Vous est-il arrivé d’avoir des élèves qui restent muets face à vos questions ? Des élèves qui préfèrent se taire plutôt que de s’exprimer spontanément ? Des élèves qui ont vraiment du mal à prendre la parole à l’oral ? Or, nous le savons, c’est en parlant qu’on apprend à parler. Notre devoir de prof de langue étrangère ou de prof de FLE est de donner des instruments à nos élèves afin qu’ils parlent.

Alors, comment les stimuler ? Quels instruments leur proposer ? Voici quelques trucs adaptés à une didactique traditionnelle en classe de langue étrangère.

Tout d’abord, examinons les différents types de profil des apprenants car tous ne sont pas égaux devant le mutisme de la classe de langue. Les motivations à la base de leur silence peuvent être très variées.

  1. Les motivations à la base d’une absence de participation en classe de langue

  1. La mauvaise estime de soi

Les élèves qui ne participent pas à l’oral peuvent avoir une mauvaise estime de soi. Ils croient être nuls ; ils ont la hantise des reproches et préfèrent se taire plutôt que de montrer une mauvaise image d’eux-mêmes.

Souvent, ils manifestent de réelles carences linguistiques qui peuvent créer ce blocage.

Dans ce cas, nous devrons les encourager à parler en veillant à ne jamais les mettre en difficulté, en créant un climat de confiance. Il vaut mieux partir de situations dans lesquelles ils se sentent à l’aise et augmenter progressivement la difficulté. Il convient de leur demander d’effectuer des tâches très simples qui auront été préparées préalablement en classe et éviter de les reprendre à chaque fois qu’ils font une faute. Il est préférable que l’enseignant note les fautes sur une feuille et communique à la fin de la prise de parole les fautes les plus graves, en insistant sur le fait que l’erreur est source de progrès. « Apprendre, c’est toujours prendre le risque de se tromper », souligne J.-P. Astolfi.

De plus, on pourrait par exemple leur dire de parler en s’adressant à un de leurs camarades qu’ils apprécient et qui se trouve au centre de la classe. Ils n’ont pas à regarder obligatoirement le prof ou toute la classe.

pour l'oral de FLE
photo credit: _Hadock_

2. La peur de perdre la face

S’ils sont émotifs, les élèves anticipent négativement leurs émotions et préfèrent rester sur la réserve. Ils ont la hantise de la moquerie de la part de leurs camarades.

Là aussi, l’instauration d’un climat de confiance en classe de langue sera capital. Mais le prof pourrait aussi verbaliser avec eux les émotions car souvent, les apprenants ont besoin de nommer ce qu’ils éprouvent.

Certains de mes collègues ont proposé une petite séance de « théâtre de l’absurde » : les élèves forment des petits groupes. Chaque groupe doit représenter une situation d’oppression qu’ils peuvent vivre au quotidien. Ensuite, ils devront dramatiser leur situation devant toute la classe : un élève jouera le rôle de l’oppresseur et un ou plusieurs autres joueront le rôle de ceux qui subissent l’oppression. Exemple de situation d’oppression : vous faites la queue au bureau de poste mais un monsieur arrive et vous passe devant sans même demander pardon. Vous repartez frustré parce que vous n’avez rien osé dire.

Lorsque la représentation a été effectuée, on demande aux spectateurs s’il y a quelqu’un qui voudrait prendre la place de l’opprimé et on rejoue la scène. De cette manière, tout le monde peut découvrir une autre façon de réagir.

Bien sûr, on pourrait demander aux élèves de représenter des situations d’oppression liées à leur vie scolaire, au travail qu’ils font en classe. Ils pourraient faire cette activité en langue étrangère si leur niveau le leur permet, sinon, ils pourraient la faire dans leur langue maternelle. L’important est de leur démontrer qu’il y a plusieurs façons de réagir face à une oppression. Il en ressortira peut-être aussi que la moquerie vis-à-vis de ces confrères ne mène à rien.

3. L’anxiété

Les élèves peuvent se taire en classe de langue car ils sont anxieux. Ils n’ont pas l’habitude de parler et cela leur crée un sentiment d’angoisse.

Ou, pour eux, le problème, c’est la question posée par le prof : nos élèves ont peur de ne pas comprendre nos questions ou de ne pas savoir y répondre.

Dans ce cas, il conviendra de privilégier les exposés en classe de langue, des exposés sur lesquels ils se prépareront à la maison. Les questions du prof porteront sur un approfondissement métalinguistique, plutôt que sur le contenu.

  1. Quelles activités à proposer en classe de langue pour stimuler les interactions orales

photo credit: NCSSMphotosPour l'oral de FLE

 

  1. La préparation d’un exposé

Le prof peut demander aux élèves de préparer un exposé à la maison. Il peut les guider à travers quelques questions.

Exemple de consigne de niveau A1/A2 : Organisez oralement un discours de trois minutes en décrivant votre ville sur la base des questions ci-dessous. Ma ville.
a) Comment s’appelle votre ville ?
b) Est-elle ancienne ? jeune ? Où se trouve-t-elle ?
c) Est-il facile ou difficile d’arriver dans votre ville ? Comment peut-on y arriver ? Par quels moyens de transport ?
d) A quoi ressemble-t-elle ?
e) Pensez-vous qu’il soit agréable de vivre dans votre ville ? Expliquez pourquoi.
f) Quels sont les points de repère les plus connus ? Où sont-ils ?
g) Quel les sont les manifestations sportives ou culturelles qui se produisent dans votre ville ? A quelle période de l’année ? Que font les gens à ces occasions ?
h) Que dites-vous à un ami connu sur Internet pour le persuader qu’il doit visiter votre ville ?
Evidemment, les élèves devront posséder le vocabulaire nécessaire pour pouvoir le préparer.

A la maison, les élèves rédigeront l’exposé et l’apprendront par chœur afin de pouvoir le produire oralement en classe. Ils pourront consulter leurs notes lors de l’exposition orale mais ils ne devront pas lire. Pour cela, ils devront avoir surligné les mots importants ou écrit des titres.

  1. Résumer oralement un texte

Avec les étudiants de niveau avancé, nous prenons un texte d’actualité. Chacun peut choisir le sien sur Internet (http://www.lemonde.fr, http://www.lexpress.fr, http://www.lenouvelobs.fr, http://www.lefigaro.fr, http://www.liberation.fr, http://www.lesclesjunior.com/, http://www.phosphore.com/ ou le prof en distribue un.

Si le texte est commun, en classe, on fait la lecture et l’explication du texte. A la maison, les élèves rédigent un résumé qu’ils exposeront oralement en classe. Là encore, ils pourront garder leur feuille sous les yeux mais ne devront pas lire.

  1. Donner son opinion

Pour inviter les élèves à donner leur opinion sur un sujet, on peut leur proposer des illustrations comme point de départ de leur conversation. Bien sûr, il sera plus facile pour eux de parler d’un argument qu’ils connaissent déjà et dont ils auront déjà fait quelques lectures ou visionné des reportages. Naturellement, ils pourraient préparer leur point de vue à l’écrit avant de devoir le référer à l’oral, seuls ou en petits groupes. Il pourra être opportun d’afficher en classe des « panneaux » avec les actes de parole permettant aux élèves de puiser quelques expressions…

4. Production de dialogues

Demander aux étudiants de préparer des dialogues par écrit à la maison. Le jour venu, leur demander de jouer ces dialogues. Toutefois, l’enseignant devra solliciter une improvisation des dialogues : à la maison, ils ont préparé des phrases, des expressions. En classe, le dialogue, étant improvisé, subira nécessairement des variations. Ainsi, ils mobilisent toutes leurs connaissances linguistiques. En outre, cette tâche permet aux apprenants de franchir le premier pas et de se rendre compte que c’est en réalisant des interactions réelles qu’ils apprennent à parler.

Exemple d’interaction que je propose pour travailler sur le lexique des vêtements : la classe est un magasin de vêtements. Un vendeur propose des vêtements à une cliente : les élèves se déplacent dans la classe, le vendeur propose des vêtements, la cliente fait son choix…

5. Activité « Interviewe tes camarades »

J’ai lu cette activité sur le site de LI Qin de l’Université des études internationales de Shangai. Ce prof de FLE réserve les 10 à 15 minutes de chaque classe à des interactions entre camarades. Il demande à un étudiant de préparer à l’avance au moins une question par apprenant (une vingtaine de questions en tout). Ainsi, si la classe est nombreuse, l’étudiant est obligé de varier les domaines dans lesquels puiser du vocabulaire (sport, loisirs, activités pendant les vacances, etc.). Ces questions-réponses offrent aux apprenants un grand plaisir de s’exprimer, tandis que la connaissance plus approfondie de leurs camarades garantit le succès et l’efficacité de leurs communications. Tout cela fait oublier aux étudiants la peur et la timidité de communiquer en français et les encourage à prendre la parole de façon plus active.

6. Activités de télécollaboration entre classes

L’enseignant peut proposer à ses élèves de participer à un projet de collaboration à distance ayant pour objectif la production orale et la communication authentique. Si on choisit de participer à un projet eTwinning, on peut recourir à des instruments tels que le Voki : les élèves se choisissent un avatar et enregistrent leur présentation par exemple.

7. Jouer pour parler français

Naturellement, il n’y a rien de mieux que des activités ludiques pour stimuler des élèves à parler !

Je vous conseille aussi le site d’Haydée Silva, qui est un site de référence pour le ludique en classe de fle et le site Lezexperts, récemment créé, qui propose déjà des activités de communication FLE très intéressantes.

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