L’AP, kezako ?

L’Accompagnement Personnalisé, lorsqu’on me l’a confié il y a quelques années, me semblait une grosse enveloppe fourre-tout ou plutôt fout rien. Une espèce de pochette surprise peu réjouissante, où l’on navigue à vue et sans boussole, laissée à notre « libre appréciation pédagogique ». Mes collègues ne couraient pas après ces heures, j’avais besoin d’un temps plein. Je fus bombardée chargée de l’AP des sixièmes. J’ai dû lire pas mal de trucs là-dessus sur EDUSCOL. Je ne me souviens plus et je n’ai pas le courage d’y retourner (ouhououououh !).

ap-colorier

L’enseignante qui m’avait précédée dans cette case de l’emploi du temps des sixièmes leur faisait faire leurs devoirs. Un peu de CDI de temps en temps.

Parachutée du jour au lendemain là-dedans, j’ai commencé un peu de la même manière. J’appréhendais ces heures pour lesquelles je me sentais moins bien préparée, sans manuel ni progression annuelle, ni programme, ni objectifs définis.

Par-dessus le marché, j’exerce dans un établissement où il n’y a qu’une seule classe par niveau. Impossible donc de dédoubler, de fractionner le groupe. Personnaliser l’accompagnement en classe entière ? Un vrai défi !

Souplesse et organisation

Sans doute le fait que ce soit avec les sixièmes, ces mignons petits élèves déboulant du primaire, pleins de « maîtresse » et de « je n’ai pas compris » à la bouche, m’a beaucoup aidé à affiner mon approche.

Je l’avoue, cela a été du tâtonnement, d’abord.

Se rendre compte qu’en début d’année, ce moment n’est pas de trop dans la semaine pour expliquer, réexpliquer le collège, faire le tour de leurs (in)certitudes et de leurs inquiétudes.

Et finalement, j’ai compris que cette heure était formidable pour faire un pas de coté de temps en temps, recentrer et remédier à d’autres, en étant toujours en souplesse entre les élèves et leurs besoins.

Nous commençons donc l’année par de la méthodologie « de base ». J’entends par là une déclinaison chromatique de la répartition horaire des différentes disciplines hebdomadaires sur support papier. C’est-à-dire qu’on colorie l’emploi du temps en fonction des matières. Ça n’a l’air de rien mais c’est fou ce que ça permet d’éviter les oublis de matériel ! Ce petit coloriage tout simple, la plupart le pratiqueront jusqu’en seconde (après, je ne sais pas, je ne les vois plus).

En général, je consacre ainsi la première période à des outils d’organisation simples, doublés de discussions sur la gestion de leur temps libre, leurs loisirs et leur rythme quotidien.

J’essaie de rester ouverte à l’expression de leurs besoins, je suis à l’écoute des collègues des différentes matières lorsque, par exemple, une partie de la classe ne sait plus distinguer les différents triangles ou les conjugaisons des verbes irréguliers. Je propose alors à une partie de la classe de travailler dans le calme pendant que j’organise un petit groupe de travail, « personnalisé » cette fois-ci.

Apprendre à s’exprimer

Ensuite, dans l’année, je leur propose des activités qu’on n’a pas toujours le temps de pratiquer lors des heures disciplinaires : travailler l’oral par la lecture expressive, par des exposés aux thèmes plus libres et plus personnels qui servent de prétexte. Même le départ en congé maternité d’une de leurs professeurs peut être l’occasion d’un travail collectif écrit, et d’une présentation orale. J’utilise le théâtre aussi, formidable dénicheur de talents chez les plus timides, outil grâce auquel on repart un peu tous de zéro, qui nous sort de notre coquille et de nos postures d’élèves studieux.

Parce que c’est un moment sans « évaluation notée » et avec un peu moins de contraintes, les complexes tombent plus facilement, la parole se libère à force de « tours de table ».

Voila, c’est un peu de la cuisine interne, évidemment. Je ne sais pas si je pourrais faire de même dans un autre établissement. Je ne sais pas ce qu’en diraient des collègues d’ailleurs… Ici les miens sont assez positifs, mais aussi ravis de ne pas se coltiner ces « heures-là ».

Mais au final, j’aime l’AP !

Une chronique de Fanny

3 réponses

  1. Bonjour ! C’est vrai, j’ai de la chance que ça fonctionne -encore un peu- comme ça, c’est sur que la réforme bouleverse pas mal de chose.
    Pour répondre à Laurent sur Facebook, comme je le précise dans ma présentation, je suis dans un tout petit établissement AEFE où nous n’avons -malheureusement- pas de prof doc. Cependant, comme le souligne une autre collègue, il ne me semble pas que l’AP leur soit particulièrement réservé, encore moins depuis la réforme.
    Comme les autres semblent l’avoir compris, l’AP telle que je la pratique en 6ème me semble justement très bénéfique aux élèves qui y trouvent un espace et un soutien qu’ils n’ont pas par ailleurs. Ce qui me semble tout à fait pédagogique comme approche !

  2. Bonjour Fanny,
    tu as de la chance, car dans mon établissement, ça c’était l’AP ancienne formule ! je faisais la même chose l’année dernière avec 3h d’AP pour compléter mon service… cette année c’est les profs de français, maths et LV1 (et pas d’HG) qui en font des exercices ou ateliers mais juste dans leur matière !!
    Adieu donc, conseils en tout genre pour tenir son cahier de texte ou apprendre à apprendre, sauf à le faire sur ses heures;;; vu le rythme auquel on avance en début d’année en 6°, surtout quand on est PP, c’est (hélas) souvent sacrifié !

  3. Ben OUOUOUII Fanny : L’AP c’est exactement ça et on l’a appelé d’abord Etudes (non pas « dirigées » = trop contraignant pour les jeunes collégiens) mais « encadrées », c’est à dire un prof à disposition d’un groupe qui a envie ou besoin de poser des questions, de comprendre comment on s’organise, mémorise, suit dans l’agenda l’avancement du travail marqué ou réalisé (pour le distinguer de celui qu’il reste à faire), comprendre où et quoi on écrit sur une page quadrillées ou une feuille double (la « copie » de contrôle ou devoirs noté) de façon à présenter lisiblement.
    Sur la page 1
    – 1ère ligne l’élève indique à gauche ses noms, à droite la date complète.
    – Il trace un trait horizontal sur 2ème et 5ème lignes, pour délimiter un espace.
    – Dans cet espace, il trace une ligne verticale à 4 carreaux du bord droit de la feuille, l’enseignant y écrira la note obtenue et son coefficient (Ex : …. /2 ou …. /30)
    – Dans le rectangle de gauche, l’élève écrit la matière et le type de travail (Ex : Français – Grammaire 1 / Maths 2 : Les nombres premiers).
    – L’élève laisse tout le reste de la page 1 à disposition de l’enseignant qui évalue, souligne les points faibles et les points forts, donne des conseils…
    – Il colle, plié en deux, le format A4 du sujet qui porte le barème ou la répartition des points par question.
    Sur les pages 2, 3, 4 l’élève indique, par le numéro qui convient, à quelle question il répond.
    Ou bien il recopie proprement le brouillon du texte qu’il a inventé, en français.
    S’il lui faut une seconde feuille, il suffit qu’il marque sur l’ensemble des feuilles les N° des pages utilisées (Ex : 1/6 ; 2/6 ; 3/6… jusqu’à 6/6).
    L’AP peut aussi servir à faire distinguer « question » de « réponse » : c’est le sujet qui donne les questions de l’enseignant, c’est la copie qui porte les réponses de l’élève, alors la logique veut que sur la copie l’élève écrive R1 (Réponse 1) et non pas Q1 (Question 1) ; sinon cette banale confusion s’ajoutera à bien d’autres comme « temps d’apprendre » / « temps d’évaluer » ; «savoir à réciter par cœur » / « savoir à appliquer ce qu’on sait» à un domaine précis ou à une construction particulière, autrement dit le « savoir » et la « méthode »… Autant de mots qui finissent par bloquer l’intelligence de l’élève et celle de beaucoup de parents, pour ce qui concerne les enjeux de l’école, et finalement compromettre le progrès scolaire.
    Alors bon courage pour profiter efficacement de ces heures d’AP car les cours ne permettent pas ces clarifications pourtant primordiales si l’on désire construire une école réellement républicaine, c’est-à-dire démocratisée.

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