Si être professeur est un métier fatiguant, prenant, exténuant, irritant, pénible, éreintant (physiquement mais surtout psychologiquement), si les gamins sont chiants parfois même insolents et violents, s’ils se moquent de ce qu’on essaie de leur transmettre, si on est payé peu par rapport à notre investissement… Certes on a beaucoup de vacances mais P**** on a aussi beaucoup de copies…, prof est bien le plus beau métier du monde !

Je veux être professeur depuis que je suis petite, j’ai biberonné Le cercle des poètes disparus (et Dirty dancing mais bon ça n’a rien à voir ;)) dans mon adolescence. Ô Capitaine mon capitaine. C’est mon idéal. Être LE professeur qui intéressera ses élèves, les captivera, les fera rire et surtout RÉFLÉCHIR (d’ailleurs je montre le film à mes élèves et ils ont même le droit de monter sur leur table).

Être professeur c’est une vocation, je dirais presque une mission, un sacerdoce (oui une religion !). Et c’est ce qui fait la différence. Quand je me lève le matin, je suis heureuse d’aller faire mon travail, d’aller retrouver mes élèves, me confronter à eux (ok pas tous parce que D et M (et C et …) en 5e sont vraiment fatigants…).

Avec mes troisièmes, j’ai étudié L’écume des jours et notamment la notion du travail dans cette œuvre (qui est pour ceux qui ne l’ont pas lue extrêmement négative, ça use, ça fait vieillir, ça tue…) et ils devaient me rendre en sujet de réflexion : « travaille-t-on uniquement pour gagner de l’argent ? » Et bien, savez-vous quel est le premier exemple qui leur est venu à l’esprit pour illustrer ceux qui ne travaillent pas uniquement pour l’argent ? Moi, leur prof de français !

Évidemment sourire gêné de ma part, mais bien contente tout de même.

J’expliquais dans ma dernière chronique que je les aimais, et que du coup, je n’avais pas besoin de me demander s’ils me respectaient. En fait, ils m’aiment. Ok pas tous. Mais la plupart. On est heureux de se retrouver. C’est un moment de « pause-bonheur » dans leur journée parfois morose. Quand j’en vois un rentrer dans ma salle triste ou perturbé, je lui décoche un sourire avec un fort « Bonjour M » et je l’entends grommeler et le vois sourire à moitié. Vous allez me dire: « oui bien sûr, c’est le monde des Bisounours chez elle. » Non pas du tout, je suis lucide, il y a des jours où ça ne va pas, où je suis énervée, anxieuse et je crie même parfois. Oui il y a des heures qui se passent mal et je sors furieuse de ne pas avoir assez avancé ou de m’être laissé limite bordélisée par ces petits c… ! Oui ça arrive je vous rassure. Mais peu importe, le lendemain on recommence.

Certains cours se déroulent comme sur des roulettes et on en ressort le sourire aux lèvres (ils étaient vraiment trop mignons mes 5e déguisés en chevalier à jouer leur saynète…). Certains élèves vous surprennent avec un mot gentil, un compliment, une confidence, un cadeau même.

Et oui, les cadeaux !

J’en ai reçu plein. Et voilà ce qui a motivé cette chronique : c’était il y a peu mon anniversaire. J’ai eu des petits mots, des chocolats, mais surtout, j’ai reçu une carte de mes anciens élèves qui sont en seconde dans un même lycée, ils avaient tous écrits un petit mot signé de leur nom avec la classe dans laquelle ils m’avaient eu. Et il y avait écrit en gros sur cette carte « Oh capitaine, mon capitaine » mon cœur s’est serré…

L’année dernière j’ai du me faire opérer 2 fois (une fois en avril, une fois en juin juste avant la fin des cours car je ne voulais pas trop manquer…). Lors de mon départ en vacances prématuré, les élèves ont tous écrits sur mon tableau des mots gentils (vous aussi vous aimez ça hein ?;)) et m’ont offert des lettres et même un livre d’Aragon (car ils savaient que c’était mon poète préféré) avec des petits mots dedans. Alors quand on lit des phrases comme : « Vous êtes le meilleur professeur du monde entier » , « vous m’avez donné le goût de travailler », « Vous m’avez fait aimer le français » … Votre cœur fond.

Et vous vous dites que, vraiment, vous faites le plus beau métier du monde.

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Une chronique d’Amélie

5 réponses

  1. Bravo, je me retrouve en vous. Exactement le même ressenti. Enseignante dans le primaire depuis 37 ans, j’ai la même passion, la même fougue qu’au début. Pas de routine, toujours des recherches pour m’améliorer et intéresser les enfants. Quel bonheur quand ils me remercient et me donnent en fin d’année le diplôme de la meilleure maîtresse. Quel bonheur quand des grands de terminale viennent aux interclasses dans ma salle pour m’embrasser (maternelle, primaire, collège et lycée sur le même site) et donnent des conseils à mes petits de CM1 et leur disent qu’ils ont de la chance de m’avoir. Quel bonheur quand je reçois dans ma classe les enfants de mes anciens élèves et quel bonheur quand au supermarché des adultes de déjà 48 ans (j’ai 59 ans) tombent dans mes bras en criant « maîtresse  » !!!!et me félicitent pour mon sérieux, ma rigueur et pour l’attention et l’affection que j’ai eues pour eux. Et quelle fierté quand ils me racontent leur réussite professionnelle. Je pourrais en dire encore plus. Trop d’émotion. En conclusion, c’est avec un grand bonheur que je me rends chaque jour au travail. Et je sais déjà qu’à ma retraite je rejoindrai une association afin d’aider les enfants en difficulté. Merci pour cet article que j’ai eu plaisir de lire.

  2. Merci Amélie,

    Quand je lis vos articles, je suis heureux. Du BONHEUR à l’état pur. Quel enthousiasme.
    En classe de 4ème, mon prof de français m’a fait découvrir Baudelaire. J’ai eu un choc.  » Homme libre…
    Souvent pour s’amuser, des hommes d’équipage… Sois sage ô ma douleur.
    J’ai découvert, grâce à elle les Parnassiens et j’ai aimé..
    Instituteur pendant 37 ans, j’ai essayé de transmettre à mes élèves ma passion pour la poésie.
    Les poètes sont comme les chamans. Ils sont en relation avec les esprits qui nous côtoient.
    Grâce à eux , nous passons à travers le miroir du temps comme Alice.
    C’est vrai que PROF c’est le plus beau métier du monde.
    Je me suis toujours considéré comme un « passeur d’émotions ». Je te passe un « témoin » et j’espère que tu aimeras et que tu passeras à ton tour.
    Un de mes anciens élèves, que je rencontre de temps en temps, aura 60 ans cette année. Il se souvient encore d’un poème de Francis Jammes que j’aime beaucoup et qu’il a appris il y a 50 ans dans ma classe…
    « L’entendez-vous, l’entendez-vous
    Le menu flot sur les cailloux
    Il passe et court et glisse…

    Si je devais recommencer mon métier d’instituteur, je ferais apprendre beaucoup, beaucoup de poésies et encore plus de chansons à mes élèves.
    Je leur demanderais d’inventer des textes de slam et de rap, et surtout de les jouer devant leurs camarades. Quitte à monter sur les bureaux. Je pense qu’ils aimeraient. Nous écouterions « Grand corps malade » et les artistes que j’aime bien.

    Par contre, je jetterais à la poubelle la leçon de grammaire qui me fait encore souffrir:
    L’adjectif qualificatif épithète et l’adjectif qualificatif attribut.

    <>

    Quand je pense à tout ce temps et surtout à toute cette ENERGIE gaspillée pour essayer d’apprendre à mes « enfants » toutes ces « c…….. » parfaitement inutiles qui m’ont pourri la vie, cela me donne envie de vomir.
    Mais bon, je n’ai pas trouvé la marche arrière et heureusement.
    Platon disait:<>

    Le plus beau métier du monde , c’est vrai. Mais si seulement j’avais pu appliquer MON programme.

    Je terminerai mon propos par Jacques Prévert.

    Un village écoute désolé
    Le chant d’un oiseau blessé
    C’est le seul oiseau du village
    Et c’est le seul chat du village
    Qui l’a à moitié dévoré………………

    Il ne faut jamais faire les choses à moitié.

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