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Soljenitsyne, c’est qui ?

Alexandre Soljenitsyne est mort, dimanche 3 août, à Moscou à l’âge de 89 ans.

Voici une nouvelle bombardée sur les différents médias, au milieu de toutes celles qui bercent cet été par endroits caniculaire et par d’autres meurtrier. « Mais qui est cet homme ? » me suis-je entendu dire à la maison. J’ai d’abord pensé à une blague. Mais devant l’air dubitatif de mon interlocuteur  (pourtant né dans les années soixante-dix), je dus me résoudre à cette évidence : l’auteur de « L’Archipel du Goulag »  n’était plus très connu de ce côté-ci de la planète. Et pourtant…

Ce soir, j’eus la surprise de découvrir la diffusion d’un ancien numéro d’Apostrophe de Bernard Pivot le concernant. Pendant plus d’une heure, j’avoue que ce fut un pur régal – même si je n’ai pas su saisir  toutes les subtilités de son cheminement intellectuel parfois tortueux. Mais que la télévision fut culturelle et reposante cette nuit ! Oh, ce ne sera pas un succès d’audience ; pour cela, on a Secret Story (c’est mieux, culturellement parlant, non ?) Mais peu importe : ce fut un grand moment d’entendre et de voir homme qui connu les pires horreurs du communisme.

Car Alexandre Soljenitsyne fut avant tout un dissident : il doit sa célébrité (ailleurs que chez moi) à ses actions contre le communisme en Russie. C’était dans les années 1940 et 1950. La Russie, qui s’appelait alors l’URSS, était dirigée de manière autoritaire : ceux qui s’opposaient au régime étaient condamnés et enfermés dans des camps. Dans ces camps du Goulag, ils étaient forcés à travailler dans des conditions inhumaines.

Soljenitsyne a donc fait partie des 10 à 15 millions de personnes qui ont connu la violence de ces camps. Lorsqu’il en sort, en 1953, il décide de raconter ce qu’il a vécu dans plusieurs livres. C’est grâce à lui, que l’existence des camps du Goulag a été révélée au monde entier. En 1970, il reçoit le Prix nobel de littérature, récompense suprême dans ce domaine. Mais dés lors,  il fut privé de sa citoyenneté soviétique en 1974 et expulsé d’URSS. Il vécu alors en Allemagne, en Suisse puis aux Etats-Unis, avant de revenir en Russie en 1994 après la chute de l’URSS. Depuis son retour, il s’était montré critique envers l’Occident et envers l’évolution de la Russie post-soviétique, appelant à un retour aux valeurs morales traditionnelles.

Il appréciait néanmoins le rôle de Vladimir Poutine, malgré son passé d’officier du KGB. « A la fin de ma vie, je peux espérer que le matériel historique (…) que j’ai collecté entrera dans les consciences et la mémoire de mes compatriotes« , avait-il dit en 2007 alors que Poutine venait de lui remettre le prestigieux Prix d’Etat russe.

Voilà qui était Soljenitsyne. A bon entendeur…

« Un homme est heureux tant qu’il décide de l’être, et nul ne peut l’en empêcher »

Alexandre SOLJENITSYNE

Pourquoi le prix du carburant augmente si vite ?

Et bien, pour une fois, c’est moi qui me pose la question ! Malheureusement, en connaître la réponse ne m’aide pas beaucoup à retrouver le moral face à la pompe. Ce matin, le temps de faire une petite course dans le supermarché attenant – soit 30 minutes – la station service avait augmenté ces prix d’un centime… Mais jusqu’où cela va t’il aller ?

En fait, après avoir franchi le cap des 100 dollars le 2 janvier dernier, le baril de pétrole (soit 159 litres) a dépassé les 130 dollars mer­credi 21 mai à la bourse de New York (États-Unis). Cela signifie donc qu’en l’espace d’une année, son prix a doublé. Les meilleurs spécialistes osent désormais pronostiquer un baril à 200 dollars d’ici à deux ans, voire dans six mois pour les plus pessimistes (réalistes ?)…

La plupart des experts impu­tent la hausse continue du prix du pétrole au resserre­ment entre offre et demande. Tout d’abord la demande de pétrole des pays émergents (Chine, Inde…) ne cesse de croître. De plus, divers conflits (Irak, Iran…) contribuent à la montée du prix du baril. De son côté l’Arabie saoudite en profite discrètement pour fermer le robinet. Cela a pour effet de faire immédiatement baisser la production, et donc de rendre l’offre supérieure à la demande. La meilleure recette pour assister à une belle envolée des prix ! Le gouvernement américain avait d’ailleurs très officiellement demandé il y a de cela quelque mois à l’Arabie saoudite de réouvrir le robinet. Ce fut un refus net et catégorique.

Les ex­perts estiment ainsi que la hausse n’est pas près de s’enrayer. Leur pessimisme est alimenté par l’hypothèse d’un épuise­ment plus rapide que prévu des réserves pétrolières. Le seul point positif est que ce marché du pétrole est en complète surchauffe. De fait, un certain nombre de facteurs pourraient faire éclater la bulle des prix. L’élément le plus important tient au fait que les spéculateurs sont largement responsables de la hausse des cours de l’or noir cette année.

Si la tendance s’inverse, ils quitteront rapidement le marché. Il ne fait aucun doute que la demande mondiale demeure forte actuellement, mais un certain nombre de variables – les indicateurs techniques, un ralentissement économique, une diminution de la demande – pourraient inciter les investisseurs à se retirer en masse… Il ne nous reste plus qu’à attendre et espérer… pour notre porte monnaie.

Pourquoi le drapeau suisse est-il carré ?

Jöödele So Gärn

Pour une fois, la question ne vient pas d’un élève mais de l’une de mes collègues, professeur de mathématiques. A l’occasion d’un exercice sur les symétries, elle fut surprise de constater que le drapeau suisse qui figurait sur un exercice de son spécimen était différent de celui qui avait été corrigé dans le livre des élèves. Le sien était rectangulaire alors que celui des élèves était carré. Pourquoi et où est l’erreur ?

L’erreur est dans votre livre, chère collègue ! Il est évident qu’au vu de son histoire le drapeau national suisse est issu des drapeaux de guerre. C’est pour cela qu’il est carré. Cette originalité parmi les nations du monde n’est partagée que par le Vatican. Ce petit détail a beaucoup d’importance pour de nombreux helvètes. D’ailleurs, lors de l’adhésion de la Suisse à l’ONU en 2002, on a frôlé l’incident diplomatique pour une question de forme. Un règlement de l’ONU stipule en effet que les drapeaux hissés au siège de l’organisation doivent être rectangulaires. Heureusement, une solution a pu être trouvée. Une autre disposition onusienne prévoit une exception à la règle si le pays concerné accepte que la surface totale de son drapeau ne dépasse pas celle des autres ! La Suisse s’est empressée d’accepter et depuis lors, le drapeau carré flotte librement sur l’esplanade des Nations Unies à New York.

A vrai dire, il est difficile d’établir avec certitude les origines de la croix suisse (appelée parfois croix fédérale) et les historiens se divisent sur plusieurs hypothèses. Ce n’est qu’au XIXème siècle que la fameuse croix blanche sur fond rouge est devenue l’écusson national des Suisses. Auparavant il s’agissait uniquement d’un signe de ralliement des soldats Confédérés, bien pratique sur des champs de bataille où il était parfois difficile de s’y retrouver dans la mêlée des corps et des armes.

Tout commença en 1339 à la bataille de Laupen. Pour se différencier des autres combattants, les soldats suisses ont eu l’idée de coudre une croix blanche sur leur cote de maille. Peu à peu, on ajouta également une petite croix blanche sur les drapeaux des cantons. Lorsqu’il fallut créer une bannière militaire commune, notamment pour l’occupation des bailliages communs, c’est évidemment la croix blanche qui s’imposa. Quant au fond rouge, il a probablement été inspiré par l’ancienne bannière bernoise, elle-même constituée de cette couleur.

Alors que l’indépendance et la démocratie suisse datent traditionnellement de 1291, il est pourtant surprenant d’apprendre que le drapeau national dans sa forme actuelle ne date que de 1889. Même si l’originale croix blanche sur fond rouge date du XVe siècle, les variations modernes du drapeau ne datent réellement que de 1815. De fait, si la forme du drapeau suisse n’est pas prescrite par la loi, sa couleur est définie précisément depuis le 1er janvier 2007 : rouge Pantone 485, soit 100% de magenta et 100% de jaune. Les dimensions de la croix sont également définies: un décret datant de 1889 stipule que les bras de la croix doivent être d’égale longueur et un sixième plus longs que larges.

Pour en savoir un peu plus…

– une histoire très complète sur switzerland.isyours

– une histoire plus concise sur Wikipedia

– une histoire plus anecdotique sur swissworld.org

Que s’est-il passé en Mai 1968 ?

Days of Pearly Spencer

Depuis 1959, l’État a dépensé beaucoup plus qu’auparavant pour l’Éducation nationale. Mais le nombre des étudiants s’accroît sans cesse. Leur existence quotidienne se déroule souvent dans un pénible isolement. Des problèmes de débouchés se posent à ceux qui font des études de lettres ; nombreux sont ceux que menace l’échec aux examens. Le corps enseignant s’est grossi d’assistants et de maîtres-assistants dont le statut et les perspectives de carrière sont incertains. Beaucoup d’universitaires font preuve d’un inébranlable conservatisme corporatif. Ceux qui sont partisans de réformes ne sont pas d’accord entre eux…

Tels sont les facteurs principaux du profond malaise qui existe dans le monde étudiant. Mais l’explosion de mai 1968 ne se serait pas produite sans l’action d’un détonateur : il s’agit de « groupuscules » d’inspiration anarchiste, trotskiste et maoïste, qui contestent la « société de consommation » et qui pensent que l’Université est devenue, à la place d’une classe ouvrière aliénée par son embourgeoisement, le milieu d’où peut surgir la révolution qui détruira la société capitaliste. Particulièrement actifs parmi les étudiants en sociologie de Nanterre, ces groupes parviennent à y paralyser le fonctionnement de la faculté des lettres. Celle-ci est fermée à la fin d’avril, ce qui transporte l’agitation à la Sorbonne. Dans la crainte d’un affrontement armé entre ultra-gauchistes et fascistes du groupe Occident, le recteur fait appel à la police puis décide la fermeture de la Sorbonne. Cette décision rejette dans la rue l’agitation, qui prend le caractère de véritables émeutes, avec érection de barricades, au quartier Latin. La solidarité entre étudiants, la communion qui s’établit d’autant plus profondément entre eux qu’ils se sentaient auparavant plus isolés, les réactions diverses de la population parisienne, celles de la police, malgré le fait qu’on n’ait à déplorer à Paris en mai que la perte d’une seule vie humaine, voilà ce qui donne bientôt à la situation une extrême gravité.

Plongeant ses racines dans ce mouvement de contestation, la crise de mai 1968 est, dans un premier temps, une révolte de la jeunesse protestant pêle-mêle contre la guerre du Vietnam, les dysfonctionnements de l’enseignement supérieur et la société de consommation. Après les émeutes étudiantes du 10 mai réprimées dans la violence, la crise s’étend, dans un second temps, à de nombreux secteurs de la société française : près de dix millions de grévistes paralysent le pays et contraignent le gouvernement Pompidou à négocier les accords de Grenelle (revalorisation des salaires, réduction du temps de travail, etc.).

[ina]http://www.ina.fr/archivespourtous/popup.php?vue=partenaire&partenariat=0e6c7819a11c45f8ec8feaec23621c74&noresize[/ina]

Alors que le pouvoir semble vaciller face à la mobilisation de la gauche et des syndicats qui tentent de canaliser cette mobilisation, le général de Gaulle dissout l’Assemblée nationale le 30 mai, reçoit l’appui de centaines de milliers de manifestants favorables au retour à l’ordre et voit son pouvoir provisoirement conforté lors des élections législatives des 23 et 30 juin. Cette normalisation rapide n’a pas empêché la crise de mai 1968, symbole d’une société en quête d’émancipation, d’acquérir valeur de mythe dans les mémoires.

Quelques pistes pour en savoir plus :

– CHANTEBOUT Bernard, « FRANCE – analyse institutionnelle et politique (1945-1970) » in Encyclopaedia Universalis

– COMPAGNON Olivier, « Crise de mai 1968 en France » in Encyclopaedia Universalis (dont cet article s’est inspiré)

– RÉMOND René, La Droite en France de la première Restauration à la Ve République, t. II : 1940-juin 1968, Paris, 1968 ; Le Retour de De Gaulle, Complexe, 1983

– CHAPSAL Jean, La Vie politique en France de 1940 à 1958, P.U.F., Paris, 1984
– pour une chronologie complète, l’article de Wikipedia

– une découverte de Mai 68 sur le Web grâce à Bricabraque

– une superbe sélection vidéo réalisée par l’INA

– une découverte plus original de cette période à travers le site d’ARTE

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