sur le fond quand vos arguments ne sont pas fondés. 500 H de moins pour les collégiens, c’est faux, ils auront -malheureusement pour eux -davantage d’heures !
    Pour les langues vivantes, je ne sais d’où vous tirez votre analyse puisque sur les 4 ans de collège les élèves « gagneront » une heure trente de LV2/semaine et on ne touche pas aux horaires de LV1. http://www.education.gouv.fr/cid87892/adoption-de-la-reforme-du-college-conseil-superieur-de-l-education-du-10-avril-2015.html
    Au sujet du latin, une initiation pour tous me semble préférable à une initiation pour 15% des élèves ! De nombreux collèges ne proposent pas de grec aujourd’hui.
    Les programmes différents d’un collège à l’autre ? Mais c’est déjà le cas pour 10% de l’enseignement. Et pour les LV2. J’ai connu un élève arrivé en 3ème qui avait fait italien en LV2, obligé de prendre l’espagnol puisque son nouveau collège ne proposait pas d’italien…ça ne l’a pas empêché d’obtenir d’excellents résultats en espagnol puisqu’il a terminé l’année premier de la classe ! En primaire, avec le fonctionnement par cycle, le souci est identique non seulement quand on déménage mais aussi quand les enseignants ne se mettent pas d’accord pour la progression.
    Donnez-moi le nom d’un seul neuropsychologue qui a pu prouvé que l’apprentissage ne fonctionne pas par association ! On le savait empiriquement avant même l’existence des neurosciences, qui n’ont fait que confirmer scientifiquement ce que les pédagogues avaient mis en avant. Grâce à l’imagerie cérébrale, nos connaissances sont justement de moins en moins floues!
    Quant aux tests Pisa, ils nous mettent justement sur la voie : regardez les pays qui réussissent le mieux : bienveillance, méthode, implication des élèves dans leur apprentissage, travaux de groupe, projets et donc interdisciplinarité… (pardon, c’est un peu court car ce sujet mériterait un développement plus important !)
    Je ne pense pas avoir été agressive comme toutes ces personnes qui attaquent la réforme avec un mépris certains pour les experts, enseignants ou non, qui ont longuement réfléchi à la façon d’améliorer notre système scolaire, en observant ce qui existait déjà. Cette réforme ne fait que relever ce qui fonctionne dans les établissements pour le généraliser.
    Une telle opposition pose donc question. Surtout quand elle déforme le contenu.
    Bien entendu, si vous remettez en cause le collège unique, c’est encore une autre histoire ! Les pays qui fonctionnent ne proposent une orientation spécifique que très tard dans la scolarité… On ne peut pas demander à des élèves de collège de choisir déjà leur orientation ! Ce n’est pas raisonnable.
    Je sais aussi que mon argumentaire est vain et que même si cette réforme passe, une bonne partie des enseignants ne l’appliquera pas pour autant… La route est longue pour améliorer notre chère école …

  2. Visiblement vous aimez bien les petites phrases qui sonnent creux… Mais si vous vouliez bien débattre du fond…

    Que répondez-vous au fait que les élèves perdent 500 heures de cours sur l’ensemble du collège avec cette nouvelle réforme ?
    Que répondez-vous au fait, que pour les faire prétendument progresser en langues vivantes, on va leur fournir une 2° langue vivante obligatoire, en répartissant les moyens horaires d’une langue vivante sur 2… Donc les élèves auront toujours autant d’heures d’enseignement en langues vivantes, mais réparties sur 2 langues au lieu d’une. Est-ce bien utile, pour des élèves en difficultés, de connaître 2 langues étrangères ?
    Que répondez-vous au fait que pour apprendre le latin ou le grec, il faudra le noyer dans d’autres apprentissages ?
    Que répondez-vous au fait que chaque collège va pouvoir répartir, par décision du CA, une partie des horaires matières, et que donc un élève passant d’un collège à un autre n’aura pas vécu les mêmes programmes ?

    Enfin, vous dites : « Les neurosciences l’ont confirmé : c’est en faisant des liens, des associations que nous apprenons ». Ce qui est faux. Certain neuropsychologue affirment cela, pendant que de nombreux autres ont fortement tempéré voire nié ces affirmations. Nos connaissances en la matière sont plus que flous.
    Les pays actuellement les plus en réussite dans les test PISA, sont des pays où l’enseignement n’est en rien transversal mais au contraire très hiérarchisé. Les pays ayant utilisés l’enseignement global (comme la méthode d’apprentissage de la lecture global, au bilan catastrophique, que tous les enseignants ou presque abandonnent) chute au classement PISA ou quittent ces enseignements transversaux et l’évaluation par compétence. En France, les académies ayant fait des bilans sur l’enseignement transversal ou la notation par compétence, sont au mieux, neutre voire très négatif !

    Et vous osez conclure : « Cette réforme vise à chercher la réussite : c’est le choc de deux mondes »

    J’espère, ce qui est loin d’être sûr, que le but de l’état dans cette démarche est de viser la réussite, ce qui est le but de tous professeurs, passés, présents ou futurs. Donc pas de choc de 2 mondes. Simplement un monde, dont vous faîtes parti apparemment, et qui pense qu’une réforme va forcément tout améliorer car cela ne fonctionne pas actuellement, et un autre monde, dont je fais parti, qui souhaite une autre réforme bien plus efficace que notre collège actuel, et mettant en avant tous les élèves. Ceux avec des difficultés mais aussi ceux qui réussissent et qui veulent encore faire mieux, avoir plus de cours !
    Le collège unique est une énorme erreur je pense. Il faut diversifier et cesser de penser que tous les élèves peuvent et veulent suivre le même cursus !

    Je me doute que je ne vous aurai pas fait changer d’avis. Vous êtes trop buté et trop aveuglé pour y réfléchir sérieusement et par vous même, et non en reprenant systématiquement les sorties de nos gouvernements successifs.

    Contrairement à vous, je ne terminerai pas sur de l’agressivité, mais en souhaitant que vous arriviez avec vos méthodes, à faire réussir au mieux de leurs capacités tous les élèves et non pas que les élèves en difficultés. Je pense que le collège unique ne peut pas exhausser ce voeux.

    Bonne continuation tout de même.
    Flavien

  3. Etonnant… Et je me retiens… Catastrophé, est un terme plus exact, voire consterné, effrayé…

    Je n’ai jamais vu réforme moins réfléchie que celle à venir. Sous prétexte que le collège ne fonctionne pas, certains balancent une réforme sans aucune réflexion, qui ne prend que ce qui a déjà était fait ou pensé par de nombreuses personnes n’aillant plus mis les pieds dans un collège depuis leur propre cursus scolaire.

    J’enseigne depuis plus de 10 ans en collège. Cette réforme se base sur l’interdisciplinarité, déjà essayé sous nombres de formes différentes et toutes toujours jetées au placard pour inefficacité flagrante (IDD,…)

    La soit disant liberté pédagogique induite par un nombre d’heures libres à répartir par le Conseil d’administration (parents, élèves) n’ayant que peu de connaissance pédagogique va pouvoir instiguer de nombreuses pression interne, ou chantage : « Si vous n’acceptez pas ces heures, je supprime votre poste, donc acceptez ce projet qui est le mien et non le votre » ou « Si vous ne me donnez pas ces heures, je refuse de vous rendre service en acceptant la maintenance informatique de mon collège ».

    Les élèves déménageant n’auront pas du tout la même évolution durant leur cursus d’un collège à un autre.

    Le maintient du grec et du latin, matières hautement utiles aux développement des meilleurs cerveaux, ne sera maintenu qu’en prenant des heures pouvant être à destination du français ou des maths… Qui osera ce choix ?

    Alors oui, il vaut mieux niveler par le bas et oublier nos élèves qui veulent s’en sortir… Honte sur nous dans ce cas. Ce n’est pas parce qu’ils sont meilleurs qu’il faut les laisser se débrouiller seuls.
    Le collège unique est la plus grande erreur actuelle… Il faudra savoir évoluer en effet… Mais en abattant cette bêtise de croire que tous les élèves peuvent suivre le même cursus. L’apprentissage est une des meilleurs voies comprises depuis longtemps par de nombreux pays avangardiste en matière d’enseignement… Mais refuser par de grand penseur.

    Je n’ose même pas imaginé ce qui se passera quand certains professeurs noteront de façon moins expérimental que maintenant, par compétences… Ce que je refuserai toujours !!

    Je suis enfin scandalisé par la phrase de l’article : « C’est donc la progression et les efforts de l’élève qui comptent d’abord : génial ! » Je pense qu’avec ce genre de réflexion, nos élève vont vraiment progresser !!
    Maintenant, il ne sert plus à rien de savoir faire, mais juste dire que j’ai essayé…
    L’année prochaine, promis, j’essaye de venir travailler… Si je viens 2 jours au lieu d’un l’année passée, on me félicitera parce que j’aurai progressé !! ahurissant !!

    Il faut noter bien sûr, car notre monde est comme cela et que le collège n’a pas pour vocation à changer le monde mais à préparer les enfants à vivre dans le monde actuel. Il faut évaluer des capacités ET des connaissances, les 2 sont inséparables et incontournables. Quelque soit le mode d’évaluation, l’un simple, lisible et direct, la note, et un autre fouilli, illisible, incompréhensible par une majorité de français, les compétences…

    Choisissez votre camp, en effet, ceux des utopistes ou d’autres…

  4. Je ne vois pas pourquoi l’interdisciplinarité donnerait du sens. Il faut bien vous mettre dans la tête que nos élèves (les miens en tout cas) rejettent tout ce qui vient de l’école. ça ne les intéresse pas. Ou un peu à l’oral en cours et basta. Ce n’est pas parce que je vais travailler avec un autre professeur d’une autre matière que ça va changer. Comment je le sais? Car je fais de l’interdisciplinarité depuis 25 ans. Les projets interdisciplinaires ne marchent ni mieux ni moins bien que les autres. J’aimerais bien savoir quand nous allons avoir les programmes d’EMC, C’est pour la rentrée 2015! Il faudrait un peu se bouger!
    Et l’EMC enseigné par tous? J’en rigole d’avance! Croyez-vous que l’histoire des arts soit correctement enseignée par les professeurs de toutes les matières?

    1. Nous le savons depuis longtemps mais les neurosciences l’ont confirmé : c’est en faisant des liens, des associations que nous apprenons. D’où l’intérêt de l’interdisciplinarité. Au collège, l’objectif n’est pas d’avoir des élèves experts dans une discipline. Mais des élèves motivés qui deviennent acteurs de leur apprentissage. Les mettre en situation de donner du sens, de faire du lien ne peut que les aider.

  5.  » Il vise à faire réussir tous les élèves, ce qui est le rêve de chaque enseignant, évidemment. » Ohhhhhhhhhh mais ça c’est incroyable!!! Vive la réforme!!! Il est vrai que jusqu’à présent nous nous fixions comme objectif de ne pas faire réussir tous les élèves!

    « N’est-ce pas plus motivant que la « maîtrise de la langue française et la pratique d’une langue vivante étrangère » ? » => NON! Peu importe l’intitulé! Ce n’est pas en changeant l’enrobage que tout va changer comme par miracle!

    C’est sidérant de lire ce genre de « tribune ». Une réforme ce n’est pas seulement des jolis mots et des concepts creux. Pour l’instant très peu de concret dans tout ça, il est hallucinant de s’extasier ainsi…

  6. Sortirons-nous un jour de nos réclamations et de nos craintes : moins de salaire, d’heures pour sa famille ou pour sa discipline, de divisions et d’enseignants devant les effectifs, d’interventions extérieures de qualité… ? Parviendrons- nous à un accord sur les manières de GERER CE QUI EXISTE (structures et personnels, animateurs sportifs et médiateurs culturels, équipements, groupes…), en fonction des priorités ciblées sous l’angle du cadre strictement républicain laïque, c’est à dire les BESOINS DE BASE UTILES aujourd’hui (et non pas « minimum pour tous » ou « nivellement par le bas »), PLUS les aides pour les enfants défavorisés (qui sont LE devoir de justice sociale N°1 de « l’Etat de droit ») ?
    Donc en incluant dans les projets pluridisciplinaires un accès à ce qui est proposé ailleurs – dans la ville et par la société -, et qui ouvre sur des applications du savoir pour éveiller des curiosités puis impliquer dans des activités concrètes variées (manuelles, artistiques, scientifiques, technologiques…) avec volet obligatoire de communication, pour valoriser les réalisations des élèves.
    Quant à ceux qui crient le plus, parce qu’ils veulent avancer plus vite, augmenter leurs activités de loisir, ils peuvent bien souvent s’offrir ce qu’ils ne payent pas dans les établissements publics, parce que l’Ecole publique n’a pas vocation à tout enseigner aux futurs citoyens, parce qu’elle doit s’en tenir aux objectifs propres à recentrer les citoyens sur le » bien commun » qui fera pratiquer le nécessaire « vivre ensemble » avec nos diversités et au-delà de nos différences. Exemple, le français, langue maternelle, ou langue d’adoption première pour les enfants issus de l’immigration, à connaître de façon orale, mais aussi écrite, c’est-à-dire raisonnée grâce à la grammaire, la presse et la littérature.
    Je pense aux médiathèques, aux ateliers découverte-initiation des « Maisons pour tous », aux musées et sites pluridisciplinaires, aux manifestations-expositions et spectacles culturels et artistiques saisonniers qui opèrent des interdisciplinarités, aux voyages linguistiques à programme de visites et aux colonies de vacances à thème qui conjuguent également efforts et plaisirs, sans négliger les salles de cinéma, opéra, théâtre ou cirque, ni les stages en entreprise.
    Alors, quand dans notre pays, tout cela est mis à disposition, souvent avec les impôts des citoyens ou des distributions de subventions locales et régionales, pouvons- nous encore nous plaindre et craindre pour la formation des intelligences et le développement des talents ?
    Mais si malheureusement nous le faisons encore, n’est-ce pas parce que l’idéologie de « l’Etat vache-à-lait » hante toujours nos esprits, entérinant à la fois le blocage du corps enseignant, en tous cas de ses syndicats, la passivité des familles et le de leur progéniture qui n’a pas le courage de faire pour apprendre, donc de la responsabilité de chaque partie ?
    Sortir de ce débat sans fin sur le mal vivre dans l’Ecole et dans la société, sur les carrières professionnelles réduites, sur les réformes scolaires successivement avortées – faute d’avoir été suffisamment encadrées et alimentées en FORMATIONS massives accélérées pour mener des projets, avec et à destination des acteurs du terrain – ne serait-ce pas, au bout du compte, être capable de regarder en face les réalités nouvelles d’aujourd’hui, pour pouvoir s’adapter à l’intérieur de soi et à l’évolution nécessaire du système scolaire ?
    Que de temps nous avons perdu que nous payons bien cher maintenant !

  7. Je suis… comment dire? interloquée par cet article qui pour moi n’enfonce que des portes ouvertes. Cela fait 10 ans que j’enseigne et j’ai toujours pratiqué les soi-disant « avancées » de cette réforme.
    J’ai toujours travaillé en interdisciplinarité avec mes collègues dans les différents établissements où j’ai exercé que ce soit dans le cadre de projets à l’année ou des IDD qui existent encore dans certains collèges. Les EPI n’apportent rien de neuf…
    Je n’ai jamais fait de  » la grammaire pour la grammaire « , etc…
    Bref, tout cela existe déjà, avec les moyens actuels, dans le cadre actuel, là où on se donne les moyens de travailler autrement parce que nos élèves ne rentrent pas dans le moule.
    Je ne vois pas ce que peut apporter au « bien-être » du collège et des élèves la suppression de certaines filières ou options (que bien plus d’élèves qu’on ne le croit choisissent volontairement), si ce n’est un nivellement par le bas.
    Je ne vois donc pas ce que cette réforme va apporter, si ce n’est une suppression déguisée de moyens parce qu’on ne recrute plus, parce que notre métier n’est plus attractif (qu’y a-t-il d’étonnant, vue la manière dont on parle des profs à longueur de journée ?) et qu’il va falloir essayer de faire avec ce qu’on a.
    Quant à parler de réforme issue d’une  » concertation », je me demande encore avec qui cette consultation a été menée. En tout cas, pas avec ceux qui travaillent au quotidien avec les élèves et qui s’adaptent en permanence à leurs besoins. Certes, le collège actuel a bien des défauts auxquels il faut vraiment remédier, mais il a aussi des réussites. Alors, avant de tout jeter et de se précipiter, il faudrait peut-être faire un VRAI bilan. Comme on a pris le temps de le faire dans les pays où on sait faire des réformes.

  8. Ce qui me fascine moi, c’est le nombre de gens qui ne travaillent pas ou plus dans l’éducation nationale au quotidien qui donnent les avis les plus écoutés et les plus diffusés…ça ne me fascine pas, en fait ça me désole….
    Depuis 2003 on a assisté à la suppression de la formation professionnelle dans son ensemble et on nous assomme de réformes toutes plus bricolées les unes que les autres.
    En 2008 on a supprimé des heures de classes et alourdi les programmes et aussi supprimé quasiment les réseaux d’aides
    Depuis c’est les rythmes,pathétiques remplacement de la classe au profit d’animation inexistante dans 80% des villes, ajoutez-y les programmes qui ne prennent pas en compte le besoin de stabilité des enfants, de cadre et de construction minimum;
    +les priorités qui changent tous les 6 mois…

    Et pendant ces temps de grosse communication mensongère par dessus le marché, dans les classes toujours plus de vacataires, de contractuels ;
    dans l’administration, toujours plus de flicage et d’objectifs chiffrés et faussés avec évidemment moins d’argent;
    dans les établissement des fermetures de classes à en pleurer, les disparition ahurissantes de ZEP, REP afin de les déplacer pour les voisins qui sont autant dans le besoin….
    et ma liste n’est pas exhaustive des réalités de certains départements….

    comment peut-on imaginer que n’importe quelle réforme pourra servir à améliorer les acquis des élèves si personne ne se pose une secon,de pour regarder la réalité en face?
    On les laisse à 30 et+ par classe, sans remplaçant, sans réseau d’aide, sans formation initiale des profs ni formation continue, on prend de haut tous les commentateurs du terrains, ceux qui vivent les changement au quotidiens depuis 10/15 ans et qui voient qu’on ne va nulle part ailleurs que dans le mur…

    Et on admire l’absence de projet à long terme de cette institution…
    Le seul projet avéré est son auto destruction : ou comment économiser vraiment dans les service publics en les faisant crever de l’intérieur….ça, c’est le projet qui fonctionne vraiment, hélas.

  9. Entièrement d’accord avec cet article. Je trouves moi-même déprimantes les réactions de certain(e)s collègues. Néanmoins il y a un point crucial que nos dirigeants omettent : l’argent et les moyens sont le nerf de la guerre. Cette réforme va nous demander de changer nos pratiques, de rester plus longtemps sur notre lieu de travail pour monter des projets, de transformer tous nos cours. J’ai envie de le faire, mais qui va garder mes 4 enfants quand je ne serais en réunion ou que je vais passer des week-end à construire de nouvelles séquences ? Dans les pays du nord (je pense notamment à la Suède et à la Finlande) chaque réforme de ce type s’est accompagnée d’une augmentation de salaire ou de la mise en place de prime temporaire le temps de mettre la réforme en place. Or chez nous la réforme se fait à moyen constant, ma charge de travail va augmenter mais mon salaire non. De plus dans mon collège la réforme risque de se traduire par le départ d’un professeur d’anglais (plus assez d’heure avec la suppression de la section euro) et par la suppression d’un poste en français (puisque le latin va perdre des heures), du coup la pilule passe difficilement pour certains…
    Si j’avais un slogan pour notre ministre ça serait : »allez-y ! mais donnez-nous les moyens de réaliser correctement cette réforme dont nous avons effectivement besoin »

  10. De toute façon, l’apprentissage des langues en France est sinistré. Il est vrai que les francophones ne sont pas avantagés par leur langue (en particulier par l’ignorance systématique de l’accent tonique).Mais surtout parce qu’une langue, dans notre enseignement secondaire, est une matière à peu près exclusivement écrite, un peu comme le Latin : il est extravaguant de voir des élèves incapables de demander leur chemin dans une rue étrangère ….après 7 années de langue vivante.
    J’ajouterais que l’ anglais (qui restera bientôt l’unique langue enseignée en Europe) est lui-même sinistré, remplacé peu à peu par un « globish » insipide d’où toute notion de style, d’expression et de littérature (pouah !) aura bientôt été expurgée. Il est vrai qu’alors ce sera une matière moins « élitiste » !

  11. Oui, sans doute, il y a du bon dans cette réforme. Mais pour ma part je suis catastrophée du sort réservé aux langues dans la réforme du collège. Si j’ai bien compris, l’anglais sera commencé dès le CP. Pourquoi pas ? Mais qui va assurer les cours ? Y aura-t-il, à terme, un professeur des écoles spécialiste de didactique de l’anglais qui enseignera à tous les élèves de l’école ? Le bilan actuel de l’enseignement par des professeurs d’école souvent peu formés à l’anglais n’est guère brillant. En 6ème, les élèves continueront donc l’anglais (ou l’allemand ?). La deuxième langue était le plus souvent commencée en 4ème, à raison de 3 heures par semaine. Réforme à moyens constants : on passe à 2 heures. Peut-on raisonnablement, en 2 fois une heure par semaine, progresser dans une langue ? Côté enseignants, cela signifiera une multiplication des classes (pour 18h de cours, 6 classes actuellement, 9 classes à présent). Le suivi des élèves sera forcément plus superficiel.
    La réforme au lycée (perte d’une heure de cours -élève en première et terminale) a déjà des effets très notables – baisse générale du niveau à l’entrée à l’université.
    Ce n’est pas ainsi que les Français seront plus à l’aise avec les langues.

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