Vos beaux yeux, belle marquise, d’amour mourir me font…

Le théâtre, ou l’art de se mettre en scène. C’est qu’à l’adolescence, ce n’est pas simple de faire du théâtre. De jouer devant les autres. De se costumer. « Mais Madame vous êtes folle, j’vais pas mettre ça c’est mort !!! » Et puis finalement, parfois, les élèves se laissent prendre au jeu et l’expérience en vaut la peine. En cinquième, les fabliaux sont au programme. Avec ma collègue, nous avons alors décidé d’inscrire nos élèves à un atelier théâtre afin de profiter des compétences d’une comédienne et de les mettre au service de nos élèves.

théâtre avec les scoalires

Voici l’histoire que l’intervenante a racontée à mes élèves :

Guillaume, un vilain ânier habite dans la campagne. Tous les jours, il doit transporter son fumier jusqu’au champ qui se trouve de l’autre côté de la ville. Et tous les jours, il en fait le tour, car il a peur de la traverser.
Un matin, il rencontre Pérette. Pérette, c’est une vieille femme, qui a été servante autrefois à la ville. Elle lui demande pourquoi il fait ce détour qui lui fait perdre beaucoup de temps. Guillaume a peur, mais se laisse finalement convaincre de prendre un chemin plus court. Il finit par traverser la ville, où il se fait huer par les bourgeois et les serviteurs qu’il rencontre.
Un voleur, flairant la bonne affaire, lui indique le chemin pour sortir de ce cauchemar et Guillaume, suivant ses indications, se retrouve dans la rue des épiciers. Là, il s’évanouit, étourdi par ces arômes qu’il n’a pas l’habitude de sentir.
Un attroupement se forme autour de lui, pensant qu’il est mort. Alors, le voleur fait croire aux badauds que si tous lui donnent un denier, il va ressusciter Guillaume.
Ayant récolté beaucoup d’argent, le voleur va chercher un peu de fumier dans la charrette, le fait sentir à Guillaume, qui, reconnaissant cette odeur, se réveille et s’enfuit en courant.

Une fois l’histoire comprise par les élèves, il est temps de la mettre en scène. Un élève vient jouer Guillaume, se costume et c’est parti pour la scène 1. À partir de l’histoire, il faut improviser les répliques. Les élèves s’investissent : certains se travestissent, d’autres ronchonnent, mais tous finissent par se laisser séduire.

Et moi, spectatrice, j’assiste à la création de la pièce. Je regarde les plus timides faire leurs premiers pas, les spectateurs jouer aux metteurs en scène. Et c’est une belle expérience.

Mais ce qui est certain, c’est que se projeter au Moyen Âge n’est pas une mince affaire.

L’intervenante s’adressant au couple de bourgeois :
– Plutôt que « allez, viens ! » tu peux lui dire « allez, viens ma mie ! »
– Mamie ??

Un serviteur, parlant à un autre serviteur, et se moquant de Guillaume : « Ahhhh ! Non mais regarde ! Le mec ! Il a des Reebok aux pieds ! »

Le voleur, faisant sentir le fumier à Guillaume : « Sens ça, c’est de la bonne ! »

Alors le théâtre, ça peut faire parfois un peu peur. Mais franchement, ce qui est sûr, c’est que ça vaut le coup d’essayer !

Une chronique de Segpaventure

http://lasegpaventure.eklablog.com/

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