1. Je n’enseigne plus

En septembre, c’est décidé : j’enseigne plus, je dynamise ! Parce qu’enseigner, c’est vieux jeu, c’est dépassé. Non, à partir de cette rentrée, je n’enseigne plus.

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Qu’est-ce à dire ? Eh bien, désormais, je me transforme en gentil organisateur. Fini le prof et ses craies. Finis les leçons, les devoirs, les cours. Je jette tout et je dynamise !
Parce que, finalement, quel est mon but d’enseignant ? De fabriquer des petits historiens ? Et le vôtre ? De fabriquer des petits mathématiciens ? Ou des polyglottes ? Des champions de lutte gréco-romaine ?
Ah, bonne question, n’est-ce pas ?

Progresser ensemble

Donc, mon but n’est pas de transformer des gamins de 12 à 16 ans en historiens. Mon but est qu’ils progressent. D’ailleurs, il me semble qu’un des ministres (lequel ? Ils ont tendance à changer tellement vite ces dernières années…), un des ministres, donc, a insisté sur le fait que les élèves devaient maîtriser le socle commun de connaissances et de compétences. Et maîtriser le socle, ce n’est pas fabriquer un historien, un mathématicien, un chimiste, mais donner « les connaissances, compétences, valeurs et attitudes nécessaires pour réussir sa scolarité, sa vie d’individu et de futur citoyen ».
Un citoyen capable de se débrouiller, de gagner sa vie et de comprendre un peu le monde qui l’entoure.

La zumba de l’histoire

Donc, j’enseigne plus, j’dynamise ! Maintenant, ce sera la zumba de l’histoire !
Alors adieu l’action de classe (la sélection des mèmes) et place à la classe action (le projet de classe) !
Tout le monde au travail ! Constitution de groupes et réalisation d’un projet suffisamment complexe pour mettre en jeu des compétences très hétérogènes. Négociation, recherche documentaire, compréhension, rédaction, réalisation, présentation. Ainsi, tout le monde peut apporter une pièce à l’édifice. Finis les groupes où l’un travaille, l’autre surveille et le troisième dort !
Alors, tant pis, les parents d’élèves, mes collègues, plus personne ne me prendra au sérieux, mais j’abandonne Gauss et la constante macabre, cette impérieuse nécessité de sacquer une partie des élèves en les désignant comme nuls, moins que rien, des zéros.
J’enseigne plus, je valorise ! Chez moi, ce sera l’armée mexicaine ! Tout le monde général ! Le projet tient la route ? Tout le monde y a participé ? Récompense pour tous ! Ici, il est désormais hors de question d’arguer de sa « nullité » pour refuser de travailler !

En fait, vous venez de le comprendre. Ma vraie résolution de rentrée, c’est le bien-être des élèves. C’est la mise en place d’un espace sécurisé, ma classe. Un élève heureux est un élève épanoui qui se lance dans les travaux scolaires, qui n’a pas peur d‘échouer. Je ne supporte plus cette gangrène des classes modernes qui aboutit à contempler, au fond de la classe, des potiches qui attendent la cloche, sans un geste d’impatience, pour enfin revivre.

La positive attitude

Donc, je commence par la pensée positive :
1) S’obliger à féliciter les élèves au lieu de considérer qu’il est normal de réussir.
2) S’obliger à la bienveillance. Souligner les progrès, quel que soit leur niveau. Différencier les encouragements en fonction des élèves. Éviter la démagogie.
3) S’obliger à déterminer mes attentes en objectifs simples et de court terme.
4) S’obliger à s’asseoir parmi les élèves. C’est drôle comme le fait de se mettre à leur table change le rapport d’engagement des élèves… Ne plus hésiter à « ne pas savoir » et conseiller d’aller chercher une réponse auprès d’un autre élève…
5) S’obliger à construire des évaluations permettant à chaque élève, quelles que soient ses compétences, de réussir.
6) S’obliger à mettre des notes supérieures à la moyenne et même des 20, le plus souvent possible. Réserver les mauvaises notes aux élèves qui refusent de s’engager (ne pas faire des exercices, ne pas rendre un travail).
7) S’obliger à débloquer les situations d’échec en donnant des réponses, et même en envoyant chercher une réponse auprès d’un autre élève, y compris pendant les évaluations.
8) S’obliger à être heureux de se retrouver au milieu des petits monstres qui n’ont rien demandé !

Une chronique de Philippe Crémieu-Alcan

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