« Si tu veux l’AP prépare la guerre »…

disait l’adage romain (enfin, il se disait en latin « si vis pacem para bellum »). À l’heure où l’AP se généralise (enfin) à toutes les classes du collège, ce dicton prend tout son sens…

qui-veut-AP

La guerre des méninges d’abord :

– comment organiser l’AP ?

Certains « ont fait le choix » (du moins c’est ce qu’on leur a dit) de l’inclure dans leurs heures de cours, d’autres hors des heures disciplinaires… Bon ! C’est vrai que le « cadrage est large », comme se plaisent à dire nos ministres de tutelle (« c’est pas une fourchette, c’est un râteau », pour paraphraser un humoriste célèbre).

– que faire en AP ?

Là encore, le « cadrage institutionnel » est très clair : « ce n’est pas du soutien ! »

…….????

J’avoue, je tire un peu le trait, mais c’est la première réponse que nous avions eue lorsque nous mettions en place l’AP, il y a quelques années.

C’est du « méthodologique qui s’appuie sur du disciplinaire », pour paraphraser l’IPR… Ah, bin là c’est plus clair !

« Euh… en fait, non, là je sèche un peu ». Ah oui ça y est, on peut « simplement » se partager le socle commun de culture unique et de compétence unifiée dans un espace commun d’interdépendance spécifique (pardonnez-moi, je n’arrive jamais à retenir l’intitulé, mais les idées sont là je crois : le « gros machin » qui va de la primaire à la terminale).

– faire des groupes en AP ?

Oui, des groupes, il y a tellement d’heures pour les dédoublements, pourquoi ne pas profiter de cette manne pour essayer de faire des groupes de besoins ? Ah oui, c’est bien, mais il faut mettre tous les profs en barrette sur le même créneau, ça va faire des emplois du temps pas terribles ça (chez nous, pour que ce ne soit pas trop pénible, on fait ça de 16h à 18h… Pas de pot quand on finit à 10h !).

La guerre des profs ensuite :

Eh oui, car l’AP, il y a ceux qui se battent pour en avoir (pour sauver un poste, ça peut servir) et ceux qui se battent pour ne pas en avoir (« Ils nous cassent les pieds avec leur AP, débrouillez-vous sans moi. » Vive l’esprit de corps, rien de tel pour fédérer les équipes).

Et puis pour un chef, c’est tentant, on gagne en flexibilité : le prof d’éducation civique et sportive (ne cherchez pas, ce n’est pas encore une matière), je m’en débarrasserais bien : pas d’AP dans la discipline, ça fait des heures en moins…

L’AP, ça fait déjà quelques années que nous l’expérimentons au lycée. Nous étions même parmi les premiers : nous avions un dispositif qui fonctionnait déjà depuis plusieurs années, alors il était naturel de nous retrouver promu Lycée pilote (Oui monsieur !).

2 classes de seconde dont les PP sont volontaires, rassemblées sur un créneau de 2 h, avec 12 profs volontaires (soit un prof pour 5 élèves).

C’est l’expérimentation type Éducation nationale (différente de l’expérimentation scientifique) : on effectue l’expérience avec des moyens bien plus importants que ce que l’on fournira, et surtout on évite d’évaluer l’expérimentation (on ne sait jamais, les résultats pourraient ne pas correspondre avec ce que l’on espère conclure). En fait, on conclut d’abord, ça fait gagner du temps !

 

Et qu’aurions-nous conclu (si on nous l’avait demandé, bien sûr) ?

Je ne peux m’exprimer qu’en mon nom, mais je pense que mes collègues seraient d’accord :

– point positif : cela améliore la relation enseignant-élève et peut contribuer à améliorer le « climat scolaire » (en période de réchauffement climatique ce n’est pas négligeable) ;

– point plus mitigé : le gain en termes de compétences reste très limité et ce sont essentiellement les bons qui en tirent profit (pour changer) ;

– point négatif : de toutes façons, quels que soient l’investissement et la motivation des profs, il faut reconnaître que très rapidement les élèves pensent dans leur ensemble (et ne se cachent pas pour le dire) : « l’AP, ça sert à rien ».

Et c’est vrai que dans le monde réel (pas celui de « l’expérimentation »), il faut bien gérer le flux (l’AP est obligatoire pour tous) avec des moyens de plus en plus restreints (moins d’heures profs = des groupes de plus en plus importants : vive la classe entière ou pire encore plus qu’une classe entière). De ce fait, on a beau chercher à faire des groupes de travail par compétence et par besoin, à la fin, on fait des groupes pour faire des groupes (vive l’hétérogénéité).

Sans parler de profs qui ont « besoin » d’heures : l’on voit alors des groupes d’AP improbables se former (initiation à la philosophie en seconde, EPS en terminale STMG…).

Un point, enfin, m’interpelle encore : l’organisation de l’AP en primaire, où seuls les élèves volontaires et ceux qui sont clairement « identifiés à besoin » sont « soumis à l’AP » : pourquoi refuser cette « liberté » dans le secondaire ?

Allez, j’arrête-là avec mes états d’âme, et comme je le dis souvent : « Fichez-moi l’AP avec tout ça ! »

Une chronique de Damien Thomas (résolument pour l’AP…des ménages)

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