Ça pique !

Quel rapport peut-il donc y avoir entre cet échinoderme piquant et cette présentation de la réforme du collège qui doit faire évoluer notre enseignement pour le bien de nos élèves. A priori aucun, mis à part que cela va « piquer », comme diraient mes enfants, lorsqu’il va falloir modifier les cours des quatre niveaux du collège d’un seul coup dès septembre prochain : une grande première dans les réformes. Mais pendant les dernières vacances de Noël je suis tombé sur un reportage d’un journal télévisé faisant la promotion des oursins et bizarrement c’est à la réforme du collège que cela m’a fait penser…

oursin

Les huîtres, les homards et autres « fruits de mer » sont souvent l’occasion de reportage durant les fêtes de Noël ; c’est un peu comme dans les grandes surfaces où on trouve le rayon des produits de saisons. Dans les rédactions ils doivent appeler cela des reportages de saisons. Jusque-là rien d’anormal. Mais les journalistes ont une fâcheuse tendance aux approximations lorsqu’il s’agit de sciences, entraînant des erreurs, des contre-vérités qui s’impriment sournoisement dans notre mémoire collective. En écoutant ce reportage sur la consommation des oursins quelle erreur a donc froissé mes oreilles de prof de SVT ? Eh bien aucune ! Mais ce fut presque pire : de la désinformation ! Et même de la désinformation volontaire. Un peu comme cette présentation de la réforme du collège …

Mais revenons à ce reportage : bien présenté, bien monté, belles images, des interviews courtes et précises, des gens qui se régalent. Un reportage dans les règles de l’art présentant une reprise de la consommation des oursins, les bienfaits, la saveur et le goût particulier mais aussi le mode de vie, l’élevage ; toutes les informations utiles en fin de compte … ou presque. J’écoutais attentivement, intéressé, mais au fur et à mesure du reportage j’attendais une information qui ne venait pas et qui me semblait pourtant avoir sa place dans ce genre de reportage : que mange-t-on de si savoureux dans l’oursin ? La fin du reportage arrive sans plus de précision. Le journaliste a dû se poser la question normalement. De l’huître on sait que l’on mange tout, le foie gras c’est bien un vrai foie de canard ou d’oie, mais parfois l’origine de l’aliment est moins connu : les tripes c’est de l’intestin, le ris de veau c’est du thymus, les rognons c’est les reins… J’arrête les exemples, certains sont encore peut-être au petit-déjeuner ! (Ou bien vous êtes comme certains de mes cinquièmes qui découvrent avoir déjà mangé des reins ?). Mais j’en viens à me dire que le journaliste a consciemment éludé la question. Cela ne lui aurait pourtant pas pris beaucoup de temps de préciser que ce sont les organes reproducteurs mâles et femelles qui sont consommés : il n’était même pas obligé de préciser que ce sont les testicules et les ovaires ; si sa pudeur le freinait il aurait même pu simplement dire que ce sont les gonades, voire le corail à cause de la couleur souvent orange-rouge. Bref un manque de courage qui m’a tout de suite fait penser à cette présentation de la réforme du collège.

réforme collège

En recherchant des informations sur la réforme, on tombe sur ce genre de schéma (sur la colonne de droite) : il se trouve sur le site du ministère de l’Éducation nationale en bonne place pour nous vanter les points forts de cette réforme ; je l’ai aperçu dans les médias et les parents d’élève vont y accéder facilement. Il s’agit donc d’un schéma qui a été pensé et fait pour être largement diffusé. Simple, bien présenté, des diagrammes circulaires visuels et clairs avec une légende de couleur pour ne pas se tromper.

Mais quelles informations un individu lambda va-t-il retenir après une première lecture ?

Pas si mal cette dotation horaire alors ? Eh bien pas vraiment ! Bel exemple de désinformation volontaire : le total de toutes les matières fait déjà vingt-six heures ! Donc les diagrammes avec les trois ou quatre heures d’enseignements complémentaires indiquent en fait que l’AP et les EPI se feront pendant les vingt-six heures de cours des différentes matières. C’est un peu différent de ce que l’on comprend à première vue, et j’ai comme l’impression que cela a été voulu. Assez malhonnête somme toute.

Chacun se fera sa propre morale de cette fable de « l’oursin et la réforme », mais afin de se remettre de ce petit désagrément et faire passer la pilule, pourquoi ne pas prévoir pour l’apéro de ce soir une petite douzaine… d’oursins ! Vous m’en direz des nouvelles. Bon appétit et bonne réforme à tous !

Une chronique d’Hervé

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