S’y remettre

Un bon repas à la cantine, une récréation dynamique ponctuée de cris, de courses, de bousculades ludiques, de cache-cache, d’émotions violentes ou amoureuses ( « T’es plus ma copine ! » ou « T’es mon amoureuse… ») et voilà la cloche qui sonne déjà pour ramener tout le monde à la dure réalité scolaire : tout le monde en rang, direction la classe. Retour au silence : on va travailler.

temps-calme

Hum ? Vous avez dit : silence ? Vraiment ? LOL

Problématique :

Comment faire pour passer de cette effervescence méridienne à un retour au calme, propice aux apprentissages de classe ?

Hypothèses :

Certains essaieront peut-être le haussement de voix, la menace de la sanction…

L’humour ? Souvent c’est pire après !

Le coup de sifflet, le claquage de main ? Non merci…

La longue attente bras croisés sur le siège central priant d’un air désespéré que le Dieu Calmos fasse un miracle au milieu de ce tas de petits « agités du cerveau ».

Constat :

Mais souvent ce temps de « retour en classe » laisse s’égrainer de longues minutes et perler des gouttes de sueur (froide) sur le front de l’enseignant qui attend… qui espère ou désespère. Vont-ils se taire ? Comment faire ?

Voilà comment je fais en 2019 :

Puisque :

Il est scientifiquement prouvé qu’après un repas, le corps dépense tellement d’énergie à la digestion qu’il est bon pour lui d’être au repos durant cette phase de travail interne. 20 minutes, paraît-il, sont bonnes et suffisantes à la « pause ».

Mais alors…

La sieste : une bienfaisante attraction pour les maternelles qu’on abandonne vite dès lors qu’on entre dans le cycle des apprentissages fondamentaux. N’est-elle plus fondamentale passé à l’âge « élémentaire » mon cher Watson ? Pourtant… la digestion use toujours autant l’énergie du début d’après-midi. Alors, comment directement se remettre au travail en connaissance de cause ?

J’ai tourné et retourné cette problématique dans ma tête à l’endroit et à l’envers et finalement opté pour la ritualisation d’un : temps calme.

Un temps calme, un temps où l’on s’accorde le droit de ne rien faire, de se laisser aller au gré du silence… Oui mais parfois ce silence fait « peur » ou « inquiète » ou « fait rire »… Mince, ça coince…

Alors, mon temps calme sera un temps calme de vie musicale.

Déroulement :

Pour l’annoncer, il me suffit sans rien dire de prendre le bâton de pluie (fabrication maison*, ce n’est pas dur à faire)… Quelques mouvements circulaires plus tard, le bâton a amené l’ensemble de la classe à se mettre en place et à fixer son oreille sur la mélodie pour l’écouter. C’est vraiment agréable le son d’un bâton de pluie… Ces petits grains qui, en rebondissant dans ce grand tube, émettent un doux son telle une petite pluie fine au printemps… laissons-nous bercer par cette illusion du temps qui coule, qui passe, sans obligation ni contrainte, juste du temps « pour soi »…

Après le bâton de pluie, je fais entrer dans la danse : le carillon, le triangle, les grelots, le tambourin, les castagnettes, les maracas… tous, bien entendu, dans un rythme calme de détente et d’abandon. Ils vont chacun leur tour tinter joyeusement aux oreilles des enfants qui, peu à peu, se positionnent sur leur table, tête posée sur leurs bras croisés. Certains parfois même « comatent » ou s’endorment vraiment jusqu’à l’impossible réveil !

Lorsqu’un instrument a terminé son dialogue musical avec les oreilles de mes élèves, il retourne en decrescendo dans la boîte à musique exposée au devant de la classe…

Cette version de « temps calme », est souvent adaptée au groupe classe en début d’année. Puis, au fil du temps et de la sensibilité des élèves, le bâton de pluie choisit le « chef d’orchestre » du temps calme. À cet enfant, surpris puis fier, à qui je tends le bâton de pluie, je confie aussi la mission de choisir et de distribuer les instruments choisis (4 ou 5 maxi) puis de les récupérer l’un après l’autre jusqu’à la clôture de l’instant calme : au retour du bâton de pluie dans ses mains puis dans les miennes.

Quand tout est fini, c’est en chuchotant que j’invite mes élèves à se lever, à s’étirer, à sortir l’ardoise, à chanter une petite chanson d’abord tout bas puis de plus en plus fort ou à faire un jeu mathématique (calcul mental) qui ne fait pas beaucoup parler mais réveille les neurones !

Ce temps calme, maintenant ancré dans les habitudes de classe, et même sacralisé par les élèves car je m’entends dire que « T’as oublié le temps calme ! » ou « Madame, on n’a pas fait les instruments… » lorsqu’il me faut remanier mon emploi du temps pour une activité exceptionnelle (bibliothèque ou sortie).

Comme quoi, je pense que c’est clair, c’est :

un temps calme, sinon rien !.

* Pour fabriquer un bâton de pluie, vous pouvez trouver le mode d’emploi ici : http://www.lecoledescereales.fr/ressource/epokepi-ndeg16-leau-une-ressource-proteger

Une chronique de Claire Maurage

Laisser un commentaire

buy windows 11 pro test ediyorum