Maîtresse multi-tâches

Le multiple niveau effraie souvent. Pourtant, même si son utilité est discutable, on peut réellement s’en sortir et apprécier cette expérience en mettant en place quelques petites choses toutes simples pouvant grandement nous faciliter la tâche.

Et comme je fais partie des survivantes, voici les 10 commandements de… « la Maîtresse multi-tâches ».

multi-taches

La préparation

1-      La conscience de ne pas être « wonder teacher » tu auras :

Eh bien oui… Je pense sincèrement que pour réussir le plus sereinement possible la gestion du multiple niveau, il faut garder en tête qu’on n’est pas des machines. L’équation est simple, et c’est ce que je dis aux élèves : 1 enseignant(e), 2 classes… Vouloir être partout en même temps est impossible et c’est le meilleur moyen de perdre pied. En revanche, faute de pouvoir être clonée comme Dolly la brebis, il vous faudra changer votre vision des choses et de la classe.

2-      Un cahier journal en béton armé tu feras :

La principale contrainte du double niveau c’est de ne pas pouvoir être avec tous les élèves en même temps, puisque les programmes et les aptitudes des élèves sont différents. Il faudra donc alterner ÉQUITABLEMENT entre les niveaux en veillant à respecter les phases d’autonomie et d’apprentissage pur. Exemple simple : si je me lance avec des CP sur l’étude d’un nouveau son, ce qui nécessite absolument ma présence, je ne vais pas prévoir une leçon pour les CE1. Il faudra que ces derniers fassent un travail en autonomie sur une notion déjà abordée en amont. D’où la nécessité d’être très organisé dans son planning et d’avoir toujours en tête où en est chaque niveau dans une séquence donnée. Pour cela, un cahier journal ultra-détaillé peut être d’une grande aide, utiliser des couleurs ou des changements de caractères vous permettra d’un seul coup d’œil de vous y retrouver.

3-      Les programmes par cœur tu connaîtras :

Tout est dans le titre : un double niveau c’est dur à gérer et il faut savoir où on va ! Pour un CM1/CM2 la frontière entre les deux programmes est mince…mais beaucoup moins évidente sur un CE2/CM1 à cheval sur deux cycles. La connaissance solide des programmes est donc indispensable pour que les élèves pâtissent le moins possible de cette organisation au niveau des apprentissages.

L’organisation

4-      À aucun favoritisme tu ne t’adonneras :

Comme je l’ai dit plus haut, nous sommes des humains ! Il est donc normal d’avoir des préférences pour un niveau. Mais dans un cours double, on ne choisit pas forcément. Si vous avez un CP/CE1 et que vous détestez le CP, il va falloir faire avec ! Les enfants ne sont pas dupes et sont très attentifs au temps que vous passez avec eux. Ils ne tarderont pas à constater que vous passez plus de temps avec un niveau au détriment de l’autre. Il est donc essentiel de leur montrer qu’il n’en est rien, même s’ils sont amenés à travailler seuls la moitié du temps. Personnellement, je leur explique toujours en début d’année et, pour en remettre une couche, j’ai toujours un œil qui traîne, car même s’il y a deux niveaux : c’est une seule et même classe !

Pour ma part, je n’hésite pas à beaucoup me déplacer et à passer dans tous les rangs, même si je suis en phase d’apprentissage avec un groupe. Ainsi, physiquement, vous rappelez aux enfants que vous êtes là, toujours attentif et maître de la classe. Une petite parole à ceux qui sont en autonomie peut être la bienvenue (un petit encouragement ou un petit recadrage mais tout cela doit être succinct !).

5-      Ta classe spatialement tu organiseras :

Quand j’étais remplaçante, j’avais horreur, quand j’arrivais dans un cours double, de voir tous les élèves mélangés. Je ne m’y retrouvais pas et je passais mon temps à demander « Qui est en CM1 déjà ??? » et à mon âge c’est dommage de paraître sénile ! Je ne suis pas persuadée que les élèves y trouvent leurs repères. Lors des phases d’apprentissage pures et dures, l’enseignant doit placer son regard vers le groupe concerné, et si ce dernier n’est pas bien défini spatialement, ça peut être gênant.

Donc moi, j’aime bien délimiter les niveaux, mais cela est très personnel ; l’essentiel est de trouver son organisation.

Idem pour l’affichage (mon cheval de bataille), je trouve primordial que les élèves sachent à quelles affiches se référer : pour cela on peut utiliser des couleurs différentes en fonction des niveaux ou bien des pans de murs distincts.

6-      Les règles tu rappelleras :

Un truc tout bête que j’ai fait en début d’année avec mes anciens CP/CE1. « Petit problème : il y a 2 niveaux mais apparemment je suis la seule maîtresse, alors on fait comment ? » Et là, au bout d’une dizaine de minutes pendant lesquelles ils peuvent vous sortir des choses très surprenantes (« Hé bé tu vas demander à un autre enfant de venir faire classe avec toi !! » sic), on arrive enfin, ensemble, à établir des règles de fonctionnement, dont les principaux piliers sont : respect et autonomie. Si tout cela est clair dès le début, même si on doit y passer du temps, c’est du bonus pour la suite.

7-      L’autonomie tu favoriseras :

N’oublions pas que l’autonomie, ça s’apprend ! Donc il faut tout mettre en œuvre pour que tous les niveaux puissent avoir toutes les clés pour travailler en silence et sans vous. Cela passe par :

–          des règles de vie clairement établies et écrites quelque part dans la classe,

–          des exercices exempts de notions inconnues (pour éviter d’être dérangé quand vous êtes avec l’autre groupe, les élèves doivent savoir faire le travail en autonomie…puis ça évite de les mettre en échec),

–          le programme de la journée écrit pour chaque niveau au tableau avec un code pour que les élèves puissent reconnaître immédiatement les phases où ils sont avec l’enseignant et les phases pendant lesquelles ils seront seuls,

–          des activités de régulation, je détaille plus bas.

8-      Les temps morts tu éviteras :

« Maîtreeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeesse !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! J’ai fini !!!!!!!!!!!!!!!!! » Cette phrase m’a donné des frissons pendant quelques semaines. Le temps mort est l’ennemi numéro 1 de l’enseignant du multiple niveau. Un élève inactif en classe, c’est un élève qui peut perturber les autres, et donc le groupe avec lequel vous êtes. Pour gérer au mieux cela, j’avais mis en place « le Classeur d’activités autonomes ». Son principe est simple : chaque classe a le sien. Chaque élève a une pochette transparente dans ce classeur avec son nom. Tous les lundis, je remplissais cette pochette de travaux divers et variés en réinvestissement. Cela me permettait aussi de différencier au sein d’un même niveau. Ce système a bien fonctionné dans ma classe. Les élèves savaient que, durant les temps morts, ils devaient prendre un « travail autonome » dans leur pochette. À la fin de la semaine, toute la pochette devait être faite (sorte de contrat).

L’ambiance de classe

9-      Une cohésion de classe tu maintiendras :

2 niveaux mais…1 seule classe ! La cohésion de classe est aussi importante que dans un cours simple. Il ne faut pas hésiter à multiplier les expériences communes : en arts visuels, musique, langues, EPS…  Puis encore une fois, l’enseignant montre que la classe est un groupe avec des objectifs communs, même si les programmes sont différents. Un élevage, des sorties, bref, n’importe quel projet peut faire l’affaire.

10-   La coopération entre les élèves tu favoriseras :

La cohésion appelle la coopération, car les objectifs communs sont évidents : on est tous là pour apprendre et avancer. Donc, bien souvent, les grands peuvent être amenés à aider les plus jeunes. Cela peut être favorisé par un système de tutorat par binômes, par exemple.

 

Et comme en pédagogie rien n’est figé, cette liste de petits conseils est tout aussi inachevée que discutable. Mais pour moi, appliquer quelques règles simples m’a permis de me régaler en double niveau et de ne plus l’appréhender…

Scolairement vôtre,

Une chronique de Céline

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