Rendre le cours sexy, c’est possible

impudeurs

Je ne parlerai que de moi. J’ai bien quelques infos sur les performances de mes collègues, mais vous savez ce qu’on dit Grand diseux, petit faiseux. S’il arrive que la prof du labo contigu hurle au point que les décibels traversent la cloison, le ton n’est pas toujours réjoui. Je me retiens alors de taper sur le mur avec le manche à balai, pour ne pas risquer de la stopper dans son élan. Si la voix est aiguë, c’est grave. Sinon, je m’en amuse.

L’élève acteur de son apprentissage, c’est la base. C’était déjà la position des missionnaires.

Et puis, il y a les ruptures de rythme

Important, ça, le rythme. C’est facile. Je demande de la réactivité : « allez on s’endort là. Oui toi, réponds. Bon toi alors hop hop tap tap dans les mains qui l’aide ? ». Et après je lâche prise, pendant la réalisation d’un schéma projeté à l’écran, une prise de note, en attendant qu’un élève pose une question. Là, je déambule entre les paillasses. Aussi utile que les changements de rythme, la modulation du volume. Plus je parle bas, plus les élèves écoutent. Le mode mégaphone permanent couvre le bruit des bavards, et c’est l’escalade. Je murmure. Je susurre, comme pour livrer un secret, une confidence, un aveu : Voilà… ne le répétez pas mais… je ne suis pas prof… débrouillez-vous. Mais je ne peux pas garder un niveau sonore trop bas sinon, au bout de quelques minutes, deux ou trois auditeurs auront reconnu le ton pris par leur papa pour les endormir. « THOMAS ! TU DORS ? ».  Allez on y va, tap tap pour relancer mon équipe qui joue beaucoup trop en défense. Je module.

Pour avoir du plaisir, il faut être concentré

Certains aiment faire ça en musique. L’idéal, pour moi, c’est le silence. Pendant une activité, on y est presque. Mais les gamins échangent, puisque c’est le but. Ils s’étonnent, s’extasient, se comparent : « Monsieur, c’est ça ? », « Pourquoi ça s’allume pas ? ». Là, je n’ai pas encore atteint l’état de béatitude extrême.lampes

Pour y arriver, il me faut le chariot mobile avec les ordis. Comme ça, je peux les placer en totale autonomie et donc sans échanges puisque chacun est face à son écran. Des activités, on en trouve sur tous les thèmes du programme sur mon site. J’ai prévenu, je n’ai aucune pudeur. Les élèves sont particulièrement concentrés. Ils apprécient le travail qui leur est demandé. S’il y a des questions, elles sont formatives, faisant appel pour la plupart à la réflexion. Là, c’est le silence absolu. Je plane. Et les élèves aussi puisque la plupart auront déjà fait l’activité chez eux, comme s’ils avaient transporté le labo à la maison, en mode classe inversée, sans pression, sans personne derrière eux. Pédagogie différenciée oblige, l’ordinateur bienveillant guide et forme chacun à son rythme, le corrige parfois, lui propose de recommencer lorsqu’il s’est trompé.

Et enfin, le délicieux vertige

La concentration ne fait pas tout. On attend le feu d’artifice et son bouquet final. La position la plus adaptée à un tel aboutissement est celle de la saynète. Je ne parle pas ici de la situation déclenchante, séquence préliminaire courante. Non, je préfère même attendre les dernières minutes, pour éviter une exultation précoce.
ecranJuste un exemple. Le micro est branché à un oscilloscope. Je choisis le caïd, l’indomptable. « Joey Starr, viens m’aider. » L’élève crie dans le micro, chante s’il se croit dans The Voice et tous veulent voir la trace du signal. Chacun y va de son commentaire sur l’état des cordes vocales du camarade et les causes de toutes ces irrégularités sur l’écran. Grosse ambiance. C’est la folie dans les tribunes. Monsieur ! MONSIEUR !? Oui ? ÇA VIENT DE SONNER. Ah ! Déjà ? Tout va bien.

Celles et ceux qui auront été titillés par cette chronique ressentiront peut-être l’envie de se prêter à un exercice solitaire. C’est possible. J’ai pensé que Mélanges et Corps purs serait bien dans le ton de la chronique. Puis-je compter sur votre propre impudeur pour nous toucher deux mots de votre performance ?

Les EPI s’annoncent. De belles perspectives pour les transports en commun.

Une chronique de Jean-Pierre

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