Pourquoi ne pas essayer ?

Chers lecteurs,

J’ai choisi de vous présenter aujourd’hui un petit article sur le travail en ateliers en élémentaire.

Pour beaucoup, la pédagogie par ateliers ne rime qu’avec « maternelle ». C’est aussi ce que je pensais il y a quelques années, avant de me jeter à l’eau.

ateliers

Il y a 4 ans, j’ai rencontré lors d’une animation pédagogique, une PEMF qui parlait avec conviction de cette pratique. Bien sûr, tout le monde était sceptique… Mais ayant commencé ma carrière en maternelle, où les ateliers tournants sont légion, je me suis longuement interrogée sur la mise en place d’un tel dispositif. Après tout, pourquoi ne pas transférer cette façon de travailler ?

Pendant 2 ans, j’ai testé ce dispositif alors que j’étais brigade. Cela m’a permis d’affiner ce mode de fonctionnement, d’en découvrir les avantages et les limites. Et aujourd’hui que j’ai ma propre classe, je peux enfin faire un retour d’expérience pleinement abouti.

Pourquoi faire des ateliers ?

Mon point de départ a été la gestion de l’hétérogénéité. Comment chaque élève peut construire son propre parcours d’apprentissage ? Comment TOUS les élèves peuvent profiter de l’étayage de l’enseignant ? Nous sommes là pour les plus faibles MAIS AUSSI pour les autres qui doivent continuer d’avancer malgré les difficultés de leurs camarades. Et sur ce constat, l’enseignement frontal montre déjà une faiblesse… 1 enseignant, 25/30 élèves avec des besoins différents.

Repenser l’espace classe

Le travail en atelier alternant plusieurs modes d’apprentissage : guidé, semi-guidé, en autonomie… Il faut complètement repenser l’espace afin que les élèves puissent pleinement s’investir.

Dans ma classe, les tables sont disposées en îlots de 5 élèves. Ainsi, ces derniers s’habituent à travailler en groupes, la coopération et les échanges sont favorisés, tout comme l’autonomie. C’est aussi plus pratique pour moi si je dois me déplacer lors des ateliers. J’ai également aménagé plusieurs coins, comme en maternelle, où les élèves peuvent se rendre lors de phases d’autonomie : coin musique /écoute, coin bibliothèque, coin « contrats d’autonomie » avec des fiches ressources, coin « révisions » avec un tableau au fond de la classe qui est entièrement dédié aux élèves qui veulent s’entraîner et réinvestir des connaissances. Et depuis la période 3 les élèves peuvent également faire des « jeux de mathématiques et de français ».

Des photos de ma classe dans les articles ci-dessous :

http://jeveuxetremaitresse.over-blog.com/2015/11/bonjour-a-tous-un-nouvel-article-pour-vous-montrer-mon-nouvel-amenagement-de-classe-pour-l-annee-scolaire-2015-2016-ceux-qui-me-conn

Clarifier les attentes

Oui, quand on rentre dans une classe «ateliers », il y a des choses qui peuvent paraître surprenantes autant pour les adultes que pour les enfants. Il faut dire que nous sommes encore peu nombreux à les pratiquer au-delà du cycle 1 et que les préjugés ont la dent dure !

Mes élèves sont placés en îlots dès le premier jour de classe ! Ils sont directement dans le bain et apprennent d’emblée à travailler ainsi. Et comme c’est complètement nouveau pour eux, il va falloir clarifier les attentes et leur permettre de comprendre comment ce dispositif peut être efficace car cela ne va pas de soi.

  • Il est essentiel qu’ils sachent quelle attitude avoir en fonction des différentes phases de travail. Et ceci doit être écrit quelque part dans la classe pour l’institutionnaliser. Par exemple, « Quand je suis en autonomie, je ne dois pas déranger l’atelier guidé. Je me réfère à un tuteur en cas de besoin. » « J’ai le droit de chuchoter. » etc.
  • Les élèves doivent connaître les objectifs des différents ateliers et surtout leur plan de travail pour la séance.
  • Le travail demandé en autonomie doit être du réinvestissement.
  • Les consignes sont également claires, précises et écrites.

Exemples d’ateliers dans ma classe

Nous travaillons en ateliers en grammaire/conjugaison et en mathématiques. Je mène deux types d’ateliers :

  • « découverte et manipulation » avec des groupes hétérogènes
  • « remédiation/perfectionnement » avec des groupes de besoins. Je vais donner (succinctement) un exemple.

Exemple d’une séance d’ateliers « remédiation/perfectionnement » en maîtrise de la langue avec des groupes de besoins : (avec la méthode Picot)

  • 3 groupes de couleurs (pour les groupes de besoins uniquement, ces derniers varient !)
  • 4 ateliers adaptés aux besoins des élèves dont 2 ateliers guidés (20 minutes chacun)
  • 2 jours pour faire tourner

Atelier guidé A (avec moi): transposition d’un texte au futur simple avec étayage différent en fonction du groupe. Par exemple, passage par la manipulation pour les plus faibles (couleurs, étiquettes…) et niveau d’abstraction plus élevé pour les autres.

Atelier guidé B (avec moi) : travail de recherche sur le complément d’objet direct.

Atelier d’autonomie : exercices de réinvestissement en grammaire/conjugaison ADAPTÉS aux besoins des élèves.

Atelier ressource : contrat d’autonomie (chaque élève a un contrat pour le mois en cours avec une liste de choses à faire, toujours en fonction de ses besoins… j’y consacrerai un article prochainement.)

Pour se repérer, les élèves peuvent se référer à un tableau sur lequel j’écris les différents ateliers en cours. J’y ai intégré des horloges pour que les élèves identifient les différentes plages de travail maintenant qu’ils savent lire l’heure. Je me suis inspirée de celui-ci réalisé par une collègue outre- Atlantique (http://keepcalmandteachon.blogspot.fr/) :

http://keepcalmandteachon.blogspot.fr/
Travailler en ateliers en élémentaire

À la fin de la séance d’ateliers, nous faisons le bilan en groupe classe pour récapituler ce qu’on a appris.

  • Quels bénéfices pour les élèves ?
  • Chaque élève bénéficie d’un temps en petit groupe avec moi pour aborder ou approfondir une notion. Quand je fais des ateliers de remédiation, les plus en difficultés peuvent manipuler et bénéficier d’un étayage privilégié, je mène l’atelier différemment avec les plus à l’aise en proposant un autre niveau de complexité (atelier de perfectionnement).
  • Durant les phases d’autonomie, les élèves réinvestissent des connaissances, s’entraînent toujours en fonction de leurs besoins. Ainsi personne ne s’ennuie et tout le monde a progressé à son niveau.
  • Les élèves développent leur autonomie durant les phases où ils doivent travailler seuls : ils apprennent notamment à se servir des différents référents pour faire leurs exercices etc.
  • Les interactions entre pairs sont favorisées (petits groupes) ainsi que la coopération en autonomie.

Écueils à éviter

  • Attention à la façon dont les groupes sont constitués. Ces derniers ne doivent pas être figés pour éviter la stigmatisation des groupes de niveau.
  • L’atelier doit avoir un objectif précis, il ne s’agit pas de faire des ateliers pour éclater une activité commune où tout le monde passe à l’identique !
  • Veiller à ce que les enfants soient vraiment au travail pendant les phases d’autonomie qui doivent elles aussi avoir des objectifs d’apprentissage très clairs.

Pour conclure

Cette année, j’ai reçu une stagiaire M2 en observation dans ma classe. Elle s’interrogeait sur la mise en place de ces ateliers et au lieu de lui répondre moi-même, j’ai laissé mes élèves partager leur ressenti. Leurs « verbatims » parlent d’eux-mêmes :

« On ne fait pas tous la même chose au même moment. » « C’est super car on peut tous participer en petits groupes. Moi j’ose pas trop lever la main avec toute la classe. » « J’ai moins peur de me tromper. » « La maîtresse elle peut mieux nous expliquer si on ne comprend pas. »

 

À méditer 😉

Pédagogiquement vôtre…

Une chronique de Céline P

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