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Langemarck, 1915 : la guerre chimique commence

Sur un monument élevé à Steenstraat, petit village flamand près d’Ypres, on peut lire : « Le 22 avril 1915 les troupes de la 45e division et de la 87e division territoriale furent empoisonnées par la première nappe de gaz. Depuis, il meurt encore, chaque jour, dans la paix, des victimes de ces procédés de guerre abominables. » Même si les plus hautes autorités avaient pris conscience de l’ampleur du mal puisque le 17 juin 1925 avait été signé à Genève un «protocole concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques» , dans le cadre d’une conférence internationale sur le commerce des armes, c’était déjà trop tard.

Attaque au chlore à Langemarck, près d’Yrpres, le 22 avril 1915

Le 22 avril 1915, vers  17h20, le commandant Villevaleix (du 1er tirailleurs) annonçait à ses supérieurs d’une voix haletante, entrecoupée, à peine distincte, « qu’il était violemment attaqué, que d’immenses colonnes de fumée jaunâtre, provenant des tranchées allemandes, s’étendaient maintenant sur tout le front, que les tirailleurs commençaient à évacuer les tranchées et à battre en retraite; beaucoup tombaient asphyxiés. » Si pendant un instant certains ont pu croire que le commandant avait perdu la tête, il fallu rapidement se rendre à l’évidence : quelque chose d’anormal venait de se déclencher. Personne n’avait encore entendu parler de la possibilité d’une attaque au moyen de gaz. La surprise était totale.

Ce fut le commandant de Fabry qui, d’une voix aussi émue que le commandant Villevaleix, confirma les craintes. Il disait « être obligé de quitter son P. C., ne pouvant plus respirer; qu’autour de lui des groupes entiers de tirailleurs tombaient asphyxiés ou tués en cherchant à franchir le barrage d’artillerie que les Allemands venaient d’établir sur les emplacements occupés par nos réserves ; la situation n’était plus tenable, on était pris entre les gaz et le barrage. »

Enfin, dernier coup de téléphone du commandant Villevaleix : « Tout le monde tombe autour de moi, je quitte mon P.C. », puis une fin de phrase que l’on n’entendit jamais ; le téléphone ne fonctionnait plus. Cette fois, le commandant de la brigade était fixé. Il montait aussitôt à cheval et, suivi de quelques spahis, partait ventre à terre vers les tranchées.

Bataille de Loos : les britanniques avancent dans le nuage de gaz (25 septembre 1915)

Au loin, le bombardement des lignes françaises se faisait entendre avec fracas: l’artillerie allemande semblait très puissante. Arrivés sur place, le commandant et sa troupe ne parvinrent à distinguer que quelques bribes de fumée jaunâtre. Ce n’est qu’une fois à trois ou quatre cents mètres de Boesinghe que ces soldats furent saisis de violents picotements dans le nez et la gorge ; leurs oreilles commençaient à bourdonner et leur respiration devenait pénible : une odeur insupportable de chlore s’était sournoisement répandue tout autour d’eux. Les chevaux, incommodés, oppressés refusaient d’aller plus loin.
C’est donc à pieds qu’ils gagnèrent les abords du village. Le spectacle était terrifiant : partout des fuyards sans armes, hagards, la capote enlevée ou largement ouverte, la cravate arrachée, courant comme des fous, allant au hasard, demandant de l’eau à grands cris, crachant du sang, quelques-uns même roulant à terre en faisant des efforts désespérés pour respirer. L’un d’entre eux, tout titubant, à grands cris, réclamait du lait et, en apercevant le colonel, s’écriait : « Mon colonel, ces v… nous ont empoisonnés. »

Depuis le début de la guerre, ces hommes avaient déjà connu l’horreur sur le front, mais jamais il ne leur avait été donné de voir un tel spectacle, une telle débandade.

Deux ans plus tard, dans la nuit du 12 au 13 juillet 1917, toujours dans le secteur d’Ypres, la guerre chimique franchit un nouveau seuil dans l’horreur avec l’usage par les Allemands des premiers obus remplis de gaz moutarde – très vite surnommé «ypérite», en relation avec Ypres. Très agressif, il n’attaque pas seulement les voies respiratoires mais aussi la peau, ce qui complique beaucoup les protections.

A la fin du XXe siècle, les représentants de la quasi-totalité des États signent à Paris, le 13 janvier 1993, une Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’usage des armes chimiques et sur leur destruction.
Autrement plus contraignante que le protocole de Genève de 1925, cette convention a été sciemment violée par le gouvernement syrien, qui a bombardé avec des gaz la banlieue de Damas, le 21 août 2013, occasionnant plusieurs centaines de morts dans la population civile.

Une note récemment déclassifiée des services de renseignement français fait état de « plusieurs centaines de tonnes d’ypérite et de « gaz sarin« , soit un stock total qui dépasserait les 1.000 tonnes d’agents chimiques. « Avec plus de 1.000 tonnes d’agents chimiques de guerre et de précurseurs, Damas détient l’un des stocks opérationnels les plus importants au monde, sans perspective de destruction programmée, en l’absence de volonté d’adhésion de Damas à la convention sur l’interdiction des armes chimiques », est-il encore précisé.

110.371 personnes ont été tuées en Syrie depuis le début mi-mars 2011.

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=CAfYCPoOaP8[/youtube]

Pour aller plus loin :

Général Mordacq « 1915, la Première attaque au gaz Secteur de d’Ypres (Belgique) » du site Chtimiste.com (parcours de régiments en 1914-18)
Joseph Savès « 22 avril 1915 et 12 juillet 1917La guerre chimique » du site Herodote.net

Jean-Christophe Plot « Armes chimiques : brève histoire d’une horreur guerrière » sur le site DEJA-VU

Olivier Lepick La Grande Guerre chimique, 1914-1918 (Puf, Histoires)-1998.

Rédaction RTL.fr « Syrie : ces preuves d’utilisation d’armes chimiques que les États-Unis et la France affirment détenir » du site RTL.fr
– World War One Battlefields : Flanders: Langemarck du site ww1battlefields.co.uk

Hommage aux Poilus

Hugo MELLADO est un élève de Première (2012-2013) qui a montré un intérêt tout particulier pour la période de la Première Guerre mondiale. Il a été marqué par les images présentées à l’occasion du cours sur la thématique « guerre d’anéantissement ». Il a tenu à rédiger seul un article rendant hommage aux poilus en général, et à son arrière-grand-père en particulier. C’est avec plaisir (et une petite fierté) que je le publie ici aujourd’hui.

Parler de la Première Guerre mondiale, c’est s’intéresser à ces hommes et à ces femmes qui ont souffert sur le front et à l’arrière. parmi eux, j’ai une affection particulière pour les poilus.

Dans cet interminable conflit qui dura quatre longues années, les soldats étaient surnommés les poilus car, du fait de leurs conditions de vie dans les tranchées, ils laissaient pousser barbe et moustache et de retour chez eux, ils paraissaient tous poilus.

Des conditions de vie inimaginables.
En fait, les hommes manquaient de nourriture, ce qui entraînait la famine avec énormément de morts. Les poilus vivaient avec la fatigue car ils étaient obligés de rester éveillés pour voir si l’ennemi arrivait pour les attaquer. Le froid les faisait énormément souffrir. Ils restaient dehors jour et nuit ainsi que dans la boue. Il ne faut d’ailleurs pas oublier les rats !
La survie était primordiale. Ils voulaient protéger leur amis, la famille ainsi que leurs proches ce qui était loin d’être facile vu les conditions de vie qui leur étaient données. Voir les gens mourir autour d’eux était difficile à surmonter, ainsi que la peur d’être fusiller ou de respirer des gaz mortels.
A la fin de la guerre, nombreux sont revenus blessés ou amputés, on les a surnommés « les gueules cassées ».

Le Poilu c’est celui qui…
Extrait d’une lettre d’un soldat à un ami extrait de
Paroles de poilus”, Lettres et carnets du front 1914-1918
(sous la direction de Jean-Pierre Guéno)

Le poilu c’est celui que tout le monde admire,mais ont on s’écarte lorsqu’on le voit monter dans un train, rentrer dans un café, dans un restaurant,dans un magasin, de peur que ses brodequins amochent les bottines, que ses effets maculent des vestons a la dernière coupe, que ses gestes effleurent les robes cloches, que ses paroles soient trop crues.
C’est celui que les officiers d’administration font saluer.
C’est celui a qui l’on impose dans les hôpitaux une discipline dont les embusqués sont exempts.
Le poilu , c’est celui dont personne a l’arrière ne connait la vie véritable……
…..c’est celui qui ne parle pas lorsqu’il revient pour 8 jours dans sa famille et son pays,trop occupé de les revoir,de les aimer…..
……A-t-on vu expliquer dans la presse que le poilu, c’est encore le seul espoir de la France,le seul qui garde ou prend les tranchées, malgré l’artillerie, malgré la faim, malgré le souci, malgré l’asphyxie…

Souffrir de devoir tuer.

Pour moi, être un « poilu”, c’est tout simplement être un homme brave, très brave et courageux que l’on a arraché à ses parents, à sa femme, à ses enfants , à ses amis, à une vie pleine de promesses pour se lancer dans l’horreur de la guerre !…

Ma mère me raconte parfois la vie de son grand-père. C’était un homme effacé, ne parlant presque jamais de son passé. Pourtant, à chaque onze novembre, des larmes coulaient sur ses joues : « Il s’était retrouvé ce jour-là face à un allemand de 20 ans (il n’en avait guère plus) et avait tiré le premier. Il ne savait pas combien d’allemands il avait tué pendant la guerre, sa douleur lui venait d’avoir vu tomber ce jeune homme… »

Hommage à eux.

MELLADO Hugo

Voici une vidéo montrant et l’horreur de la guerre et certains poilus :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=1tt3H08oKFA[/youtube]


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